La « grande fragmentation » des entreprises européennes, comparée aux groupes de télécommunications des États-Unis et de la Chine, constitue un frein à la capacité d’investissement des opérateurs européens dans les infrastructures et services numériques.
La consolidation, notamment à travers le modèle d’opérations transfrontalières, pourrait renforcer leur compétitivité et leur expansion sur d’autres marchés, « les rendant plus rentables et durables avec le temps », indique le rapport.
Les données citées par le cabinet de conseil indiquent que le nombre moyen d’abonnés par opérateur européen est d’à peine cinq millions, contre 107 millions de clients, en moyenne, dans les entreprises nord-américaines et 467 millions dans les entreprises chinoises.
Le revenu moyen mensuel par utilisateur, généré par les services fixes et mobiles en Europe, est moins de la moitié de celui des États-Unis, et la dépense en capital (CAPEX) par habitant est de seulement 109 euros, alors que sur le marché nord-américain, elle est de 174 euros.
Pour les auteurs de l’étude, l’environnement réglementaire européen, qui a traditionnellement limité le nombre d’opérations de fusion et d’acquisition dans le secteur, est en phase de changement, les régulateurs adoptant « une posture de plus en plus flexible » qui favorise les concentrations.
« Influencés par les rapports de Mario Draghi et Enrico Letta, ils permettent que les opérations avancent par le biais de ‘solutions conciliatoires’, au lieu de blocages directs, avec l’objectif d’accélérer ces changements pour 2028, au lieu de 2030 », affirment-ils.
L’étude de Oliver Wyman détaille cinq scénarios de fusions et acquisitions conçus pour augmenter l’échelle des opérateurs européens, depuis les méga-fusions jusqu’aux modifications de portefeuilles.
Dans le premier scénario, les marchés européens comptant cinq ou six entreprises tendent vers une plus grande concentration, avec trois ou quatre acteurs dominants, favorisant « l’échelle et l’efficacité » et renforçant « la capacité d’investissement et la rentabilité », bien qu’ils affrontent des processus réglementaires longs pouvant impliquer la vente d’actifs et le partage d’infrastructures.
Dans le second scénario, les entreprises désinvestissent des actifs non stratégiques pour se concentrer sur des domaines à plus fort potentiel de croissance et, dans le troisième, exportent leurs modèles économiques et leur expérience vers de nouveaux marchés.
L’acquisition de services numériques, surtout dans le segment B2B grâce à des solutions dans le cloud, à l’IdO, à la cybersécurité et à d’autres offres numériques, correspond au quatrième scénario.
Le cinquième et dernier scénario prévoit une inversion du désinvestissement effectué dans les infrastructures de télécommunications (‘carve-out’), telles que les tours et la fibre, entrant maintenant dans une nouvelle phase de consolidation entre entreprises de fibre et fournisseurs alternatifs de réseau, ainsi que des fusions transfrontalières entre entreprises de tours en vue de la « formation de conglomérats régionaux ou pan-européens ».
Selon le rapport de Oliver Wyman, les opérations de consolidation nationale enregistrent « la valeur moyenne de transaction la plus élevée du secteur, atteignant 2,1 milliards d’euros », tandis que les opérations de ‘carve-out’ et de consolidation d’infrastructures affichent « une valeur moyenne de 600 millions d’euros ».
