Lors de la 30ème session du procès pour corruption à la mairie d’Espinho, qui se déroule au tribunal local, l’inspecteur chargé de l’enquête a déclaré avoir détecté une connivence dans les conversations entre Pinto Moreira, l’entrepreneur Francisco Pessegueiro et l’architecte João Rodrigues, coaccusés dans cette affaire.
Interrogé par le défenseur de Pinto Moreira, le témoin a justifié avoir utilisé cette expression après avoir observé « des contenus majoritairement écrits sur un réseau de communication crypté entre le président d’une mairie, des architectes et des promoteurs immobiliers, concernant des processus de licence en cours dans cette mairie et incluant également des références à l’achat ou à la vente de terrains après l’obtention de certaines licences ».
Dans son témoignage, l’inspecteur a également expliqué avoir dû interrompre une opération de surveillance concernant l’entrepreneur Francisco Pessegueiro, le jour où l’on aurait remis 50 000 euros à Miguel Reis, le successeur de Pinto Moreira à la présidence de cette municipalité, faute de moyens humains et matériels.
« Nous avions des moyens humains extrêmement réduits. Nous avons fait de notre mieux pour tenter de documenter et suivre cette situation », a-t-il affirmé.
L’inspecteur de la PJ a également reconnu avoir eu des contacts fortuits avec Francisco Pessegueiro lorsqu’il était détenu, mais a nié avoir jamais fait une quelconque promesse à l’entrepreneur de modifier la mesure de coercition en une peine plus favorable s’il acceptait de témoigner.
Interrogé par le défenseur de Miguel Reis, le témoin a également admis une négligence de sa part pour ne pas avoir rédigé un rapport indiquant qu’il n’a pas été possible d’accéder aux images de la seconde présumée remise d’argent à Miguel Reis, dans un café d’Espinho, en raison de l’impossibilité du système de vidéosurveillance de l’établissement à stocker les images enregistrées pendant 30 jours.
Concernant cette affaire, le collectif de juges a accordé une demande de la défense de Miguel Reis pour procéder à l’audition des propriétaires du café afin de vérifier si, en effet, le système de vidéosurveillance enregistre les images pendant plus de 30 jours et si lesdites images ont été demandées par un quelconque organisme de police criminelle.
La session a été suspendue vers 17h00 et reprendra vendredi avec le témoignage de deux autres inspecteurs de la PJ impliqués dans l’enquête et un expert en architecture.
Le dossier Vórtex est lié à des « projets immobiliers et à leur licence, concernant des immeubles à usage d’habitation multiple et des unités hôtelières, impliquant des intérêts urbains à hauteur de dizaines de millions d’euros, traitées au profit de certains opérateurs économiques ».
L’opération a abouti le 10 janvier 2023 à l’arrestation de l’alors président de la Chambre municipale d’Espinho, Miguel Reis (PS), du chef de la division de l’urbanisme et de l’environnement de cette municipalité, d’un architecte et de deux entrepreneurs pour soupçons de corruption active et passive, prévarication, abus de pouvoir et trafic d’influence.
Le 10 juillet de la même année, le ministère public a porté plainte contre huit accusés et cinq entreprises, dont deux anciens présidents de la municipalité d’Espinho, Miguel Reis et Pinto Moreira, qui sera également inculpé dans le cadre de cette affaire, après avoir été entendu par le Département régional d’enquête et d’action pénale de Porto.