Le système de santé au Portugal

Le système de santé au Portugal : un guide complet pour les expatriés

Fonctionnement général du système de santé portugais

Le Portugal dispose d’un système de santé mêlant secteur public et privé de manière complémentaire. Il repose sur trois dispositifs qui coexistent : un service national de santé public universel (Serviço Nacional de Saúde, ou SNS), des régimes d’assurance maladie professionnels appelés sous-systèmes (destinés à certaines professions) et des assurances santé privées facultatives (​cleiss.fr). Le SNS, financé par l’impôt, garantit à lui seul une couverture santé universelle à l’ensemble des résidents du pays, y compris les expatriés installés au Portugal. En dehors du SNS, il existe des sous-systèmes d’assurance maladie pour certaines professions et des assurances santé privées volontaires qui viennent en complément de la couverture publique​.

Le Service National de Santé (SNS) : système public universel

Le SNS portugais, créé en 1979, est un service national de santé universel, général et gratuit. Il couvre l’ensemble des soins de santé – médecine générale, spécialistes, hôpital, prévention, rééducation – pour tous les citoyens et résidents, sans discrimination​. Son financement provient des impôts, ce qui permet une prise en charge sans avance de frais dans la plupart des cas. Seuls de modestes frais modérateurs peuvent être demandés afin de responsabiliser les usagers (par exemple pour éviter d’engorger les urgences avec des cas bénins)​.

Jusqu’à récemment, ces tickets modérateurs étaient très faibles (de l’ordre de 0,40 € pour un acte de base jusqu’à 18 € pour une visite aux urgences)​. Depuis 2020, le Portugal a décidé d’abolir la plupart de ces frais dans le SNS : plus aucune participation financière n’est demandée pour les consultations médicales (généraliste ou spécialiste sur référence) ni pour les examens prescrits dans le cadre public​. Seules certaines visites aux urgences hospitalières sans orientation préalable peuvent encore entraîner un reste à charge modéré​. L’impact budgétaire de ces frais étant très faible (environ 2 % du budget du SNS)​, leur suppression vise à faciliter l’accès aux soins pour tous.

Le réseau du SNS comprend des centros de saúde (centres de santé) de proximité pour les soins primaires et des hôpitaux publics pour les soins spécialisés et les urgences graves. En principe, chaque usager se voit attribuer un médecin généraliste référent (médico de família) dans son centre de santé local, garantissant un suivi médical de base.

Le recours aux soins privés au Portugal

Le secteur privé de santé vient compléter le SNS sans le remplacer. On trouve dans tout le pays des cliniques et hôpitaux privés, ainsi que des laboratoires d’analyses et centres d’imagerie. Ces établissements offrent des consultations spécialisées, des examens diagnostiques, de la chirurgie non urgente, des soins dentaires, etc., souvent avec des délais d’attente réduits par rapport au public. En contrepartie, les soins privés sont coûteux : sans assurance, une consultation de médecine générale dans une clinique privée coûte en moyenne autour de 50 €, et une consultation spécialisée peut dépasser 80 €. Une journée d’hospitalisation en clinique privée se chiffre en centaines voire milliers d’euros selon l’intervention. Par exemple, une IRM dans le privé s’élève à quelques centaines d’euros, ce qui illustre l’intérêt d’une assurance si l’on recourt souvent au secteur privé.

Certains hôpitaux privés ou associatifs ont des accords avec le SNS et prennent en charge des patients publics (financés par l’État), mais en règle générale public et privé fonctionnent en parallèle : le patient peut choisir le SNS (gratuit ou presque, mais avec délai) ou le privé (rapide, mais à ses frais ou via une assurance).

Accès aux soins pour les expatriés

Expatriés de l’Union européenne : Ils peuvent accéder au SNS dans les mêmes conditions que les Portugais. En cas de séjour temporaire, la Carte Européenne d’Assurance Maladie (CEAM) permet la prise en charge des soins urgents. Pour une installation durable, il suffit de s’inscrire au SNS une fois résident pour bénéficier du service public.

Expatriés hors UE : Une assurance privée est requise pour entrer au Portugal, mais une fois résident, on peut s’affilier au SNS gratuitement au titre de la résidence (la santé étant universelle)​ (en.wikipedia.org). Beaucoup conservent toutefois une assurance santé privée pour compléter le public et faciliter l’accès au secteur privé (soins non couverts, délais plus courts).

Démarches administratives pour s’inscrire au SNS

Pour s’inscrire au SNS, il faut en pratique se rendre au centre de santé de son quartier muni de son numéro fiscal portugais (NIF), d’une pièce d’identité et d’un justificatif de résidence (titre de séjour ou certificat de résidence). Un numéro d’utilisateur SNS (número de utente) vous sera alors attribué, et vous serez affilié au service public de santé.

Une fois inscrit, l’usager peut se présenter dans n’importe quel établissement public (centre de santé, hôpital) en étant reconnu dans le système. Il dispose également d’un accès au portail en ligne du SNS et à la ligne téléphonique SNS 24 de conseil médical, qui sont des services utiles pour gérer ses rendez-vous ou obtenir des informations de santé.

