Vivre au Portugal

Vivre au Portugal : Guide Pratique et Analyse Complète

Le Portugal est devenu ces dernières années une destination phare pour les expatriés francophones, qu’il s’agisse de familles, de retraités, de nomades digitaux ou d’investisseurs. Le pays attire par sa qualité de vie exceptionnelle, son climat ensoleillé, sa sécurité et son accueil chaleureux. En une décennie, la communauté française résidente est passée de moins de 15 000 à plus de 80 000 personnes​ (lesfrancais.press), illustrant l’engouement pour la vie portugaise. Cet article, à la fois guide pratique et analyse comparative, dresse un panorama complet des avantages de la vie au Portugal, du coût de la vie, de l’immobilier, des démarches administratives, de l’emploi, de la fiscalité et des régions où s’installer, afin d’aider chacun à évaluer s’installer au Portugal dans les meilleures conditions.

Les avantages de vivre au Portugal

Vivre au Portugal offre un cadre de vie privilégié sous de nombreux aspects. D’abord, le climat y est parmi les plus agréables d’Europe : le sud du pays (Algarve) bénéficie de plus de 300 jours de soleil par an, avec des hivers doux (environ 16°C en janvier en Algarve) et des étés chauds sans excès sur le littoral. Le nord et l’intérieur connaissent des hivers un peu plus frais et des étés plus secs, mais globalement le pays jouit d’un ensoleillement généreux et d’une variété de paysages (plages, montagnes, campagnes verdoyantes). Cette diversité permet de profiter de nombreuses activités de plein air toute l’année (randonnée, surf, golf, etc.).

Ensuite, le Portugal est reconnu comme l’un des pays les plus sûrs au monde. Selon l’indice mondial de la paix (Global Peace Index) de 2024, il se classe 7e pays le plus sûr du globe (​immigrantinvest.com). Le taux de criminalité y est bas, ce qui contribue à un sentiment de sécurité très apprécié des résidents. D’après une enquête internationale d’InterNations, 94 % des expatriés se sentent en sécurité au Portugal (contre 83 % en moyenne mondiale)​ cms.in-cdn.net – un taux remarquable. Cette sécurité va de pair avec la bienveillance de la population locale : les Portugais sont réputés pour leur accueil chaleureux des étrangers. Le Portugal a d’ailleurs été désigné 7e pays le plus convivial d’Europe par un sondage de Condé Nast Traveler en 2023​. Plus de 80 % des expatriés jugent la population locale amicale envers les résidents étrangers​, et 78 % s’y sentent « chez eux » rapidement​. Même avec une maîtrise limitée du portugais, les nouveaux arrivants trouvent généralement des locaux prêts à les aider et à converser en anglais ou en français lorsque possible​. La présence d’une importante communauté expatriée facilite également l’intégration des nouveaux venus.

Couple smiling with Portuguese flag

La qualité de vie générale au Portugal est souvent mise en avant. Le pays se classe 7e mondial pour la qualité de vie dans le classement Expat Insider 2023. Les atouts cités comprennent la richesse culturelle (patrimoine historique, fêtes traditionnelles), la gastronomie (cuisine méditerranéenne, poissons frais, vins réputés comme le porto), et un rythme de vie plus détendu qu’en Europe du Nord. « Même si je parle peu portugais, les habitants sont accueillants et bienveillants », témoigne un expatrié​. Les loisirs sont accessibles et variés : le Portugal compte de superbes plages (Praia da Falésia en Algarve a même été élue meilleure plage du monde, des parcs naturels, du golf, du surf et une vie nocturne animée dans les grandes villes. 85 % des expatriés se disent satisfaits des options de loisirs et de divertissement disponibles​. Tous ces éléments contribuent à faire du Portugal un pays où il fait bon vivre pour tous les profils, des jeunes actifs aux retraités.

Le coût de la vie comparé à la France, la Belgique, la Suisse, le Canada…

Un argument majeur en faveur du Portugal est son coût de la vie relativement bas comparé à d’autres pays occidentaux. En moyenne, vivre au Portugal coûte environ 18 % moins cher qu’en France en 2025. Autrement dit, un même panier de biens et services y est plus abordable. Le tableau ci-dessous compare l’indice des prix à la consommation du Portugal avec celui de quelques pays francophones (indice 100 correspondant au niveau des prix en France) :

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PaysIndice du coût de la vie (France = 100)Écart vs France
Portugal77-23 %
France100​
Belgique105+5 %
Canada108​+8 %
Suisse155+55 %

Source : Données Mondiales 2024.

