Lors d’une audition à la Commission du travail, le dirigeant de la centrale syndicale Filipe Marques a affirmé que la modification proposée par le gouvernement pour les services minimaux à définir en cas de grève élargit tellement les activités considérées comme des « besoins sociaux impératifs » que même la production de chips Matutano devient essentielle.
« La modification maintenant proposée par le gouvernement précise que dans les activités considérées comme des besoins sociaux impératifs – la liste des activités socialement impératives s’élargissant à l’approvisionnement alimentaire (comme si la production de chips Matutano était essentielle), aux services de soins aux enfants, aux personnes âgées, aux malades et aux personnes handicapées, ainsi qu’à la sécurité privée des biens ou équipements essentiels – il y aura toujours la prestation de services minimaux indépendamment de la nécessité publique », a déclaré le dirigeant syndical devant les députés de la commission parlementaire.
Pour Filipe Marques, ce qui se passe dans la proposition du gouvernement est « essentiellement d’élargir à tout », à toutes les activités, les services minimaux en cas de grève.
Le dirigeant syndical a estimé qu’aujourd’hui encore, sans cette révision du droit du travail, des « services minimaux qui, dans la pratique, deviennent maximums » sont parfois déterminés lors des grèves, indiquant parfois plus de travailleurs que ceux prévus dans l’activité lors d’une journée de travail normale.
Il a affirmé que, par exemple, lors des grèves de la fonction publique, des services minimaux de cinq fossoyeurs ont été déterminés dans des cimetières où il n’y a que trois de ces professionnels. Il a ajouté que dans l’éducation aussi, il y a des cas où plus de travailleurs sont requis en jour de grève que lors d’un jour de travail normal.
« Ce projet étend cette anarchie dans la définition des services minimaux car tout devient essentiel », a-t-il appuyé.
Pour la CGTP, ce paquet législatif veut « déséquilibrer encore plus le rapport de force entre travail et capital et subvertir le droit de grève » et a considéré que la démonstration récente que le rapport travail/capital est déjà déséquilibré est Altice, qui avec 2,775 milliards d’euros de bénéfice en 2024, a proposé une augmentation salariale de 0 % cette année.
« Il serait bon qu’il y ait un équilibre… », a-t-il dit.
Et que disent les autres partis ?
Chega, par la voix de Paulo Sêco, a affirmé que le parti est favorable au droit de grève, mais qu’il faut aussi « assurer la continuité des services essentiels » et que les droits fondamentaux soient « équilibrés », considérant que cette audition s’impose pour qu’il y ait « clarté et un sérieux examen parlementaire informé ».
Pour le PSD, Joaquim Barbosa a déclaré que son parti « a toujours été favorable au droit de grève et son histoire le prouve » et que ce que le gouvernement entend, c’est « équilibrer le droit de grève avec les besoins sociaux impératifs ».
Le député du CDS-PP Paulo Núncio a affirmé que « la nouveauté aujourd’hui serait que la CGTP accepte de discuter » ces thèmes.
Tant le PSD que le CDS-PP, qui soutiennent le gouvernement, ont défendu que ce n’est pas encore l’heure du parlement mais de la concertation sociale.
La députée socialiste Dália Miranda a déclaré que déjà aujourd’hui les services minimaux sont consolidés dans la loi, « préservant les besoins impératifs ».
Pour Livre, par Jorge Pinto, ces mesures ressemblent plus à « une vengeance » du gouvernement après la grève menée par les travailleurs de la CP en mai, lors de la campagne électorale.
Pour le député du PCP Alfredo Maia, la grève est un droit qui « ne peut être aliéné de la manière dont la droite et l’extrême droite le souhaitent » et a considéré qu’il n’existe pas de « grèves gentilles », car toutes nuisent aux travailleurs, y compris ceux qui les mènent et qui perdent leur salaire.
Le projet est débattu aujourd’hui
Aujourd’hui, le projet préliminaire du gouvernement pour la révision de la législation du travail commence à être débattu avec les partenaires sociaux lors de la première réunion de concertation sociale, avec un début prévu à 15h00.
Les modifications prévues dans la proposition de l’exécutif concernent tant le domaine de la parentalité (avec des modifications des congés parentaux, de l’allaitement et du deuil gestationnel) que le travail flexible, la formation en entreprise ou la période d’essai des contrats de travail, prévoyant également un élargissement des secteurs qui seront désormais couverts par des services minimaux en cas de grève.
Les confédérations patronales ont salué la proposition, bien qu’elles aient indiqué qu’il reste des marges d’amélioration.
En revanche, les centrales syndicales ont été très critiques à l’égard du projet préliminaire du gouvernement, considérant que la proposition est une attaque contre les droits des travailleurs et un recul civilisationnel.