« Si ce devoir [de secret absolu] existe pour les membres de la Police Judiciaire, il existera naturellement pour ceux du Ministère Public; et si ces derniers ne peuvent révéler de tels faits, des tiers ne peuvent venir y accéder directement par consultation du dossier et obtention de copies de celui-ci: ce serait laisser entrer par la fenêtre ce à quoi on a fermé la porte », soutient, dans une ordonnance envoyée aujourd’hui aux journalistes, le directeur du Département Central d’Investigation et d’Action Pénale (DCIAP).
Rui Cardoso souligne que « ce devoir de secret » se maintient « même après la clôture de l’enquête préventive » et que « cela ne pourra être autrement que si une instruction est ouverte ».
Le magistrat justifie la décision d’empêcher l’accès au dossier avec ce qui est stipulé dans l’article 7 de la Loi 36/94, du 29 septembre, sur laquelle s’est fondée l’ouverture, le 12 mars 2025, de l’enquête préventive concernant Spinumviva, entreprise de la famille du Premier ministre, Luís Montenegro.
« En conséquence, ces requêtes [d’accès aux dossiers et à l’ordonnance de classement] sont entièrement rejetées », conclut le directeur du DCIAP.
Le 17 décembre, le DCIAP a annoncé, dans un communiqué, le classement de cette enquête préventive, prétextant qu’il n’y avait pas eu de « signalement de pratique d’infraction pénale ».
Selon la note, la procédure s’était initialement concentrée sur des paiements à Spinumviva qui ne seraient pas dus à la société, y compris lorsque Luís Montenegro était déjà Premier ministre, et s’était ensuite élargie à l’achat par la famille du chef de Gouvernement de deux biens immobiliers à Lisbonne.
Les « soupçons de risque de commission du crime de réception ou d’offre indue d’avantage » n’ont pas été confirmés par l’analyse des éléments fournis au Ministère Public par Luís Montenegro, par Spinumviva et par ses clients.
Dans la note, le DCIAP a justifié la communication publique de l’ouverture de l’enquête préventive et de son classement par « l’intérêt public » découlant du fait que Luís Montenegro soit Premier ministre.
Le même jour, le chef de Gouvernement s’est félicité du classement, dans une déclaration sans droit à questions à Bruxelles, en Belgique.
« En conclusion et après tant d’erreurs, il est juste et approprié de dire sans réserves que j’ai toujours exercé la fonction de Premier ministre en régime d’exclusivité et que je n’ai jamais été employé de quelqu’un depuis que j’ai été élu président du PSD, [que] tout ce que j’ai décidé dans des fonctions publiques a été motivé par l’intérêt national et je n’ai jamais pris de décision en fonction d’aucun intérêt particulier », a souligné Luís Montenegro.