On constate que le Portugal offre un niveau de prix bien inférieur à la Belgique (où la vie est ~5 % plus chère qu’en France), au Canada (~8 % plus cher) ou évidemment à la Suisse (où la vie coûte plus de 50 % plus cher qu’en France). Concrètement, cela se traduit par des dépenses quotidiennes plus légères. Par exemple, aller au restaurant est bien meilleur marché : un déjeuner complet coûte autour de 10 € au Portugal, contre environ 15 € en France. Une bière pression revient à environ 2,5 € la pinte, alors qu’elle coûte plutôt 6 € en moyenne en France. Les services du quotidien (coiffeur, femme de ménage, etc.) sont également moins onéreux, reflétant des salaires locaux plus bas. De manière générale, la restauration est ~34 % moins chère qu’en France, et les loisirs ~50 % moins coûteux (gotoportugal.eu), ce qui permet de profiter davantage de son budget.

Le logement est le poste de dépense le plus important et son écart est plus réduit : les loyers et charges liées à l’habitation sont en moyenne seulement ~5 % moins chers qu’en France. En effet, les grandes villes portugaises ont vu leurs prix immobiliers augmenter fortement ces dernières années (voir section suivante). Néanmoins, d’autres dépenses courantes restent très abordables : l’électricité, les transports ou encore la santé coûtent moins cher qu’en France dans l’ensemble. Par exemple, l’abonnement mensuel aux transports publics à Lisbonne est autour de 40 € (illimité métro/bus), bien inférieur à celui de Paris ou Bruxelles. Faire ses courses alimentaires est aussi légèrement moins coûteux qu’en France (de l’ordre de 10 % d’écart en moyenne). Au final, selon une estimation, un budget mensuel d’environ 2 000 € permet à un couple de vivre confortablement au Portugal, là où il faudrait nettement plus en Belgique ou en Suisse.

Il faut cependant noter que ces coûts moindres s’accompagnent de salaires moyens plus faibles localement. Le salaire mensuel moyen portugais tourne autour de 1 045 €  (probablement net), et le salaire minimum n’est que de 820 € bruts par mois en 2024 (contre ~1 747 € en France). Ainsi, pour les locaux, le pouvoir d’achat n’est pas forcément supérieur. Pour un expatrié disposant de revenus issus de l’étranger (pension de retraite, télétravail pour une entreprise étrangère, épargne), la différence de coût de la vie est un avantage tangible. En revanche, pour quelqu’un qui envisage de travailler sur place avec un salaire portugais, il faut garder à l’esprit que la modération des prix va de pair avec des rémunérations plus basses qu’en Amérique du Nord ou en Europe du Nord. Nous aborderons plus loin le marché du travail, mais retenons que l’avantage économique du Portugal se manifeste surtout pour ceux qui arrivent avec des revenus externes ou une pension, ou encore pour les retraités cherchant à maximiser leur pouvoir d’achat.

Immobilier et logement : achat, location, zones attractives

Le marché immobilier portugais a beaucoup évolué, attirant des investisseurs et expatriés, ce qui a fait grimper les prix ces dernières années. Malgré tout, le Portugal reste plus accessible que la France, le Royaume-Uni ou la Suisse en termes de propriété immobilière. En avril 2024, le prix moyen des maisons au Portugal était d’environ 2 622 € par m²properstar.fr d’après l’Institut National de Statistique (INE). Ce chiffre cache de fortes disparités régionales :

RégionPrix moyen (€/m², avril 2024)
Lisbonne (aire métropolitaine)3 644 €
Algarve3 334 €
Madère3 003 €​
Nord (Porto et alentours)2 168 €
Centre1 448 €​
Alentejo1 507 €​
Açores (Azores)1 485 €​
Colorful top view on Lisbon, Portugal

On voit que Lisbonne et l’Algarve sont les zones les plus chères, dépassant 3 300 à 3 600 €/m² en moyenne, tandis que le Centre et l’Intérieur (Alentejo) restent très abordables (autour de 1 500 €/m², voire moins de 1 000 €/m² dans certaines villes moyennes). Porto et le Nord offrent un intermédiaire (~2 100 €/m² en moyenne, davantage dans Porto intra-muros). En comparaison, le prix moyen en France dépasse souvent 4 000 €/m² dans les grandes villes, ce qui rend l’achat au Portugal attractif pour de nombreux étrangers.

