De manière générale, un maire peut inaugurer des travaux à ce stade, même avec les Élections Municipales imminentes, « à condition que ces actes aient un caractère nécessaire ou urgent », a expliqué Joana Alves da Silva, associée principale en Droit Administratif et Marchés Publics chez PRA – Raposo, Sá Miranda & Associados, au Notícias ao Minuto.
« Avec la publication du décret fixant la date des élections municipales (qui a eu lieu le 14 juillet), les organes des collectivités locales sont interdits de faire la publicité des actes, programmes, travaux ou services, sauf en cas de grave et urgente nécessité publique« , a-t-elle expliqué.
Cependant, « selon l’interprétation de la Commission Nationale des Élections (CNE) et du Tribunal Constitutionnel, cela ne signifie pas que les titulaires des organes des collectivités locales soient empêchés de réaliser ou de participer à des événements (conférences, signatures de protocoles ou inaugurations), ni de réaliser des interviews, des discours ou de répondre aux médias« .
« Ainsi, à ce stade, un maire peut inaugurer des travaux et informer sur des événements municipaux, à condition que ces actes aient un caractère nécessaire ou urgent, simplement informatif et, en tout cas, sans éloges, promotion ou mise en valeur du travail effectué ou de ses auteurs. Cependant, cette question est particulièrement sensible lorsque les actuels titulaires des organes sont candidats à leur réélection, les exigences de neutralité et d’impartialité étant plus intenses », avertit Joana Alves da Silva.
Et si les règles ne sont pas respectées ?
Selon l’avocate, « il existe différentes conséquences légales pour le non-respect de ces règles » :
« Tout d’abord, la violation de la règle d’interdiction de la publicité institutionnelle peut constituer la pratique d’une infraction, passible d’une amende, entre 15 000,00 € et 75 000,00 €. De plus, la violation des devoirs de neutralité et d’impartialité peut constituer un crime, notamment celui prévu à l’article 172 de la Loi Organique n° 1/2001, du 14 août, qui est passible d’une peine de prison pouvant aller jusqu’à 2 ans ou d’une amende pouvant aller jusqu’à 240 jours, pouvant également entraîner l’application de la peine accessoire de suspension, de 6 mois à 5 ans, de certains droits, parmi lesquels celui d’accès à des fonctions publiques », a-t-elle expliqué.

De plus : « En cas de publicité institutionnelle qui peut encore être retirée, la CNE peut ordonner la notification du Président de l’organe exécutif pour procéder à son retrait, sous peine d’encourir dans le crime de désobéissance, prévu et puni par l’alinéa b) du n° 1 de l’article 348 du Code Pénal. Des décisions de la CNE, un appel peut être formé devant le Tribunal Constitutionnel, à introduire dans un délai d’un jour ».
Y a-t-il un risque d’instrumentalisation des ressources publiques à des fins électorales ?
Selon Joana Alves da Silva, « ce risque, en théorie, existe« .
« C’est pourquoi le régime légal en vigueur a été institué, qui, comme mentionné, interdit notamment la publicité institutionnelle et établit des conséquences sévères pour ce non-respect, justement dans le but d’éviter qu’en pratique, cette instrumentalisation n’existe pas », ajoute-t-elle,
Qu’est-ce que la publicité institutionnelle ?
L’avocate précise que « par publicité institutionnelle, on entend les campagnes de communication ou actes isolés, réalisés par des entités publiques, financés par des fonds publics, dans le but, direct ou indirect, de promouvoir l’image, les initiatives ou les activités d’une entité, d’un organe ou d’un service public, en utilisant un langage identifié avec l’activité de propagande, pouvant être concrétisé tant par l’acquisition rémunérée d’espaces publicitaires ou dans des médias écrits, radiodiffusés et télévisés, que par des moyens propres (réseaux sociaux, sites, documents, affiches, entre autres) ».
Elle explique également que la publicité institutionnelle est interdite pour les raisons suivantes : « Pour empêcher que les ressources publiques soient mises au service de quelque candidature ; pour éviter que les titulaires des organes des collectivités locales interviennent, directement ou indirectement, dans la campagne électorale ou, d’une manière ou d’une autre, favorisent ou pénalisent une candidature ou une entité présentante au détriment ou avantage d’une autre ».
Enfin, l’avocate indique que, face à des situations en dehors de la loi, « les citoyens ou candidats peuvent signaler les faits à la CNE, notamment en remplissant le formulaire électronique disponible sur le site de cette entité (https://www.cne.pt/form/consulte-cne-queixas) ».
Les élections ont lieu le 12 octobre
Plus de 9,3 millions d’électeurs sont inscrits pour voter aux élections municipales du 12 octobre, dont plus de 41 000 sont des citoyens étrangers enregistrés au Portugal, selon le Secrétariat Général du Ministère de l’Administration Interne (MAI).
La campagne officielle pour les élections municipales se déroulera jusqu’au 10 octobre, le vendredi précédant le jour de l’élection.
Les données provisoires de la CNE estiment que 817 forces politiques et mouvements se présentent à ces municipales, dont 618 sont des candidatures de groupes de citoyens électeurs, 181 candidatures de différentes coalitions de partis et encore de 18 partis politiques.
D’après les chiffres provisoires, au total, les candidatures ont présenté 1.588 listes aux conseils municipaux, 1.524 aux assemblées municipales et 9.750 aux assemblées de paroisses.
Lors des élections municipales, qui se déroulent entre 08h00 et 19h00 le 12 octobre, les électeurs éliront les organes dirigeants de 308 conseils municipaux, 308 assemblées municipales et 3.221 assemblées de paroisses.
Dans 37 autres paroisses, l’exécutif sera élu en assemblées citoyennes, car elles comptent moins de 150 électeurs.