La ANMP est consciente de la difficulté du processus de régionalisation, mais les années écoulées depuis la Révolution d’Avril permettent de conclure que, sans la création de régions administratives, nous resterons un pays inégal et déséquilibré. Ces déséquilibres ne seront surmontés qu’avec des politiques publiques adaptées aux différents territoires, ont écrit les élus dans le document Autonomie et Décentralisation, auquel Lusa a eu accès et qui a été présenté lors du XXVII Congrès de l’ANMP.
L’ANMP considère qu’une politique nationale de développement régional « doit être articulée avec tous les acteurs du territoire, afin que, dans les processus de décision, les intérêts du pays soient compatibles avec les intérêts divers de ses différents territoires et régions ».
« Seules les régions administratives pourront remplir ce rôle, en assurant efficacement et de manière efficiente l’indispensable articulation des politiques de portée transversale », défendent les municipalités, dans le document présenté lors du congrès qui a commencé aujourd’hui et se termine dimanche à Viana do Castelo.
L’ANMP a donc appelé « au respect du texte constitutionnel, en créant les régions administratives » pour favoriser « des politiques publiques plus consistantes », renforcer « la capacité compétitive des territoires », et potentiellement « la création de centres de croissance polarisateurs ».
Les régions administratives permettront également « des processus de dialectique politique », créant « des facteurs supplémentaires de progrès et de développement », selon les élus.
Pour l’ANMP, les régions administratives sont essentielles pour la réorganisation territoriale et pour « une véritable réforme administrative », permettant « des politiques territoriales plus proches des citoyens et l’approfondissement de la décentralisation administrative ».
« La décentralisation administrative […] peut et doit se réaliser dans les régions administratives dans les cas où l’exercice des compétences exige une dimension territoriale plus grande, en l’occurrence, une dimension régionale », a-t-il indiqué.
Les municipalités estiment que l’échelle municipale est souvent insuffisante « pour donner de la consistance à certaines politiques publiques qui nécessitent une structuration de portée territoriale avec une plus grande dimension ».
Le document observe que la régionalisation ne dispense pas de la nouvelle « veste » donnée aux Commissions de Coordination et de Développement Régional (CCDR), avec leur conversion en instituts publics de régime spécial et de portée régionale, puisqu’elles font partie de l’administration indirecte de l’État, « soumises à la supervision et à la tutelle du Gouvernement ».
Les CCDR ne sont donc pas des entités territoriales dotées « d’autonomie et avec des organes directement élus par les populations ».
Les municipalités voient également comme avantage de la régionalisation le rapprochement des centres de décision des personnes, « avec l’approfondissement de la démocratie et le renforcement de la citoyenneté, en légitimant les membres des organes par le vote populaire et en répondant aux populations ».
L’ANMP rappelle que le Portugal « reste extrêmement centralisé » et qu’en 2024, le poids des recettes des gouvernements locaux dans le total de l’administration publique était de 12,6 % au Portugal, soulignant « un degré de décentralisation bien inférieur à celui de la zone Euro (21,2 %) ».
« Ce décalage est impressionnant et nous devons le modifier, car le centralisme a alimenté l’éloignement entre l’État et les territoires, aggravant les inégalités structurelles », a-t-il averti.
Le dépeuplement de l’intérieur, la réduction de la présence des services publics dans les zones à faible densité, la concentration des investissements dans les grands centres urbains et la faible dynamique économique régionale sont, pour l’ANMP, « des signes clairs d’une organisation territoriale dysfonctionnelle ».
