L’expert en aéronautique et ancien gestionnaire de l’Iberia et de la PGA, Rui Quadros, rappelle que le Règlement (CE) n° 1008/2008 stipule que TAP ne conservera sa licence européenne que si plus de 50 % du capital et du contrôle effectif sont détenus par des entités de l’Union européenne.
« Bien que le gouvernement portugais accepte des propositions extérieures à l’Union européenne dans la privatisation de TAP, les investisseurs hors UE font face à des limitations légales », a déclaré le responsable à Lusa. Selon les règles actuelles, « aucun groupe hors UE ne peut contrôler la compagnie », ce qui signifie que leur participation éventuelle ne pourrait être que minoritaire et sans influence réelle.
À cet égard, il considère que « l’ouverture aux candidats non européens est plus affective (théorique) que pratique. Ces groupes ne peuvent entrer qu’en tant qu’actionnaires passifs, ce qui réduit considérablement l’intérêt de ceux qui recherchent une influence réelle et un retour sur investissement », a-t-il soutenu.
Néanmoins, il indique qu’il est possible que des intéressés apparaissent, bien qu’avec une participation limitée. Turkish Airlines, Qatar Airways, ou des groupes du Golfe et d’Asie sont quelques exemples pointés par le responsable d’entreprises hors UE qui pourraient manifester de la curiosité pour le processus.
Cependant, Rui Quadros avertit que toute participation minoritaire hors UE « fera l’objet d’un examen rigoureux par la Direction générale de la concurrence européenne (DGComp), en particulier s’il y a des signes de contrôle indirect, comme cela a été le cas dans l’affaire Etihad-Alitalia ».
Jusqu’à présent, les trois géants européens Air France-KLM, Lufthansa et IAG sont les seuls à avoir confirmé officiellement leur intérêt pour le processus de reprivatisation de TAP.
Aussi, le fondateur et consultant de SkyExpert, Pedro Castro, voit peu de chances pour que des investisseurs hors UE avancent des propositions concrètes. Cependant, il souligne que le modèle annoncé cette semaine par le gouvernement — avec la vente de jusqu’à 44,9 % de la compagnie à un investisseur privé et 5 % réservés aux travailleurs — permet, en théorie, d’attirer des groupes non européens, comme ce fut le cas pour Alitalia.
« Le gouvernement italien a essayé la même chose et a reçu des manifestations d’intérêt de Delta (États-Unis) et d’Etihad (Émirats arabes unis) », a-t-il rappelé.
En regardant le cas portugais en particulier, il dit qu' »il n’est pas facile de voir quel groupe hors UE pourrait être disposé à entrer dans le capital de TAP », mais rappelle que Turkish Airlines a donné des signaux de pouvoir envisager d’entrer dans le capital d’Air Europa, et Qatar Airways et Ethiopian Airlines ont plusieurs participations dans des compagnies étrangères.
Le gouvernement portugais a cette semaine donné le coup d’envoi à la vente de TAP avec l’approbation du décret-loi correspondant en Conseil des ministres, qui devra encore être promulgué par le Président de la République.
Le calendrier initial prévoit que les quatre étapes du processus soient conclues dans un délai d’un an, bien que ce délai dépende des approbations réglementaires, notamment de la DGComp.
L’opération sera réalisée selon le modèle de vente directe, avec jusqu’à 5 % réservés aux travailleurs, comme le prévoit la loi des privatisations. L’acheteur aura la préférence pour le pourcentage non souscrit par les travailleurs.
Le modèle qui sera inclus dans le cahier des charges prévoit également un partage de la gestion à travers un accord parasocial qui sera discuté avec le futur acheteur. L’objectif est que l’acheteur prenne en charge la gestion opérationnelle quotidienne, mais que l’État ait son mot à dire sur les décisions critiques telles que la maintenance du ‘hub’ [plateforme de distribution de vols] et des routes stratégiques.
En plus du partage de la gestion, les candidats à l’achat devront présenter un plan industriel solide, qui doit assurer la croissance durable de TAP, maintenir sa marque et garantir que l’entreprise continuera d’avoir son siège et sa direction effective dans le pays.