Coûts des soins : public, privé et médicaments

Dans le secteur public (SNS), la quasi-totalité des soins est financée par l’État. En pratique, un patient du SNS n’aura rien à payer pour une consultation chez un médecin généraliste ou une hospitalisation, et seulement un éventuel ticket modérateur pour une visite aux urgences non urgente (comme vu plus haut).

Dans le secteur privé, les tarifs sont fixés librement par les prestataires et peuvent être élevés. Par exemple, une consultation chez un médecin généraliste privé coûte autour de 50 €, et une IRM quelques centaines d’euros, ce qui illustre l’intérêt d’avoir une assurance santé si l’on prévoit de se faire soigner hors SNS.

Médicaments : Les médicaments sur ordonnance sont partiellement remboursés par l’État portugais, de 15 % à 90 % du prix selon l’importance thérapeutique du produit. Les pharmacies sont omniprésentes et les génériques couramment proposés pour réduire le coût des traitements.

Qualité des soins et délais d’attente

Le Portugal affiche une espérance de vie élevée (environ 81,2 ans) et une mortalité infantile parmi les plus basses d’Europe​, témoignant de la qualité générale des soins. Cependant, les délais d’attente dans le public demeurent un point faible : obtenir un rendez-vous chez certains spécialistes ou pour une intervention non urgente peut prendre plusieurs mois. Cette situation s’explique par des effectifs médicaux limités dans certaines disciplines et régions. Les zones rurales notamment manquent de médecins, alors que Lisbonne et Porto concentrent la plupart des spécialistes. Les autorités ont mis en place des programmes pour réduire ces inégalités (incitations pour que des médecins exercent dans les zones sous-dotées, développement de la télémédecine, et possibilité d’orienter des patients vers le privé conventionné en cas d’attente excessive).

Assurances santé privées : un complément utile

Souscrire une assurance santé privée peut être judicieux pour les expatriés, même si ce n’est pas obligatoire (sauf pour l’obtention du visa des non-UE). En effet, une couverture privée permet d’accéder au secteur médical privé sans payer l’intégralité des coûts, l’assureur remboursant tout ou partie des frais selon le contrat. De nombreuses compagnies locales proposent des assurances santé au Portugal, avec différents niveaux de garanties (consultations, hospitalisation, dentaire, etc.). Environ 20 % de la population dispose d’une forme d’assurance privée complémentaire, un chiffre en hausse ces dernières années.

À la différence de la mutuelle en France qui complète les remboursements de la Sécurité sociale, l’assurance santé au Portugal ne complète pas le SNS (puisque celui-ci prend déjà en charge 100 % des soins publics), mais couvre le hors-SNS. Elle sert notamment à financer les soins non couverts par le public (dentiste, lunettes…) ou à accéder plus librement aux cliniques et hôpitaux privés. Pour un expatrié, cela apporte un confort supplémentaire et une alternative en cas de longues attentes dans le public.

Comparaison avec le système de santé français

La France et le Portugal ont tous deux de bons systèmes de santé mais avec des différences notables. Le modèle français repose sur l’Assurance Maladie obligatoire avec remboursement a posteriori, complété par des mutuelles, tandis que le modèle portugais est un service national intégré financé par l’impôt offrant la gratuité au point de service. Ainsi, en France le patient paie initialement et se fait rembourser, alors qu’au Portugal les soins publics sont dispensés sans avance de frais. La France consacre également une part plus importante de ressources à la santé (personnel, équipements) que le Portugal, ce qui explique des délais généralement plus courts et une offre de soins plus abondante en France. Néanmoins, le Portugal tire bien parti de ses moyens plus limités, en assurant une très bonne couverture de base à sa population. Chaque système a ses atouts (liberté de choix et moyens importants en France, accessibilité financière et simplicité au Portugal) et ses contraintes (coût élevé et complexité administrative en France, effectifs médicaux plus restreints entraînant des attentes au Portugal).

Réformes récentes et perspectives

Ces dernières années, plusieurs réformes ont été engagées pour améliorer le SNS : suppression des tickets modérateurs afin de garantir la gratuité des soins de base, investissements dans les hôpitaux et la santé numérique (ligne d’assistance SNS 24, dossier médical électronique), et création d’une Direction Exécutive du SNS pour optimiser la gestion du système. Le Portugal se prépare également à faire face au vieillissement de la population et à la hausse des maladies chroniques​ en renforçant la médecine de proximité et la prévention. La poursuite de ces efforts devrait aider à réduire les délais d’attente et à améliorer la qualité des soins dans les années à venir.

En résumé, le Portugal offre aux résidents – y compris expatriés – une couverture de santé universelle de qualité, accessible financièrement grâce au SNS. Ce dernier permet de se soigner sans se ruiner, tout en pouvant s’appuyer sur le secteurprivé et une assurance complémentaire pour plus de confort ou de rapidité. Si le fonctionnement diffère de celui de la France, avec moins de formalités mais parfois plus d’attente, il assure une prise en charge solide des besoins médicaux. En connaissant ces spécificités, les expatriés peuvent profiter sereinement de leur vie au Portugal en étant bien soignés.