L’association déclare que la loi sur la sécurité et la santé au travail est inappropriée.

L'association déclare que la loi sur la sécurité et la santé au travail est inappropriée.
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Portugal France

À l’origine de la discussion se trouve le Régime Juridique de la Promotion de la Sécurité et de la Santé au Travail, créé en 2009 et modifié en 2014. « La loi est complètement inadéquate car 16 ans se sont écoulés [depuis sa création] et beaucoup de choses ont changé dans le monde », déclare la présidente de l’Association des Entreprises de Santé et de Sécurité au Travail (AEST), lors d’une déclaration à l’agence Lusa.

Rute Castanheiro critique le manque d’informations sur le secteur, notamment en ce qui concerne les « statistiques sur les maladies professionnelles » et la collecte ainsi que la diffusion de « données régulières sur les conditions de travail dans le pays », de même que l’absence de mesures pour « encourager la participation des travailleurs dans le processus de prise de décision concernant la sécurité et la santé au travail ».

Avec des taux d’absentéisme aux consultations de médecine du travail autour de 20% et faisant face à une « crise grave de manque de ressources humaines », la présidente de l’AEST se plaint de la sous-évaluation du secteur par les entreprises et même par l’État, soulignant que la « situation est critique », car il n’y a pas suffisamment de professionnels pour répondre à la population active, qui a atteint en février son niveau le plus élevé depuis 1998.

Pour la responsable, à la « base de la révision de la loi » devraient figurer des mesures destinées à ces professionnels, les encourageant à entrer dans la profession et promouvant des stages avec le secteur privé.

Selon les données les plus récentes disponibles dans le Livre Vert du Futur de la Sécurité et de la Santé au Travail, il existe environ 1 200 médecins spécialistes en médecine du travail inscrits à l’Ordre des Médecins, mais « il y a des estimations indiquant qu’au moins 45% de ces médecins ne pratiquent pas car ils exercent une autre spécialité ».

Par ailleurs, c’est aussi une des spécialités les plus vieillissantes, puisque « 70% ou 80% des médecins ont plus de 65 ans », souligne-t-elle, affirmant que l’Ordre des Médecins et la Direction Générale de la Santé « devraient trouver un accord » afin d’ouvrir davantage de postes pour la formation de médecins dans le domaine de la santé au travail.

Selon Rute Castanheiro, la situation est également aggravée par le fait que les stages ne peuvent être réalisés qu’au niveau hospitalier et dans le Service National de la Santé (SNS), « ce qui est presque impossible, car il n’y a pas assez de places pour leur [les nouveaux professionnels] permettre de faire des stages », surtout si un hôpital « n’a pas de service de santé au travail » et n’ouvrira donc pas de postes pour cela.

« Cela est étouffé depuis des années », alerte la responsable de l’entité, qui compte 54 entreprises associées.

Bien qu’elle souligne qu’il existe actuellement « un projet pilote avec un hôpital privé », la présidente de l’AEST estime qu’il devrait être possible pour les entreprises prestataires de services externes d’accueillir des médecins stagiaires, proposant que les autorités compétentes soient chargées de définir les « règles » pour leur formation.

En même temps, la présidente de l’association représentant le secteur affirme que l’Agenda du Travail Digne est « complètement silencieuse sur la sécurité et la santé des travailleurs », soulignant que « le télétravail a été réglé à la hâte dans le Code du Travail lors de la pandémie » et sa réglementation « est très insuffisante ». « Quelles conditions de travail ont ceux qui sont en télétravail ?! Nous ne pouvons pas aller chez les gens », souligne-t-elle, lors d’un entretien avec Lusa.

Pour l’AEST, la périodicité des consultations de médecine du travail « devrait également être révisée ».

La législation actuelle stipule que l’employeur doit organiser des examens « annuels pour les mineurs et pour les travailleurs de plus de 50 ans, et tous les deux ans pour les autres travailleurs ».

En outre, selon l’association, une éventuelle révision de la loi devrait également établir des protocoles « minimums » à suivre, étant donné que « les entreprises de services externes qui ne font que des consultations ne réalisent pas d’examens complémentaires », comme la mesure de la glycémie, le dépistage visuel ou les électrocardiogrammes.

L’AEST a déjà envoyé, au moins, deux lettres ouvertes aux différentes entités compétentes, y compris aux anciens et actuels gouvernements, pour signaler la situation, mais tout est resté « sur papier ». Avec l’actuel exécutif, une réunion a été tenue avec la secrétaire d’État à la Santé, qui « était parfaitement informée du sujet » et avait « beaucoup de propositions », incluant « certaines modifications au niveau des heures médicales ».

Selon Rute Castanheiro, la responsable gouvernementale a même envisagé la possibilité d’abolir l’interdiction faite à ces médecins de travailler plus de 150 heures par mois, mais la chute du Gouvernement a mis en pause une éventuelle discussion.