Réforme du travail. Les syndicats disent qu’elle fragilise, les employeurs applaudissent.

Réforme du travail. Les syndicats disent qu'elle fragilise, les employeurs applaudissent.
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« Si les mesures proposées se concrétisent, elles représentent une nouvelle attaque contre les droits des travailleurs et l’approfondissement du modèle basé sur les bas salaires et la précarité de l’emploi », affirme la CGTP dans un communiqué publié sur son site internet.

 

Intitulé ‘Raisons de combattre les propositions du Gouvernement PSD/CDS concernant la législation du travail’, le document souligne parmi les « modifications qui favorisent la précarité des emplois », l’augmentation de la durée des contrats à terme, l’extension du contrat à durée très courte, les changements dans le travail temporaire, intermittent et sur les plateformes numériques, la révocation de l’interdiction de sous-traitance après licenciement et la restriction des travailleurs indépendants considérés en situation de dépendance économique.

Sont également critiquées par la CGTP, les modifications « qui approfondissent la dérégulation du temps de travail », comme le rétablissement intégral du compte épargne-temps, l’extension des exemptions d’horaires et les absences avant ou après les vacances (avec la possibilité de deux jours supplémentaires non rémunérés).

La centrale syndicale s’en prend également aux « modifications visant à perpétuer les bas salaires », notamment aux « effets pervers » de la possibilité de paiement des primes de Noël et des vacances en douzièmes, ainsi qu’aux modifications concernant la rupture du contrat de travail, le régime de licenciement, la parentalité, le droit à la négociation collective, la liberté syndicale et le droit de grève.

Pour la UGT, la réforme de la loi du travail présentée par le Gouvernement est « inopportune, inappropriée et injustifiée », d’autres priorités étant jugées plus importantes.

« Nous avons notre économie en croissance, nos comptes publics consolidés et il n’y a aucune pression externe pour la correction d’éventuels déséquilibres », a-t-il assuré, en indiquant que « le marché du travail fonctionne bien, avec le nombre d’employés battant des records et le chômage historiquement bas, à l’exception du chômage des jeunes », mentionne le communiqué.

L’UGT ne comprend donc pas pourquoi « le Gouvernement choisit réellement de modifier la législation du travail avec une telle priorité qui justifie qu’elle soit la première discussion effective post-électorale à se tenir au sein du CPCS [Commission Permanente de Concertation Sociale] ».

L’organisation a également rappelé qu’« il y a peu de temps, il y a eu un changement fondamental de la législation du travail », indiquant d’autres priorités, telles que l’intervention au niveau des salaires, du logement et de la formation professionnelle.

Pour l’UGT, le point de départ de la discussion « suscite des inquiétudes » lorsqu’on constate que « le mot d’ordre est ‘flexibiliser’ qui, contrairement à ce que pense le Gouvernement, n’est pas synonyme de moderniser ».

« De nombreux changements concernent des sujets particulièrement sensibles (et même des droits fondamentaux), il est donc clair quel est le sens évident des propositions faites, à en juger par la satisfaction évidente des employeurs », a-t-il souligné.

L’UGT alerte sur le fait qu’il est question de « retrait de sujets du principe du traitement le plus favorable (télétravail et paiement des heures supplémentaires) », ainsi que l’élargissement des motifs et de la durée des contrats à durée déterminée et autres embauches précaires, le retour du compte épargne-temps individuel, la réduction des heures de formation professionnelle, entre autres, y compris « le retrait des pouvoirs à l’ACT [Autorité pour les Conditions de Travail] ».

« Ce sont des propositions qui vont dans le sens d’une plus grande individualisation des relations de travail et de la libéralisation et précarisation du marché du travail, cherchant à introduire une plus grande discrétion et accorder plus de pouvoir à l’employeur », a-t-il assuré.

À l’inverse, les confédérations ont salué le projet de réforme de la législation du travail du Gouvernement, affirmant qu’il constitue « une bonne base de négociation » et qu’il « vient corriger des situations du passé », bien qu’il y ait encore « une marge d’amélioration significative ».

Selon le président de la Confédération des entreprises du Portugal (CIP), « beaucoup des mesures annoncées corrigent les problèmes introduits » par l’Agenda du Travail Digne, notamment les restrictions à la sous-traitance après licenciement.

Concernant le compte épargne-temps individuel, Armindo Monteiro considère qu’il y a encore « quelques contraintes », mais souligne comme « positif » l’intention de le rétablir, tandis que pour les modifications des services minimaux, sans préciser de pourcentage fixe dans la proposition du Gouvernement, il défend qu' »il n’y ait pas d’arbitraire », étant donné qu’actuellement leur définition est « vague ».

Dans la même optique, le président de la Confédération du Tourisme du Portugal (CTP) a estimé que le projet de réforme est « une bonne base de négociation ».

« Il est très important que la législation soit mise sur la table », a indiqué Francisco Calheiros, soulignant que la proposition du Gouvernement concerne « pratiquement tous les domaines » et est « assez large », de sorte que la CTP aura besoin « d’un certain temps » pour proposer des contributions.

Aussi, le président de la Confédération du Commerce et des Services du Portugal (CCP) a noté que le projet est « assez large » et a souligné la nécessité de trouver des « consensus minimaux » dans le cadre de la concertation sociale.

Avec les autres confédérations patronales, la CCP a souligné comme positive la question des restrictions au ‘outsourcing’, au compte épargne-temps individuel et aux mesures pour les plateformes numériques.

Insistant sur le fait que la réforme proposée « est complexe et politiquement délicate », prévoyant des modifications à plus de 100 articles du Code du Travail, la CCP ne souhaite se prononcer plus en détail qu’au début du mois de septembre.