Que sont les médecins intérimaires ? Et pourquoi menacent-ils d’arrêter les urgences ?

Que sont les médecins intérimaires ? Et pourquoi menacent-ils d'arrêter les urgences ?

Le sujet a suscité beaucoup de débats ces derniers jours. Après le décès de la femme enceinte sortie de l’hôpital Amadora-Sintra — un cas qui a placé la ministre de la Santé au centre d’une nouvelle polémique — c’est maintenant le conflit entre le gouvernement et les médecins temporaires qui domine l’actualité du secteur, suite à l’annonce qu’un groupe de plus de mille médecins prestataires de services prépare une paralysie des urgences.

 

Ces médecins, qui n’ont pas de lien avec le Service National de Santé (SNS), sont réunis dans un groupe WhatsApp et envisagent de paralyser les services d’urgence des hôpitaux publics pendant au moins trois jours, dès que le décret visant à réduire le tarif horaire d’heures sera publié.

Jeudi, pour sa part, le mouvement des médecins temporaires a pour l’instant refusé la possibilité d’une paralysie générale des services d’urgence, indiquant qu’il entend d’abord prendre connaissance du décret du gouvernement concernant le nouveau régime de prestations de services. Entre-temps, un groupe de ces professionnels a lancé une pétition pour légitimer sa direction à demander une réunion avec le ministère de la Santé — totalisant, à 9h00 ce vendredi, 745 signatures.

Le président de l’Ordre des Médecins, Carlos Cortes, a appelé le ministère de la Santé à se réunir avec les médecins temporaires, affirmant que si la paralysie annoncée se concrétise, l’impact sur les urgences « sera très important ».

Mais que sont les médecins temporaires ? Combien gagnent-ils et combien coûtent-ils à l’État ? Découvrez pourquoi ils pourraient paralyser (dramatiquement) les services d’urgence pendant plusieurs jours.

Que sont les médecins temporaires ?

Un médecin temporaire est un professionnel qui fournit des services aux hôpitaux publics sans lien contractuel, étant rémunéré à l’heure pour chaque tâche effectuée.

Ce régime offre une plus grande flexibilité et des salaires horaires potentiellement plus élevés qu’un médecin sous contrat avec le SNS, qui reçoit au maximum 36 euros par heure.

Selon certains contrats disponibles sur le Portal Base, les salaires des médecins prestataires varient en moyenne entre 22 et 60 euros par heure, sans atteindre officiellement les 100 euros.

Qu’est-ce qui est en jeu avec cette (éventuelle) grève ?

L’initiative intervient après l’approbation en Conseil des ministres du décret-loi qui régulera l’embauche de temporaires pour le SNS.

Bien que le texte final ne soit pas encore public, il a été présenté aux syndicats médicaux lors des négociations avec la tutelle.

D’après les informations divulguées jusqu’à présent, la nouvelle législation devrait empêcher qu’un médecin quitte le SNS (par démission ou retraite) pour devenir temporaire, imposant une période de carence allant jusqu’à trois ans.

Les médecins récemment spécialisés qui ne candidatent pas ou n’acceptent pas de postes pourront également être interdits de fournir des services au SNS.

Le décret-loi prévoit des clauses d’exception pour des propositions dûment justifiées par les Unités Locales de Santé (ULS) afin de ne pas compromettre la réponse aux patients.

Coûts du SNS avec les médecins temporaires

Entre janvier et août 2025, le SNS a dépensé 162 millions d’euros pour les médecins temporaires, soit une augmentation de 25,7 millions (19%) par rapport à la même période de l’année précédente, selon les données de l’Administration Centrale du Système de Santé (ACSS).

Les médecins absorbent la majeure partie des dépenses du SNS en prestations de services, totalisant 174,7 millions d’euros en huit mois.

Il y a 15 ans, le ministère de la Santé dépensait environ 91 millions d’euros pour employer des médecins via des entreprises.

Lors de la discussion sur le budget de l’État pour 2026, la ministre de la Santé, Ana Paula Martins, a annoncé que le gouvernement prévoit d’économiser 100 millions d’euros avec les médecins temporaires, l’une des sommes incluses dans les plus de 10 % de réductions sur l’acquisition de biens et services pour l’année prochaine.

« Nous avons une estimation d’environ 100 millions, mais je ne peux pas, en effet, garantir », a déclaré Ana Paula Martins, à l’Assemblée de la République.

 Que dit le gouvernement ?

Le ministre de la Présidence, António Leitão Amaro, a affirmé cette semaine que le gouvernement va maintenir les modifications prévues pour le travail des médecins prestataires de services, alléguant qu’il existe un consensus national sur la nécessité de modifier la situation actuelle.

Il s’agit de la réglementation du travail médical en prestation de services approuvée par l’exécutif à la fin octobre, qui vise à encadrer les rémunérations de ces professionnels de santé et prévoit un régime d’incompatibilités.

Jeudi, après qu’un mouvement de médecins temporaires a lancé la pétition déjà mentionnée pour légitimer sa direction à demander une réunion avec le ministère d’Ana Paula Martins, la tutelle a assuré n’avoir encore reçu aucune demande de rencontre.

Il convient de noter qu’avec cette nouvelle réglementation, le gouvernement souhaite minimiser les différences de salaires entre les médecins ayant un contrat avec le SNS et ceux travaillant en tant que prestataires de services, dont la majorité est embauchée à la tâche par les hôpitaux pour assurer les urgences.