« Pour la première fois, l’une de nos caméras de suivi – installées avec autorisation officielle pour surveiller l’ours brun et le loup – a enregistré la présence d’un lynx ibérique (Lynx pardinus) dans les Pyrénées, près de la frontière française », a révélé l’association, dans un communiqué daté du mardi 8 septembre.
« Jusqu’à présent, il n’y avait pas de trace documentée de la présence de cette espèce dans les Pyrénées », a souligné l’ADLO Pirineo.
Selon l’association, « grâce au motif du pelage, il a été confirmé qu’il s’agit du lynx ‘Secreto' », un animal de quatre ans né en captivité, au centre de reproduction de Silves, en Algarve, qui a été libéré dans la montagne au nord de la ville de Séville, dans le sud de l’Espagne, au printemps 2022.
Pour atteindre les Pyrénées, à environ sept kilomètres de la frontière avec la France, ce lynx a dû parcourir, au minimum, des centaines de kilomètres – la distance en ligne droite entre le nord de la montagne de Séville et la zone où il a été localisé avoisine les mille kilomètres.
Selon l’ADLO Pirineo, l’animal a été enregistré par la caméra de l’association en avril, mais les images n’ont été visionnées qu’en été.
Le ‘Secreto’ avait déjà été détecté, des mois auparavant, par des caméras de gardes forestiers de Catalogne, dans le nord-est de l’Espagne, mais dans une zone hors des Pyrénées, a expliqué l’association, dans le même communiqué.
La localisation dans les Pyrénées est, probablement « l’une des détections de lynx ibérique à la plus haute altitude de la péninsule ibérique » – presque 1.750 mètres, dans une zone avec la présence de lièvres, chevreuils et autres animaux, a déclaré l’ADLO Pirineo.
Pour l’association, « la détection du lynx ibérique confirme les Pyrénées comme habitat potentiel » pour l’espèce et « renforce la nécessité urgente de promouvoir sa réintroduction et sa conservation dans des régions comme Aragon et Catalogne ».
« En plus d’être un symbole de biodiversité, l’espèce a historiquement joué un rôle fondamental en tant que prédateur naturel de lapins, qui représentent environ 90 % de son régime alimentaire. Ce fait offre une alternative écologique et durable au problème de la surpopulation de lapins » dans plusieurs zones, a défendu l’association.
L’ADLO Pirineo a considéré inacceptable que, « en plein XXIe siècle », l’utilisation de poisons pour contrôler ces animaux continue d’être permise et même encouragée par diverses autorités.
Le lynx ibérique a été au bord de l’extinction au début de ce siècle et a fait l’objet, depuis lors, de programmes successifs de récupération.
Le nombre de lynx dans la péninsule ibérique a augmenté de 19% en 2024 et a atteint 2.401 animaux, selon le dernier recensement annuel réalisé par les entités espagnoles et portugaises qui intègrent le projet de récupération de l’espèce.
Le recensement de 2024 a identifié 1.557 lynx adultes, dont 470 femelles reproductrices.
Les responsables et scientifiques du projet LIFE LynxConnect, de récupération du lynx ibérique, estiment que pour atteindre un « état de conservation favorable », il sera nécessaire de parvenir à entre 4.500 et 6.000 individus, avec au moins 1.100 femelles reproductrices.
Les projets de conservation du lynx ibérique, majoritairement financés par des programmes européens LIFE, existent depuis plus de 20 ans et le nombre total d’animaux est passé de moins de 100 en 2002 à plus de 2.000 en 2023.
En 2024, l’espèce a cessé d’être classée « en risque » pour devenir « vulnérable » dans la Liste Rouge établie par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).
Cette année-là, 2.047 lynx ont été identifiés en Espagne et 354 au Portugal, dans la vallée du Guadiana (ils étaient 291 lors du recensement précédent).
Outre cette population au Portugal, il y en a d’autres dans les régions espagnoles de Castille-La Manche (942 lynx), Andalousie (836), Estrémadure (254) et Murcie (15), certaines ayant déjà des noyaux d’interconnexion entre elles.
Le projet de récupération et conservation du lynx ibérique est passé, dans une première phase, par la reproduction en captivité d’animaux, les premiers ayant été libérés dans la nature en 2011.
Au Centre National de Reproduction du Lynx Ibérique (CNRLI), à Silves, ouvert en 2009, 170 animaux sont nés, dont 110 ont été réintroduits dans la nature, selon les données de fin 2024.
Le projet de récupération et de conservation du lynx ibérique implique diverses entités publiques et privées au Portugal et en Espagne.
Au Portugal, la coordination relève de l’Institut de Conservation de la Nature et des Forêts (ICNF).