Le rapport, qui précède l’entrée en vigueur de la nouvelle législation européenne en matière de liberté de la presse le 8 août, s’intitule « Pressions sur les médias publics : un test décisif pour les démocraties européennes » et souligne que les médias en Irlande, au Danemark et au Luxembourg sont les plus indépendants du pouvoir politique.
Plus de la moitié des citoyens européens (55%) croient que les médias publics de leurs pays subissent de fortes pressions politiques, selon l’organisation basée à Paris.
Les pressions sont « extrêmes » en Hongrie, en Pologne et à Malte, selon leurs citoyens, et « fortes » en Espagne, Grèce, Italie, République tchèque, Slovaquie, Estonie, Lettonie, Chypre, Suisse, Bulgarie, Slovénie, Autriche, Croatie, Lituanie, Finlande et Royaume-Uni.
Le Portugal fait partie du groupe de pays avec « basse pression », aux côtés de l’Allemagne, Roumanie, Pays-Bas, Belgique, Suède et France.
Selon l’organisation, les télévisions publiques en Europe se rapprochent « dangereusement » des pouvoirs exécutif et législatif, qui interfèrent dans les nominations des dirigeants et la structure de leurs organismes.
« La nomination d’une personne affiliée directement ou indirectement à un parti politique est très dangereuse pour garantir l’indépendance des médias publics et pour qu’ils continuent à contribuer à leur mission d’intérêt général », souligne à l’EFE Elena García, porte-parole des RSF.
Dans le rapport, les RSF mettent en avant au Portugal la création en 2014 d’un conseil indépendant (CGI – Conseil Général et Indépendant) pour la RTP, ce qui a conduit les gouvernements à cesser de nommer les directeurs, cette tâche revenant à cet organe de six membres, donnant à la RTP plus d’autonomie par rapport au pouvoir politique.
La nouvelle Loi Européenne sur la Liberté des Médias (EMFA) sera pleinement appliquée à partir du 8 août et exigera que les États membres allouent des fonds publics « suffisants, stables et prévisibles » à ces entités.
À cet effet, les RSF considèrent qu’une dotation économique via un chapitre du Budget Général de l’État, comme c’est le cas en Espagne, Pays-Bas, Belgique ou Roumanie, peut être « dangereuse », sauf si elle inclut « des mesures concrètes » pour garantir sa durabilité et pour se protéger contre de possibles pressions politiques.
Le document mentionne également le Portugal dans un groupe où les médias de service public sont souvent critiqués pour leur coût élevé, tant dans les pays ayant souffert de mesures d’austérité (Espagne, Portugal, Italie) que dans ceux avec une situation économique plus favorable (Suisse, Allemagne).
En termes de confiance, celle-ci est inquiéteusement basse en Hongrie, où seulement 23% des citoyens considéraient en 2023 que les chaînes de télévision publiques étaient une source fiable, ainsi qu’en Pologne, où, en 2023, 38% de la population jugeait les médias peu fiables.
Dans ce contexte, les RSF proposent une série de recommandations, notamment sur le financement pluriannuel avec des garanties d’indépendance.
Ils proposent également d’étudier un système de financement à l’échelle européenne basé sur une taxe imposée par les États Membres de l’Union Européenne aux plateformes digitales.
En outre, il est demandé que les régulateurs européens développent des mécanismes communs de garantie du pluralisme interne, ainsi que la création d’organismes spécifiques chargés de sauvegarder l’indépendance et de surveiller les conflits d’intérêts.