  • Achat vs location : Pour les nouveaux arrivants, la location est souvent choisie initialement, le temps de connaître les quartiers et s’installer. Les loyers à Lisbonne ou Cascais (banlieue huppée de Lisbonne) peuvent surprendre à la hausse : un T3 à Lisbonne centre peut se louer 1 500 – 2 000 €/mois, ce qui reste inférieur à Paris ou Genève, mais élevé par rapport aux salaires locaux. En s’éloignant ou dans le nord/centre, on trouve des loyers bien plus modérés (par exemple 700-800 € pour un appartement familial à Coimbra). L’achat immobilier est envisageable pour ceux qui s’installent durablement : les étrangers apprécient notamment investir dans l’immobilier portugais pour son bon rapport qualité-prix. De plus, il n’y a pas d’impôt annuel type « taxe d’habitation » comme en France, seulement la taxe foncière (IMI) qui est relativement basse (0,3 à 0,45 % de la valeur cadastrale par an en zone urbaine). Attention toutefois aux règles récentes limitant la location touristique (Airbnb) dans certaines zones tendues : si votre projet est d’acheter pour louer, renseignez-vous sur les régulations locales.

  • Tendances et conseils : Le boom immobilier a provoqué une hausse des prix importante (~+12 % en un an fin 2024)globalpropertyguide.com. À Lisbonne, le m² dans les quartiers prisés dépasse désormais 5 000 – 6 000 €/m²green-acres.pt. Cette inflation immobilière a engendré une crise du logement pour les locaux, avec une explosion des loyers, au point que des manifestations de milliers de personnes ont eu lieu en 2023 pour protester. Le gouvernement a d’ailleurs pris des mesures, par exemple en supprimant le programme “Golden Visa” lié à l’achat immobilier (qui octroyait un permis de résidence aux investisseurs étrangers achetant un bien de valeur) afin de calmer la spéculation. En résumé, pour un expatrié, il reste possible de trouver de bonnes affaires en dehors des hotspots touristiques, mais il faut se dépêcher car le marché se tend. Faites-vous accompagner de professionnels sérieux lors de transactions pour éviter les écueils (langue, droit local, arnaques potentielles).

  • Zones attractives : En fonction de votre profil, certaines régions seront plus adaptées (voir section plus bas « Où s’installer selon son profil »). Lisbonne et sa région offrent le dynamisme économique, culturel et scolaire idéal pour les actifs et familles, mais au prix fort. L’Algarve propose un cadre idyllique pour les retraités (mer, golf, climat doux) avec une importante communauté étrangère, mais une économie centrée sur le tourisme saisonnier. Porto attire par son charme historique et son coût un peu plus doux que Lisbonne, convenant bien à ceux qui recherchent une grande ville plus tranquille. Le nord et l’intérieur séduiront les amoureux de nature, de ruralité ou les budgets serrés, avec des villages authentiques et des propriétés à prix imbattables – en contrepartie d’une vie plus isolée et d’infrastructures moins développées.

Démarches administratives : résidence, fiscalité, santé, scolarité

S’installer au Portugal nécessite de réaliser plusieurs démarches administratives incontournables, heureusement assez simples pour les ressortissants de l’Union européenne, un peu plus complexes pour les autres nationalités.

  • Visas et résidence : Les citoyens de l’UE (France, Belgique…) et de l’Espace Schengen bénéficient de la libre circulation : aucun visa n’est requis pour entrer et vivre au Portugal. Toutefois, pour un séjour de plus de 3 mois, il faut demander un certificat de résidence (Certificado de Registo) auprès de la mairie de son lieu de résidence, puis au bout de 5 ans on peut demander le statut de résident permanent. Pour les non-Européens (par exemple les Canadiens), il faudra obtenir un visa de long séjour avant de venir s’installer. Le Portugal a développé des visas spécifiques pour attirer les étrangers : le visa D7 pour les personnes disposant de revenus passifs suffisants (retraités, rentiers) et le visa D8 pour les travailleurs à distance (nomades digitaux) Ces visas, d’une durée initiale de 1 à 2 ans, permettent ensuite de demander une carte de résident sur place. Il existe aussi des visas de travail pour ceux qui ont une offre d’emploi locale, ainsi que le Golden Visa (visa doré par investissement) qui, jusqu’en 2023, offrait une voie rapide à la résidence contre un investissement important (immobilier, fonds). Ce dernier programme a été récemment restreint voire suspendu en raison de la surchauffe immobilière. En résumé, identifiez le visa correspondant à votre situation et entamez les démarches bien en amont (comptez quelques mois de procédure pour un non-UE).

