Une recommandation figure dans une lettre envoyée à l’ANA, dans laquelle l’exécutif analyse le Rapport des Consultations sur le nouvel aéroport de Lisbonne, qui a regroupé les contributions de plus de 100 entités, y compris des compagnies aériennes, des entreprises d’assistance en escale, des municipalités, l’Autorité Nationale de l’Aviation Civile (ANAC) et la NAV Portugal.
« Nous ne pouvons pas ignorer que le rapport met en évidence un désalignement entre les attentes des parties prenantes et les projections de trafic présentées par la concessionnaire, en particulier entre 2035 et 2045 », lit-on dans la missive envoyée à ANA Aeroportos par les ministres des Finances et des Infrastructures, Joaquim Miranda Sarmento et Miguel Pinto Luz.
Les ministres considèrent qu’il est fondamental que le projet du nouvel aéroport Luís de Camões, au Campo de Tiro de Alcochete, et le plan directeur de la phase d’ouverture soient basés sur des prévisions de trafic réalistes. Cela permettra de garantir que l’infrastructure soit correctement dimensionnée pour répondre à la demande et accueillir d’éventuels écarts positifs.
« Ainsi, l’État concède que la prévision de trafic et ses hypothèses doivent être révisées dès que possible », renforcent-ils.
Dans le résumé exécutif du rapport, publié aujourd’hui sur le site de l’Institut de la Mobilité et des Transports (IMT), l’ANA souligne que, généralement, les parties prenantes n’ont pas rejeté la prémisse de croissance présentée. Cependant, personne n’a présenté de prévision alternative étayée par une étude.
Dans le rapport initial, connu au début de cette année, le gestionnaire des aéroports estimait une évolution vers environ 52 millions de passagers en 2060 pour le nouvel aéroport, contre 35 millions de passagers actuels à Humberto Delgado, à Lisbonne.
Après analyse du rapport, le Gouvernement a trouvé pertinente la majorité des contributions reçues, ne manifestant des réserves que pour quelques propositions de modification des « spécifications minimales ».
Sur les neuf propositions présentées par l’ANA, sept ont suscité un consensus élargi parmi les parties prenantes, notamment la longueur des pistes, la distance entre elles et le nombre de positions de stationnement de contact.
Deux propositions feront encore l’objet d’une évaluation technique supplémentaire. L’une d’elles concerne la réduction de l’autonomie en carburant dans les installations de l’aéroport, de cinq à trois jours. L’autre propose de ne pas construire deux bâtiments destinés au catering, l’un d’eux étant sous la responsabilité directe de la gestion aéroportuaire.
Le résumé exécutif révèle aussi des inquiétudes des parties prenantes sur les incertitudes du planning et du calendrier des accessibilités du nouvel aéroport, y compris la Troisième Traversée du Tage, les connexions ferroviaires (conventionnelle et à grande vitesse) et la nécessité de redondance dans l’accès routier au terminal passagers.
Parmi d’autres recommandations, les participants ont suggéré que l’ANA explore des alternatives à l’augmentation des taxes à l’Aéroport Humberto Delgado à partir de 2026, comme le réinvestissement des bénéfices, les injections de capital par les actionnaires, le financement par dette traditionnelle ou des subventions de l’Union Européenne. Certaines entités ont également proposé d’utiliser une partie de la vente des terrains de l’aéroport actuel pour éviter des augmentations de tarifs pour les utilisateurs.
La concessionnaire propose de financer le projet sans subventions publiques, combinant un endettement pouvant atteindre 7,3 milliards d’euros avec des recettes opérationnelles, y compris l’augmentation progressive des taxes. L’ANA soutient que cette stratégie permet de réduire les risques financiers, d’anticiper les études et d’accélérer le calendrier du nouvel aéroport.
Les spécifications du nouvel aéroport sont définies dans l’Annexe 16 du contrat de concession signé en 2012, d’une durée originale de 50 ans, et selon la proposition pour le nouvel aéroport, cela pourrait être prolongé de 30 ans supplémentaires. Le Gouvernement prendra toutes les mesures légales nécessaires pour mettre à jour cette annexe.
La lettre envoyée à l’ANA précise également que ces modifications ne constituent, ni juridiquement ni en vertu du contrat, une raison pour que le concessionnaire revendique la restauration de l’équilibre économique-financier.
Le calendrier prévoit l’ouverture du nouvel aéroport, au Campo de Tiro de Alcochete, pour la mi-2037, pouvant être avancée à fin 2036 grâce à des optimisations négociées avec le Gouvernement.
Le rapport des consultations a été remis en juillet et constitue le premier de quatre rapports intermédiaires à intégrer dans la candidature complète pour le nouvel aéroport, dont la date limite de dépôt est prévue pour janvier 2028.
Le prochain jalon du processus sera la remise du Rapport Environnemental, prévue pour janvier 2026. Toutefois, le Gouvernement souligne que l’ANA peut progresser sur les rapports suivants – environnemental et technique – en utilisant les versions optimisées déjà validées par l’État.