«Aujourd’hui, on dit qu’ils font partie d’une catégorie en crise et qu’ils ont perdu le prestige social qui leur était associé. Dans de nombreuses régions du monde, on observe des indicateurs préoccupants d’épuisement, de démotivation et de ‘burnout’ chez les enseignants», a déclaré le poète et écrivain lors de la cérémonie solennelle marquant les 826 ans de la fondation de Guarda.
Se disant «très reconnaissant» pour le prix, Tolentino de Mendonça a estimé que l’héritage du penseur et mentor du CEI, Eduardo Lourenço, consiste à «souligner le rôle de l’Éducation et de la figure de l’enseignant».
Il a mis en garde que les enseignants «se sentent précipités dans une précarité des conditions de travail, perdus dans la complexité croissante des exigences bureaucratiques pour le développement de leurs propres fonctions, ou ils se retrouvent blessés par une sorte de solitude sociale».
«C’est comme si ce qu’ils avaient à offrir valait moins aujourd’hui», a alerté le préfet du Dicastère pour la Culture et l’Éducation au Vatican.
Dans son discours, il a averti que «l’insignifiance des enseignants est une alerte pour les sociétés car, quand l’investissement dans l’éducation ne se réalise pas, c’est la qualification de la citoyenneté qui diminue».
«À une époque de transformation accélérée, comme celle que nous vivons, où s’ouvrent tant de possibilités, mais aussi tant d’inconnues, comme l’impact de l’intelligence artificielle, l’omniprésence de la technologie, l’incertitude et la vulnérabilité croissantes parmi les jeunes, nous devons renforcer le rôle des enseignants en tant que médiateurs culturels et humains indispensables».
Pour Tolentino de Mendonça, l’enseignant «n’est pas une profession du passé, c’est une mission indispensable au futur», car il est nécessaire d’avoir «des maîtres et des éducateurs, non seulement pour trouver des réponses, mais pour formuler des questions».
À propos d’Eduardo Lourenço, décédé le 1er décembre 2020, il l’a décrit comme «une des grandes figures de la culture portugaise contemporaine, un homme extraordinairement polyvalent, qui a pensé le Portugal comme peu d’autres».
«Il a aidé à regarder la richesse extraordinaire de la culture portugaise à toutes les époques et aussi ces derniers temps, avec une curiosité infatigable pour tous les aspects de la vie et de la culture».
Il est revenu à l’écrivain et journaliste Francisco José Viegas de faire l’éloge du récipiendaire, en précisant que «le doute» est une marque des œuvres de Tolentino de Mendonça et d’Eduardo Lourenço.
«Toutes deux se construisent de l’inattendu, de la transition, elles sont un processus, une interrogation, un chemin».
Le cardinal-patriarche de Lisbonne, Rui Valério, a affirmé que, avec l’attribution du Prix Eduardo Lourenço, la Guarda distingue «une des figures incontournables» de la culture.
«Aujourd’hui, le Prix Eduardo Lourenço est également remis à la culture portugaise et, en le distinguant, la Guarda rend hommage à elle-même, à sa vocation de ville de Culture».
Pour le président de la Chambre de la Guarda, remettre le Prix Eduardo Lourenço à Tolentino de Mendonça «honore l’une des voix les plus lumineuses de la culture contemporaine».
«Aujourd’hui, nous reconnaissons non seulement l’écrivain, l’académique ou l’homme de foi, nous reconnaissons le penseur-pont, celui qui fait de la parole un geste de rencontre».
Sérgio Costa a ajouté qu’en remettant le prix le jour de la ville, «on entend affirmer, de manière sans équivoque, la centralité de la culture dans le futur de Guarda et la projection de la ville en Ibérie, en Europe et dans le monde».
Le CEI a été fondé en 2000, à la suite d’un défi lancé par l’essayiste et philosophe Eduardo Lourenço (1923-2020) de réunir à Guarda les Universités de Coimbra et de Salamanque (Espagne), et par la suite l’Institut Polytechnique Local.
Le Prix Eduardo Lourenço a été créé en 2004 pour honorer le mentor et directeur honoraire du CEI, récompensant depuis lors des personnalités et institutions ayant une intervention significative dans le domaine de la Culture, de la Citoyenneté et de la Coopération Ibériques.