L’ordre souhaite l’abrogation de la loi adoptée sur les droits pendant la grossesse et l’accouchement.

L'ordre souhaite l'abrogation de la loi adoptée sur les droits pendant la grossesse et l'accouchement.
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« L’Ordre des Médecins (OM) rejette totalement et frontalement tant la loi que tout le processus » qui a conduit à son approbation par l’Assemblée de la République le 14 mars et sa publication au Journal officiel lundi, a déclaré à Lusa le président Carlos Cortes.

 

Il s’agit de la loi résultant d’un texte final présenté par la Commission de la santé, approuvé lors de la dernière séance plénière consacrée aux votes avant la dissolution du parlement, qui prévoit des mesures d’information et de protection contre la violence obstétricale, ainsi qu’une commission pluridisciplinaire pour les droits pendant la grossesse et l’accouchement.

Selon Carlos Cortes, cette loi est le fruit d’un « processus réalisé dans l’obscurité sans dialogue ni communication », car ni l’OM, ni les sociétés scientifiques, ni les collèges de spécialité, ni d’autres entités de la société civile n’ont été consultés.

« Il est incompréhensible que dans une matière d’une telle sensibilité, ces professionnels aient été exclus », a déploré le président de l’ordre des médecins, soulignant les enjeux technico-scientifiques et l’interférence dans l’autonomie directe des professionnels de santé.

Il a précisé que le texte « introduit des concepts qui sont archaïques », comme la désignation de violence obstétricale, un « terme qui n’est pas utilisé dans l’Union européenne et que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ne recommande pas d’employer ».

Il a également affirmé que « toute la structuration de cette loi est mal conçue, n’utilise pas les concepts actuels du point de vue de l’évidence médicale et scientifique et est entièrement décalée par rapport au sujet ».

En outre, selon Carlos Cortes, la nouvelle loi promulguée jette « une ombre noire » sur le travail des médecins, avec des caractéristiques de « persécution et de punition ».

Dans les mois à venir, l’OM organisera un ensemble d’initiatives de discussion et de réflexion sur le sujet, impliquant les collèges des spécialités, les sociétés scientifiques, les professionnels sur le terrain et les institutions hospitalières.

Selon l’ordre, l’objectif est de contribuer à la révision de cette législation, en garantissant que la santé maternelle et infantile continue d’être fournie avec les « standards élevés de qualité, de sécurité et d’humanisme qui caractérisent la pratique médicale au Portugal ».

En outre, une réunion, urgente, sera organisée avec tous les collèges de l’ordre et les sociétés scientifiques impliqués dans les soins à la femme enceinte et à l’enfant pour analyser le sujet.

Parmi les divers points, la loi prévoit l’éradication de l’épisiotomie de routine – une incision dans le périnée de la femme afin d’élargir l’ouverture vaginale pour faciliter la sortie du bébé pendant l’accouchement.

Selon le texte du diplôme, la pratique d’épisiotomies de routine et d’autres pratiques répétées non justifiées entraîneront des pénalisations sur le financement et des sanctions pécuniaires contre les hôpitaux, chaque fois qu’ils ne respecteront pas les recommandations de l’OMS et les paramètres définis par la Direction générale de la Santé, ainsi qu’une enquête disciplinaire sur les professionnels de santé.

La loi définit la violence obstétricale comme « l’action physique et verbale exercée par les professionnels de santé sur le corps et les procédures dans le domaine reproductif des femmes ou d’autres personnes enceintes, qui se manifeste par un traitement déshumanisé, un abus de la médicalisation ou une pathologisation des processus naturels, en dépit du régime de protection en préconception, en procréation médicalement assistée, durant la grossesse, l’accouchement, la naissance et le post-partum ».

Selon le texte, le gouvernement, par l’intermédiaire du ministère de l’Éducation, sera responsable d’inclure des informations sur la violence obstétricale dans les contenus de l’Éducation sexuelle, en promouvant le respect de l’autonomie sexuelle et reproductive et l’élimination de la violence de genre, de manière adaptée aux différents niveaux d’enseignement.

En outre, tous les établissements de santé fournissant des soins à l’accouchement et à la naissance doivent obligatoirement afficher des affiches avec des informations sur le régime de protection en préconception, en procréation médicalement assistée, durant la grossesse, l’accouchement, la naissance et le post-partum.

Il est également prévu de créer la Commission pluridisciplinaire pour les droits pendant la grossesse et l’accouchement, qui sera chargée de promouvoir des campagnes d’information et de sensibilisation pour le respect des droits à l’accouchement et pour sa humanisation, afin de mettre fin aux attitudes et pratiques constituant la violence obstétricale.