« J’ai fait plusieurs entretiens. Beaucoup aimeraient rester ici, mais ils partent », a résumé à Lusa la chercheuse de l’Institut de Géographie et d’Aménagement du Territoire de l’Université de Lisbonne, critiquant le manque de politiques d’intégration, qui devraient passer par la fixation des familles sur le territoire national.
« Celui qui a sa famille ici pense moins à partir », a expliqué Lucinda Fonseca, à deux jours du réexamen par le parlement de la nouvelle loi sur les étrangers, qui complique les processus de regroupement familial.
Il doit exister « un investissement du pays » envers les immigrants et « nous ne pouvons pas créer des ghettos » ou « alimenter des situations d’exclusion qui sont préjudiciables pour tous », c’est pourquoi « il est crucial d’investir dans l’apprentissage de la langue », a-t-elle averti.
Lucinda Fonseca est l’une des auteures de l’Indice européen des Politiques d’Intégration Migratoire (Mipex, selon l’acronyme anglais), qui a inclus des éloges sur la politique portugaise pour les immigrants jusqu’en 2024, tout en alertant sur le risque de « reculs législatifs compromettant l’inclusion et la cohésion sociale ».
En 2024, le gouvernement PSD/CDS a supprimé la manifestation d’intérêt, une ressource juridique permettant la régularisation au Portugal de ceux qui étaient entrés avec un visa touristique, et le grand afflux d’immigrants a ralenti les processus de regroupement familial, dont les règles l’Exécutif souhaite durcir encore avec la nouvelle loi sur les étrangers, qui sera réexaminée mardi, après un rejet, en août, par le Tribunal Constitutionnel.
La « nouvelle proposition est un petit peu moins pire que la précédente, mais elle reste mauvaise », a déclaré en commentant le nouveau texte, proposé par le gouvernement, qui « permet déjà le regroupement familial immédiat pour les couples avec enfants communs et réduit à un an [l’autorisation de séjour], lorsque la cohabitation antérieure est prouvée ».
« En pratique, on continue à séparer les familles et à compliquer l’intégration de noyaux qui sont fondamentaux pour faciliter le processus d’intégration », a souligné la chercheuse.
La bureaucratie « est conçue pour compliquer » la fixation des immigrants au Portugal et « ne donne pas de signaux d’ouverture, bien qu’on sache que l’entrée de personnes est indispensable pour le Portugal du point de vue démographique et économique ».
« Le Portugal a besoin d’une politique migratoire cohérente avec ses besoins démographiques et économiques et qui soit alignée avec les droits fondamentaux, donc les lois restrictives, qui dévalorisent l’unité familiale, découragent l’établissement durable des migrants ne contribuent ni à la cohésion sociale, ni à la croissance économique », a ajouté la chercheuse.