« En ce moment, l’enquête est certaine que nous sommes face à une pratique délictueuse de grande envergure, de nature transnationale », lit-on dans l’ordonnance du Département d’Investigation et d’Action Pénale de Leiria, de novembre 2024.
Le ministère public souligne le « nombre élevé de plaintes déposées au Portugal, basé sur ce ‘modus operandi’, la nationalité des suspects, identifiés dans plusieurs enquêtes via la titularité des comptes bancaires, qui reçoivent en première ligne les sommes provenant de l’escroquerie motivée par le contenu des messages envoyés toujours via le réseau social WhatsApp, et aux flux financiers qui commencent dans des banques portugaises, mais convergent rapidement au-delà des frontières ».
Malgré le caractère transnational (Portugal, Laos, Malaisie, Lituanie, Bulgarie, Brésil), les « principaux rouages de l’engrenage criminel sont basés au Portugal », note le ministère public, se référant à ceux qui obtenaient les cartes SIM et à celui qui « opérait massivement à travers des ‘modems’ achetés uniquement et exclusivement pour la pratique d’escroqueries, recevant des instructions à cet effet de la part d’un individu supposément situé au Laos et d’autres ».
Les revenus, « d’après ce qui a été établi, se dirigent vers le Brésil, mais répartis, en proportions non établies, via bitcoin/cryptomonnaie ».
Concernant « les entités et références fournies aux victimes, il existe une plus grande concentration » chez une entité basée à Lisbonne, mais celle-ci a répondu, « de manière récurrente », que les paiements avaient été demandés par un partenaire au Brésil et que seul ce dernier « pourra fournir plus d’informations sur le client qui a reçu le paiement », ce qui n’a pas été fait dans le cadre du processus.
Le ministère public explique que le circuit de l’argent a commencé dans des institutions principalement situées au Portugal et a pour destination des institutions bancaires et financières dans d’autres pays.
D’autre part, il rappelle que « les institutions enregistrées et autorisées par la Banque du Portugal à opérer sur le territoire national » sont soumises à la loi portugaise, alors que « cela n’est assurément pas le cas » avec l’entité basée à Lisbonne.
Le ministère public note le manque de collaboration de cette entité avec la justice et a décidé de communiquer avec la Banque du Portugal.
Concernant les cartes SIM utilisées pour la pratique des escroqueries « salut papa, salut maman », ce sont exclusivement des cartes prépayées, « les seules qui peuvent être activées et utilisées pendant une semaine sans aucun type de rechargement et/ou contrat ».
Selon le document, l’opérateur de télécommunications Altice remet, chaque année, aux agents qui distribuent des offres aux consommateurs de nombreuses cartes SIM prépayées de la marque Moche et gratuites, n’existant « aucun contrôle de cette distribution », car le contrôle qui l’intéresse « est seulement celui des rechargements des cartes SIM, c’est-à-dire ceux où l’utilisateur est considéré par l’opérateur comme client ou potentiel client ».
D’après le ministère public, il y a « un total détachement de l’opérateur quant à l’utilisation massive de ces cartes à chaque cycle de vie, ainsi que de l’entité régulatrice », l’Autorité Nationale des Communications, qui « se limite simplement à attribuer successivement et de manière massive les numéros demandés par celle-ci, qui à leur tour résultent d’annulations ordonnées par elle-même ou de numéros avec des cycles de vie interminables ».
Cette partie de l’ordonnance a été envoyée à l’ANACOM.
L’enquête relative au crime de blanchiment se poursuit dans une enquête autonome.