  • Inscription administrative : Dès l’installation, plusieurs enregistrements sont à faire. Il est indispensable d’obtenir un numéro fiscal portugais (NIF) – sésame nécessaire pour louer un logement, ouvrir un compte bancaire, souscrire des abonnements, etc. Ce NIF s’obtient facilement auprès des bureaux des impôts (Finanças) sur présentation d’une pièce d’identité et d’une adresse. Ensuite, il est conseillé de s’inscrire auprès du Service National de Santé (SNS) pour bénéficier de la couverture santé publique (voir ci-dessous). Les retraités européens devront faire remplir le formulaire S1 pour transférer leurs droits à la sécu locale. Pour les familles, inscrire les enfants à l’école est une priorité : le système public portugais est de bonne qualité et gratuit, mais l’enseignement se fait en portugais – une immersion qui peut être positive pour des jeunes, même si les premiers mois demandent une adaptation linguistique. Alternativement, on trouve des écoles internationales dans les grandes villes (écoles britanniques, américaines, et un Lycée Français à Lisbonne) qui suivent des programmes bilingues ou étrangers, pratique pour assurer une continuité pédagogique avec le système d’origine, bien qu’elles soient coûteuses et avec des places limitées.

  • Santé : Le Portugal dispose d’un système de santé public universel, le SNS, qui couvre tous les résidents (y compris étrangers dès lors qu’ils sont résidents officiels). Les soins dans les hôpitaux et centres de santé publics sont en grande partie pris en charge (ticket modérateur modeste). La qualité des soins est globalement bonne, avec des médecins bien formés – l’OMS classait d’ailleurs le système de santé portugais parmi les 15 meilleurs mondiaux au début des années 2000. Cependant, les délais d’attente peuvent être longs dans le public pour certaines spécialités non urgentes. De nombreux expatriés choisissent de souscrire en complément une assurance santé privée, d’un coût inférieur à ce qu’elle serait en France, donnant accès à des cliniques privées et à des médecins parlant anglais/français. En somme, pas d’inquiétude pour se soigner au Portugal : on y trouve des pharmacies partout, et la carte européenne d’assurance maladie (CEAM) couvre les Européens durant leurs premières semaines le temps de s’inscrire. Pour les retraités, notez que les éventuelles conventions avec la France permettent de continuer à utiliser la CPAM via le formulaire S1 mentionné.

  • Bureaucratie : Il faut aussi être conscient que l’administration portugaise, sans être rédhibitoire, peut parfois être lente et complexe. Les expatriés soulignent fréquemment des lourdeurs bureaucratiques : 56 % d’entre eux disent avoir du mal avec les démarches administratives locales. Certaines procédures manquent de clarté, les services en ligne ne sont pas toujours au niveau attendu (25 % se plaignent du e-gouvernement), et la barrière de la langue peut compliquer les formulaires exclusivement en portugais. Heureusement, il existe de plus en plus de prestataires, avocats et assistants bilingues pour accompagner les nouveaux arrivants dans ces formalités. Par ailleurs, deux tiers des expatriés estiment qu’on peut se débrouiller sans parler portugais couramment, tant l’anglais est répandu, notamment chez les plus jeunes et dans l’administration des grandes villes. Néanmoins, armez-vous de patience pour l’ouverture de vos droits, l’immatriculation d’un véhicule importé, etc., et n’hésitez pas à solliciter l’aide de la communauté francophone sur place ou des groupes d’entraide en ligne.

En matière de taxes locales et patrimoine, le Portugal se montre plutôt clément comparé à la France ou la Belgique : pas d’impôt sur la fortune (IFI) ni de taxe d’habitation généralisée. Seule la taxe foncière (IMI) s’applique aux propriétaires, à un taux modéré (voir plus haut). Il existe une surtaxe (AIMI) pour les biens immobiliers de très grande valeur (plus de 600 000 €), mais qui ne concerne que les patrimoines immobiliers conséquents. La TVA (IVA) standard est à 23 % au Portugal (contre 20 % en France, 21 % en Belgique), un niveau un peu élevé mais avec un taux réduit à 6 % sur les produits de première nécessité (pain, médicaments, etc.) – ce qui allège le coût de la vie pour les consommateurs.

