Sócrates maîtrisait la communication sociale. Je le trouve psychopathe.

Sócrates maîtrisait la communication sociale. Je le trouve psychopathe.

La journaliste Manuela Moura Guedes, qui a coordonné et mené une série d’enquêtes sur les actions de l’ancien Premier ministre José Sócrates, a comparu mardi soir sur SIC Notícias où elle a estimé que les organes de communication étaient « dominés » par l’ancien dirigeant à cette époque.

 

Manuela Moura Guedes raconte qu’à l’époque, « les médias étaient pratiquement tous dominés par le Premier ministre [José Sócrates] et par le gouvernement ».

Elle se souvient qu’elle devait préparer les nouvelles « sous un secret complet », car Sócrates appelait les journalistes de la rédaction les vendredis, lorsque les enquêtes sur lui étaient diffusées, pour savoir ce qui allait se passer. Moura Guedes explique que seule son équipe connaissait le contenu des nouvelles afin d’éviter toute fuite d’information.

Sócrates « dominait » les médias et influençait les nouvelles

Malgré cela, la journaliste note une autre particularité : le jour suivant la publication des enquêtes, les autres médias ne reprenaient pas les nouvelles.

« Les médias ne faisaient pas écho à des nouvelles aussi étonnantes, avec des preuves, des documents et des enregistrements, où l’on disait que le Premier ministre était corrompu », affirme-t-elle. « Et la preuve que c’était vrai est que je n’ai jamais eu de procès ni de droit de réponse », ajoute-t-elle, expliquant que, si les preuves n’étaient pas réelles, Sócrates aurait intenté une poursuite contre elle en justice.

Néanmoins, la pression de l’ancien Premier ministre était suffisamment forte pour influencer les entreprises de communication, selon Manuela Moura Guedes.

« L’entreprise où je travaillais a interdit le journal [Jornal Nacional, que la journaliste éditait et présentait], l’a censuré, l’a supprimé », dénonce-t-elle. « Et j’ai cessé de faire ce que j’aimais tant : depuis 2009, je ne suis plus journaliste ».

Manuela Moura Guedes admet avoir “un grand chagrin qui ne” l’abandonnera jamais en raison de l’affaire qui, selon elle, a mis fin à sa carrière.

« Imaginez : on vous coupe votre carrière, simplement pour des raisons politiques, alors que vous savez que vous faites ce qui est juste », raconte-t-elle au présentateur qui la questionne, dans un moment où elle est visiblement émue.

« Le PS menait une campagne contre moi »

La journaliste a également avoué qu’elle avait l’impression, à l’époque, que « tout le Parti socialiste était organisé pour mener une campagne contre le Jornal Nacional, à l’époque, et contre » elle-même.

Mais elle va plus loin, et accuse même le procureur général de l’époque, Pinto Monteiro, la procureure adjointe Cândida Almeida et le ministère public lui-même d’avoir été du côté de José Sócrates et d’avoir tenté de le protéger.

« À l’époque, le procureur général était Pinto Monteiro et il ne m’a pas permis d’intenter un procès pour atteinte à l’État de droit. Même la plainte n’a pas été suivie », déclare-t-elle, affirmant qu’il y avait une connexion dangereuse entre les deux. « Ils ont tout fait pour bloquer tout ce qui concernait le Premier ministre. »

Quant au processus lui-même, et au chemin (long) nécessaire pour en arriver là, Manuela Moura Guedes s’interroge sur le pourquoi de tant de recours et d’entraves à la justice de la part de Sócrates.

« Quelqu’un qui se dit innocent, lorsqu’il veut prouver son innocence, veut être jugé », considère-t-elle. « Et il a tout fait et continue de tout faire pour ne pas l’être, différant et retardant le jugement », affirme-t-elle.

« Où trouve-t-il l’argent ? »

Au lieu de cela, « il fait le spectacle là-dedans, se comporte terriblement » et « tente de distraire l’opinion publique de ce qui est essentiel » avec « son théâtre », profitant pour faire, « comme il aime à le dire, la narration, la narration qu’il veut » et « presque personne ne lui pose de questions ».

La journaliste réfléchit à la manière dont le journalisme « traverse une phase très compliquée, car il manque d’argent », ce qui, selon elle, résulte en un « journalisme complaisant avec ceux qui ont des responsabilités » et en des journalistes très jeunes. 

Ce qui se reflète ensuite sur ceux qui entourent l’ancien Premier ministre lorsqu’il quitte la salle d’audience et fait des déclarations, souvent en attaquant les professionnels eux-mêmes qui lui donnent du temps d’antenne.

« Et les journalistes lui ont répondu une fois en se taisant, mais ils ne doivent pas se taire. Ils doivent lui poser des questions directes, lui demander, par exemple, et continuer à lui demander où il trouve l’argent », lance Manuela Moura Guedes.

« Ce n’est pas n’importe qui qui peut soutenir un tel procès », pointe la journaliste. « Ce n’est pas avec l’héritage de sa mère, qui est un mensonge. Il n’existe aucun héritage », assure-t-elle, rappelant qu’à l’époque où elle exerçait encore activement la profession, elle avait mené des enquêtes qui déterminaient que la mère de José Sócrates vivait avec l’argent de son fils.

La journaliste va également un pas plus loin, au-delà du « théâtre » et de la « pression » exercée par l’ex-dirigeant, considérant que Sócrates a des problèmes d’ordre psychiatrique.

« Je le trouve un peu fou, psychiatrique. Je le trouve psychopathe. J’ai déjà demandé à plusieurs spécialistes, et c’est quelqu’un qui a des problèmes psychiatriques », conclut Manuela Moura Guedes.