« L’Union européenne a suspendu ses contre-mesures concernant les tarifs commerciaux injustifiés imposés par les États-Unis, afin de donner le temps et l’espace nécessaires pour les négociations entre l’UE et les États-Unis », annonce dans un communiqué l’exécutif communautaire, qui détient la compétence de la politique commerciale dans l’espace communautaire.
Pour ce faire, l’institution a adopté aujourd’hui — une semaine après l’annonce de cette suspension, due à la pause temporaire américaine dans l’application de tarifs réciproques de 20 % à l’UE — deux actes juridiques qui imposent et suspendent ses contre-mesures, avec effet jusqu’au 14 juillet de cette année.
Au total, la réponse communautaire désormais suspendue couvre 21 milliards d’euros d’exportations des États-Unis et, en outre, « les travaux préparatoires sur d’autres contre-mesures de l’UE » susceptibles d’être adoptées se poursuivent.
Pour Bruxelles, les nouveaux droits de douane de Washington sont « injustifiés et préjudiciables, risquant de causer des dommages économiques aux deux parties ainsi qu’à l’économie mondiale. »
Il est certain que l’UE préfère dialoguer avec son partenaire transatlantique et, pour cette raison, le commissaire européen au Commerce, Maros Sefcovic, est aujourd’hui à Washington pour des réunions avec ses homologues américains afin de préparer le terrain pour une solution négociée.
L’adoption de la décision intervient à un moment de tensions commerciales accrues après les annonces de Donald Trump sur l’imposition de taxes de 25 % pour l’acier, l’aluminium et les automobiles européens, et de 20 % en tarifs réciproques au bloc communautaire, ces dernières étant cependant suspendues pour 90 jours.
Cette suspension a apaisé les marchés, qui ont subi de lourdes pertes, et a été saluée et suivie par l’UE, qui a suspendu, pendant la même période, les tarifs de 25 % sur les produits américains qu’elle avait approuvés mercredi en réponse à ceux appliqués par les États-Unis sur l’acier et l’aluminium européens.
La Commission européenne a opté pour la prudence, une précaution soutenue par des pays tels que le Portugal.
Bruxelles souhaite, durant cette période de pause de 90 jours, parvenir à négocier avec Washington, après avoir déjà proposé des tarifs zéro pour les biens industriels dans les échanges commerciaux entre les deux blocs.
Les calculs de la Commission européenne estiment que les nouveaux droits de douane américains pourraient entraîner des pertes de 0,8 % à 1,4 % dans le Produit Intérieur Brut (PIB) des États-Unis d’ici 2027, ce pourcentage étant de 0,2 % du PIB dans le cas de l’UE.
Dans le pire des scénarios, c’est-à-dire si les droits de douane deviennent permanents ou s’il y a d’autres contre-mesures, les conséquences économiques seraient plus négatives, allant jusqu’à 3,1 % à 3,3 % pour les États-Unis et de 0,5 % à 0,6 % pour l’UE.
À l’échelle mondiale, l’exécutif communautaire estime une perte de 1,2 % du PIB mondial et une diminution de 7,7 % du commerce mondial en trois ans.