Enfin, soulignons que le Portugal a signé des conventions fiscales bilatérales avec la plupart des pays (dont la France, la Belgique, la Suisse, le Canada) pour éviter la double imposition. En général, les revenus ne sont imposés que dans un seul pays à la fois. Par exemple, un travailleur expatrié français qui paye ses impôts au Portugal ne sera pas imposé une seconde fois en France. Ces conventions ont permis le succès du RNH (exonération au Portugal signifiait aucune imposition du tout pour certains revenus, car le pays d’origine renonçait également à imposer). Avec la fin de ces exemptions totales, le paysage fiscal reste attractif mais moins exceptionnel qu’auparavant. Il demeure que pour de nombreux profils (retraités, entrepreneurs, investisseurs modérés), le Portugal offre une fiscalité globalement plus douce et stable, renforçant son attrait comme terre d’accueil.

Le marché du travail et les opportunités pour les francophones

Le marché du travail portugais présente un visage contrasté pour les expatriés. D’un côté, le pays offre un cadre professionnel agréable avec un bon équilibre vie privée/vie pro, des horaires souvent moins extensifs qu’à Paris ou Bruxelles, et un coût de la vie plus faible permettant d’accepter un salaire moindre. De l’autre, les salaires locaux sont bas et les opportunités de carrière limitées dans certains domaines, ce qui peut freiner les expatriés en quête de progression professionnelle. D’après l’étude Expat Insider 2023, le Portugal se classe seulement 43e sur 53 pays dans l’indice “Travailler à l’étranger”, et figure même 49e pour les perspectives de carrière offertes​. Plus d’un expatrié sur trois (36 %) se dit insatisfait du marché de l’emploi local. En clair, ce n’est pas la destination privilégiée pour faire fortune ou doper sa carrière sur place, comparé à des places comme la Suisse, le Luxembourg ou le Canada.

Business handshake, woman and applause at team building for company growth and b2b. Working, market

Cependant, pour les francophones, il existe des niches d’emploi spécifiques au Portugal : le pays est devenu un hub européen des centres d’appels et services clients multilingues. De nombreuses entreprises internationales externalisent à Lisbonne ou Porto leur support clientèle pour les marchés français, belge ou suisse, en profitant de salariés francophones locaux ou expatriés. On trouve ainsi des milliers de postes de conseillers clientèle, modérateurs de contenu, support technique parlant français, généralement dans de grandes sociétés spécialisées (comme Teleperformance, Webhelp, Concentrix, etc.). À titre d’exemple, Teleperformance Portugal emploie plus de 10 500 personnes de 95 nationalités différentes businesswire.com, offrant des services dans plus de 35 langues – un indicateur du vivier d’emplois multilingues. Ces postes sont souvent accessibles sans grande expérience, avec des salaires autour de 1000-1200 € net par mois (souvent assortis d’avantages : primes logement, billets d’avion, assurance santé privée, etc. pour attirer les candidats étrangers). Pour de jeunes diplômés ou des personnes cherchant une expérience à l’international, cela peut être une porte d’entrée.

En dehors des centres d’appels, les secteurs du tourisme et de l’hôtellerie-restauration sont friands de francophones, surtout en Algarve, à Lisbonne et à Madère, pour accueillir une clientèle française croissante. Des compétences en langues étrangères sont un atout dans ces métiers (guides touristiques, réceptionnistes, agents de voyage…). Le secteur technologique est également en développement à Lisbonne, surnommée la « Tech Hub » du sud de l’Europe : la ville a accueilli le Web Summit et voit naître des start-ups. Des entreprises francophones y ont implanté des succursales, ouvrant des opportunités pour des profils qualifiés (ingénieurs informatiques, marketing digital) maîtrisant le français/anglais. De plus, le statut de nomade digital se démocratise : un freelance ou salarié en télétravail pour une entreprise étrangère peut aisément s’installer au Portugal (avec le visa D8) et bénéficier de la qualité de vie tout en conservant son salaire d’origine. C’est une tendance forte chez les « digital nomads » qui choisissent Lisbonne, Porto ou même l’île de Madère pour quelques mois ou années.

