Sanctions sévères pour combattre le ‘botellon’ à Porto ? « Cela ne résout pas » le phénomène.

Sanctions sévères pour combattre le 'botellon' à Porto ? "Cela ne résout pas" le phénomène.
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Les nouvelles règles du règlement de la Movida de Porto entreront en vigueur mercredi prochain, le 25, interdisant la vente d’alcool à consommer sur la voie publique entre 21h00 et 08h00 dans toute la ville de Porto.

 

Lors d’une interview téléphonique à l’agence Lusa, Miguel Camões, président de l’Association des Bars et Discothèques de la Movida de Porto, estime que des pénalisations et des sanctions plus sévères peuvent aider à combattre le phénomène du ‘botellon’, mais ne résolvent pas le problème.

« Toutes les mesures sont les bienvenues, mais cela ne résout pas. La question du ‘botellon’ est importante, car il est souvent pratiqué avec des boissons que les gens apportent de chez eux ou achètent dans les supermarchés pendant la journée, donc ce ne sont pas les établissements qui vendent les boissons pour que les gens puissent faire ces ‘botellons’ dans la rue ».

« Pour nous, et pour notre association, ce règlement a quelques modifications, mais certaines d’entre elles sont même plus techniques et l’impact qu’elles ont sur le noyau de la movida de Porto, qui est la zone où il y a le plus de bars et de discothèques, est beaucoup plus au niveau des pénalisations et des sanctions que des règles elles-mêmes », a-t-il considéré.

Miguel Camões rappelle que la situation de la vente d’alcool pour la voie publique existait déjà et que la différence est qu’elle a été étendue à toute la ville de Porto.

« Si l’intention de la municipalité de Porto est de contrôler d’une manière ou d’une autre le phénomène ‘botellon’, il est logique que cette règle soit élargie à toute la ville », a-t-il indiqué.

La question du ‘botellon’ « doit être combattue par une loi générale, qui légifère pour qu’il ne soit pas permis de consommer de l’alcool sur la voie publique, qu’il soit acheté dans les établissements ou apporté de chez soi », a-t-il défendu, soulignant que souvent le foyer de « perturbations et d’insécurité sur la voie publique vient de ces phénomènes de consommation d’alcool non réglementée sur la voie publique ».

Le président de l’Association Portugaise des Bars et Discothèques, Ricardo Tavares, a, pour sa part, exprimé des doutes quant au fait que les nouvelles règles de la movida de Porto résolvent le problème du phénomène du ‘botellon’.

« Sur le plan opérationnel, je pense que cela n’apportera aucune amélioration pour la ville ni pour ceux qui y vivent, cela ne fera qu’apporter plus de problèmes aux entrepreneurs qui en ont déjà beaucoup », a affirmé Ricardo Tavares.

Ricardo Tavares considère que la mesure est peu sensée, car ceux qui boivent dans la rue dans des espaces interdits sont les clients et ceux qui vont être pénalisés sont les entrepreneurs.

« Les policiers municipaux ne vont pas distribuer des amendes à ceux qui boivent dans la rue, car c’est trop ennuyeux pour eux. Il est plus facile d’aller voir un entrepreneur et de dire ‘fermé’, car ainsi c’est un problème de moins ».

Il a ajouté qu’il y a « zéro sensibilité ».

Le responsable a estimé que « pratiquement, cela fera qu’il y aura plus de magasins de proximité vendant clandestinement, dont beaucoup ne paient même pas d’impôts (…), donc c’est tout contre ceux qui respectent la loi ».

Ricardo Tavares soutient que la convivialité dans la rue, connue sous le nom de ‘botellon’ ne va pas cesser d’exister.

« La seule chose qui existera seront des amendes pour les bars et restaurants (…) qui recevront beaucoup d’amendes et feront faillite », a-t-il souligné.

Selon cet entrepreneur, les nouvelles règles ne vont « pas réduire le bruit », « ne vont pas apporter de sécurité ». Elles vont plutôt « apporter plus de problèmes aux entrepreneurs », a-t-il observé,

« À Lisbonne, nous avons négocié avec l’ingénieur Carlos Moedas et il semble que cela serait plus sensé que le docteur Rui Moreira à Porto, où je ne pense pas que cela résoudra quoi que ce soit. Cela va, au contraire, apporter plus de problèmes, à ceux qui en ont déjà, qui viennent d’une pandémie [covid 19], qui ont sacrifié leur vie, qui paient encore des prêts, beaucoup recommencent leur vie et cela va être très difficile ».

La conseillère municipale chargée des Activités Économiques et du Contrôle, Filipa Correia Pinto, a expliqué qu’il y aura un contrôle « très strict » avec des sanctions « sévères », pour « renforcer le sentiment de sécurité des habitants et pour garantir l’organisation de l’espace public ».

Les modifications du règlement sont justifiées, selon le Diário da República, par « son adaptation à la nouvelle réalité et aux phénomènes qui, entre-temps, se sont répandus et qui comportent le risque non seulement de dénaturer la Zone de la Movida, mais aussi de déqualifier un écosystème qui, bien réglementé et bien géré, peut être une marque distinctive et un facteur de développement de la ville ».