Il convient de noter que parler portugais reste un avantage important pour évoluer professionnellement hors des enclaves d’expatriés. Dans les entreprises purement locales, la maîtrise de la langue est souvent indispensable pour être recruté à des postes qualifiés. Beaucoup de Français installés depuis longtemps ont créé leur propre activité (restaurant, chambre d’hôte, consulting, startup) afin d’être indépendants du marché de l’emploi classique. L’entrepreneuriat est encouragé par un certain nombre d’incitations au Portugal, et les démarches pour créer une entreprise y sont relativement simples et peu coûteuses (possibilité de créer une société en ligne en quelques jours pour quelques centaines d’euros).

En résumé, les opportunités d’emploi pour les francophones existent principalement dans les secteurs liés aux langues et au tourisme. Pour un retraité ou rentier, le Portugal est idéal car il n’a pas besoin de l’emploi local. Pour un jeune actif, il peut être judicieux de négocier une expatriation via son employeur ou de viser les entreprises internationales implantées localement. Et pour un entrepreneur, le Portugal offre un marché stable, une fiscalité intéressante (voir ci-après) et un environnement de vie attractif pour attirer des talents.

La fiscalité : régime de résident non habituel et impôts

La fiscalité portugaise a été un facteur d’attraction déterminant pour de nombreux expatriés, en particulier les retraités, grâce au régime spécial du Résident Non Habituel (RNH) instauré en 2009. Ce régime offrait pendant 10 ans des avantages fiscaux considérables aux nouveaux résidents : exemption d’impôt sur la plupart des revenus étrangers (pensions, dividendes, etc., sous réserve des conventions fiscales) et taux forfaitaire de 20 % sur les revenus d’activité qualifiée au Portugal​. Cela a créé un appel d’air, qualifié d’« Eldorado fiscal » pour les retraités européens, dont beaucoup (notamment des Français) se sont installés pour bénéficier d’une pension défiscalisée. En 2020, une modification a introduit un taux de 10 % sur les pensions étrangères au lieu de l’exonération totale initiale, mais le régime restait très avantageux comparé aux impositions dans les pays d’origine.

Tax on TV

Important : À partir de 2024, le Portugal a supprimé le régime RNH classique pour les nouveaux arrivants​, sous la pression de ses partenaires européens et face aux critiques internes sur son impact (flambée des prix immobiliers, sentiment d’injustice fiscale). Le RNH « première version » a pris fin le 1er janvier 2024​. Toutefois, des mesures transitoires ont été prévues : ceux qui s’installent au Portugal jusqu’au 31 décembre 2024 peuvent encore demander le statut RNH jusqu’en mars 2025 sous certaines conditions. Par ailleurs, un nouveau régime RNH 2.0 a été mis en place pour l’avenir, mais de manière plus ciblée : il offre un taux d’impôt réduit de 20 % uniquement pour les professionnels hautement qualifiés dans des domaines stratégiques (ingénieurs, cadres supérieurs…) sur leurs revenus portugais​. Ce nouveau régime, valable 10 ans, reste intéressant pour des actifs de haut niveau, mais il est bien moins généreux et plus restrictif que l’ancien, et n’apporte plus d’avantage particulier aux retraités étrangers​.

Qu’en est-il alors des retraités étrangers à partir de 2024 ? Le Portugal a maintenu une imposition forfaitaire de 10 % sur les pensions de source étrangère pour les résidents, même hors RNH. En pratique, cela signifie qu’un retraité français du secteur privé vivant au Portugal sera imposé à 10 % sur sa pension (dès le premier euro), taux souvent inférieur à ce qu’il aurait payé en France​. De plus, il n’y a pas de prélèvements sociaux CSG/CRDS au Portugal. Pour les retraites du secteur public français, la convention fiscale attribue le droit d’imposition à la France (elles restent donc taxées en France, pas au Portugal). Pour les actifs, en l’absence de RNH, les revenus de travail au Portugal sont soumis au barème progressif de l’IRS (impôt sur le revenu portugais) dont le taux marginal supérieur est de 48 % au-delà de ~80 000 € annuels, similaire aux niveaux français. Cependant, grâce aux déductions et à un coût de la vie moindre, beaucoup d’expatriés parviennent à optimiser leur fiscalité. Par exemple, certains indépendants peuvent bénéficier d’un régime simplifié avec abattement (régime green receipts ou auto-entrepreneur local).

En matière de taxes locales et patrimoine, le Portugal se montre plutôt clément comparé à la France ou la Belgique : pas d’impôt sur la fortune (IFI) ni de taxe d’habitation généralisée. Seule la taxe foncière (IMI) s’applique aux propriétaires, à un taux modéré (voir plus haut). Il existe une surtaxe (AIMI) pour les biens immobiliers de très grande valeur (plus de 600 000 €), mais qui ne concerne que les patrimoines immobiliers conséquents. La TVA (IVA) standard est à 23 % au Portugal (contre 20 % en France, 21 % en Belgique), un niveau un peu élevé mais avec un taux réduit à 6 % sur les produits de première nécessité (pain, médicaments, etc.) – ce qui allège le coût de la vie pour les consommateurs.

Enfin, soulignons que le Portugal a signé des conventions fiscales bilatérales avec la plupart des pays (dont la France, la Belgique, la Suisse, le Canada) pour éviter la double imposition. En général, les revenus ne sont imposés que dans un seul pays à la fois. Par exemple, un travailleur expatrié français qui paye ses impôts au Portugal ne sera pas imposé une seconde fois en France. Ces conventions ont permis le succès du RNH (exonération au Portugal signifiait aucune imposition du tout pour certains revenus, car le pays d’origine renonçait également à imposer). Avec la fin de ces exemptions totales, le paysage fiscal reste attractif mais moins exceptionnel qu’auparavant. Il demeure que pour de nombreux profils (retraités, entrepreneurs, investisseurs modérés), le Portugal offre une fiscalité globalement plus douce et stable, renforçant son attrait comme terre d’accueil.

Les régions où s’installer selon son profil

Le Portugal offre une variété de régions avec des cadres de vie différents. Le choix de l’endroit où s’installer dépendra de vos priorités (emploi, climat, budget, style de vie). Tour d’horizon des principales options :

  • Lisbonne et sa régionVille-monde et dynamisme: La capitale Lisbonne est le cœur économique et culturel du pays. Elle séduit les jeunes actifs, entrepreneurs et familles en quête d’opportunités. On y trouve la plupart des sièges d’entreprises, des événements internationaux, et une vie culturelle foisonnante (musées, festivals, restaurants, vie nocturne animée). Les francophones y sont nombreux (on y trouve l’Ambassade de France, le Lycée Français, l’Institut français, etc.). Des communes comme Cascais ou Estoril, sur la côte à l’ouest de Lisbonne, forment un « triangle d’or » prisé des expatriés aisés, combinant plages et proximité de la capitale. Avantages : offre d’emplois la plus large du pays (notamment dans les services, la tech, le tourisme d’affaires), écoles internationales, infrastructures de santé de qualité, aéroport international. Inconvénients : coût de la vie le plus élevé du pays (loyers et immobilier chers​), circulation dense, rythme de vie plus stressant qu’ailleurs au Portugal. Profil type : jeunes professionnels, familles actives, investisseurs immobiliers.
Lisbon city in Portugal
  • Porto et le NordTradition et douceur urbaine: Deuxième ville du Portugal, Porto a son propre charme, avec son centre historique classé à l’UNESCO, ses caves de vin de Porto et son ambiance plus authentique. Le Nord est industriellement un poumon du pays (textile, chaussure, industrie) et Porto attire aussi des entreprises et start-ups. La communauté expatriée y est plus petite qu’à Lisbonne mais bien présente, avec par exemple une École française à Porto. Le climat y est plus frais et humide en hiver (influences atlantiques), mais les étés restent ensoleillés. Les prix de l’immobilier sont un peu plus bas qu’à Lisbonne (compter 2000-3000 €/m² en ville selon les quartiers) et les loyers plus abordables. Porto offre une qualité de vie agréable : on peut s’y déplacer à pied, profiter du fleuve Douro, de la côte proche (Foz do Douro, Matosinhos). En dehors de Porto, des villes comme Braga, Guimarães, Aveiro offrent un cadre de vie provincial dynamique, avec un coût de la vie encore plus bas. Profil type : amoureux de l’authenticité, familles recherchant une grande ville à taille humaine, actifs dans l’industrie.

View of Porto city, Portugal, on sunset
  • Le Centre et l’Intérieur (Régions rurales)Calme et authenticité: Le centre du Portugal (régions de Coimbra, Leiria, Viseu) et l’intérieur (Alentejo, Beira Alta, etc.) offrent un mode de vie plus rural, loin de l’agitation des côtes. Ce sont des zones idéales pour qui cherche la tranquillité, de grands espaces et un coût de la vie très bas. On peut y acquérir une maison de village pour le prix d’une place de parking à Paris. Par exemple, dans l’Alentejo ou la Beira, de charmantes petites villes comme Évora ou Tomar proposent des propriétés à moins de 100 000 €. La vie y est rythmée par les traditions locales, les fêtes de village, la gastronomie (fromages de montagne, vins du Dão ou de l’Alentejo, huile d’olive…). Avantages : immersion culturelle totale, coût de la vie imbattable, environnement naturel préservé. Inconvénients : isolement relatif (il faut souvent une voiture, les transports en commun étant limités), moins d’offre de soins de pointe à proximité (il faut parfois parcourir 1h jusqu’à un grand hôpital), barrière de la langue plus forte (peu de locaux parlent anglais couramment dans les zones reculées). Ce choix convient plutôt à des profils décidés à s’intégrer profondément, souvent des retraités ou des personnes en télétravail souhaitant s’éloigner de l’agitation urbaine. Notons que certaines de ces régions lancent des programmes d’attraction de nouveaux résidents (visas “intérieur” facilités, subventions pour restauration de maisons) afin de lutter contre la désertification rurale.
Coimbra city in Portugal
  • Madère et les AçoresÎles de l’Atlantique: Bien qu’en dehors du continent, ces régions autonomes portugaises attirent aussi des expatriés. Madère, île au printemps éternel, est très appréciée des retraités et plus récemment des nomades digitaux (un projet de “digital nomad village” y a vu le jour). Ponta Delgada aux Açores offre un environnement encore plus sauvage et isolé. Vivre sur une île apporte un climat spécifique (Madère est tropicale, Açores plus océanique humide) et un isolement géographique, mais peut combler ceux qui recherchent une vie insulaire paisible. La fiscalité y est légèrement différente (TVA plus basse par exemple). Ces îles conviennent à des profils aventureux ou en quête de nature luxuriante.
Machico in Madeira island, Portugal. Night cityscape.

En définitive, chaque région portugaise a de quoi combler un profil d’expatrié. Il est recommandé de visiter plusieurs endroits avant de se décider, afin de ressentir l’ambiance locale en hiver comme en été. Certains choisiront de vivre à l’année dans l’Algarve ensoleillée, d’autres préféreront la vitalité de Lisbonne ou la convivialité de Porto. Il est également possible d’adopter un mode de vie « mixte » : par exemple, passer l’été dans le Nord plus frais, et l’hiver dans l’Algarve doux (de nombreux retraités itinérants le font). L’important est de trouver l’environnement qui correspond à son projet de vie et à ses besoins.

En choisissant de vivre au Portugal, les expatriés francophones trouvent un pays offrant un équilibre remarquable entre qualité de vie, climat clément, sécurité et coûts modérés. Que ce soit pour une retraite paisible au soleil, pour télétravailler face à l’océan ou pour donner à sa famille un environnement sûr et international, le Portugal s’est imposé comme un choix de premier plan. Certes, tout n’est pas parfait : il faut composer avec une bureaucratie parfois lente, une langue nouvelle à apprivoiser, et des salaires locaux moins élevés. Mais pour la plupart, les avantages l’emportent largement. Les témoignages d’expatriés sont éloquents, 85 % d’entre eux se déclarant heureux de leur vie au Portugal.

En pratique, bien préparer son projet est la clé d’une installation réussie : se renseigner sur les visas appropriés, visiter les différentes régions, anticiper les démarches administratives et fiscales, éventuellement apprendre quelques bases de portugais pour faciliter les premiers contacts. Une fois installé, chacun pourra goûter à la dolce vita portugaise, faite de cafés en terrasse au soleil, de balades en bord de mer, de fêtes de village animées et de rencontres enrichissantes avec des locaux accueillants. Vivre au Portugal, c’est adopter un rythme plus doux sans renoncer à la modernité, c’est rejoindre une communauté grandissante d’expatriés qui, tous profils confondus, ont succombé au charme de ce pays à taille humaine. En un mot, le Portugal offre une nouvelle vie pleine de chaleur (humaine et climatique), de découvertes et d’opportunités pour ceux qui tentent l’aventure. Bem-vindo a Portugal ! (Bienvenue au Portugal.)