La Police Judiciaire (PJ) a assuré, ce mardi, que sa publication sur une affaire d’abus sexuel à Lisbonne « avait un but exclusivement préventif et informatif » et a « regretté » que le message « puisse avoir été interprété de manière différente de l’intention initiale ».
La controverse porte sur une publication sur le réseau social Facebook, où la PJ a partagé, jeudi dernier, l’arrestation « d’un homme pour crime d’abus sexuel ayant victimisé une jeune fille de 17 ans » et a expliqué que le « crime s’est produit à Lisbonne, suite à une sortie nocturne où la victime s’est retrouvée inconsciente après une consommation excessive d’alcool ».
Dans cette publication, l’autorité mentionne que « l’incapacité de réaction » due à la consommation d’alcool « a mené à une nouvelle victime » et a laissé plusieurs recommandations, notamment « modérer la consommation d’alcool », « ne pas accepter et surveiller les boissons » et « refuser les trajets avec des inconnus ».
La publication a suscité des critiques de l’Association Portugaise des Femmes Juristes (APMJ) et du Mouvement Démocratique des Femmes.
Dans une réponse envoyée au Notícias ao Minuto, la PJ a réitéré « l’engagement absolu pour la prévention et la lutte contre les crimes de nature sexuelle, ainsi que pour la protection et la dignification des victimes ».
« L’alerte récemment publiée sur les réseaux sociaux de la PJ (le 30 octobre) avait un but exclusivement préventif et informatif, visant à sensibiliser la population – en particulier les jeunes – aux risques associés à la consommation excessive d’alcool dans les contextes de divertissement nocturne et à la nécessité d’adopter des comportements de protection personnelle. À aucun moment, il n’a été question de blâmer la victime ou de minimiser la responsabilité criminelle de l’agresseur, qui est totale et inaliénable« , a-t-elle ajouté.
Selon l’autorité, l' »objectif était de renforcer la sensibilisation publique au fait que certaines circonstances, comme la vulnérabilité induite par l’alcool ou les substances, peuvent augmenter le risque de victimisation, et doivent donc faire l’objet d’une attention et d’une prudence particulières ».
« La PJ regrette si le message publié a pu être interprété de manière différente de l’intention initiale. Cependant, elle réaffirme que la prévention du crime – sous ses multiples aspects, y compris l’information et la sensibilisation sociale – constitue un devoir institutionnel qui complète l’enquête criminelle et la poursuite des agresseurs », a précisé l’autorité.
La PJ a également souligné que sa mission est de « protéger les personnes, soutenir les victimes et combattre de manière déterminée tous les crimes qui portent atteinte à la liberté et à l’autodétermination sexuelle ».
L’APMJ a exprimé « répulsion et inquiétude ». MDM a porté plainte
L’Association Portugaise des Femmes Juristes (APMJ) a adressé, lundi, une lettre au directeur national de la PJ, Luís Neves, exprimant « répulsion et inquiétude » face à la publication.
Dans la lettre, l’APMJ a manifesté son « répulsion et son inquiétude à propos de la manière » dont la note informative a été rédigée, car « de sa lecture résulte que le comportement de l’agresseur a été déclenché par le comportement de la victime, comme si elle avait été responsable de l’agression qu’elle a subie, et également comme si le crime avait eu lieu seulement en raison du fait qu’elle n’avait pas offert de résistance ».
Outre l’alerte de l’APMJ, une plainte a également été déposée auprès de la Commission pour la Citoyenneté et l’Égalité de Genre par le Mouvement Démocratique des Femmes.
Pour le mouvement, cité par le Jornal de Notícias, « le texte et l’image choisis déplacent le focus du crime vers une image de femme, insinuant un lien causal entre être femme, sortir la nuit, consommer de l’alcool et ‘mauvais dénouements' ».
Une adolescente de 17 ans a été abusée sexuellement par un agent de sécurité de discothèque
Dans un communiqué, envoyé mercredi dernier, 29 octobre, aux rédactions, la PJ a indiqué avoir arrêté « un homme de 36 ans, pour crime d’abus sexuel d’une personne incapable de résister, sous une forme aggravée, étant la victime une jeune fille de 17 ans, à Lisbonne ».
Le crime s’est produit en août 2025, « dans un établissement hôtelier » et le suspect « est agent de sécurité dans un établissement de divertissement nocturne que la victime fréquentait avec un groupe d’amies ».
Ce matin-là, la jeune fille s’est retrouvée en état d’ébriété et le suspect, qui a déjà des antécédents criminels pour des crimes de même nature, a mis à disposition son véhicule pour qu’elle puisse « se remettre de l’état d’incapacité dans lequel elle se trouvait ». Cependant, il a profité du fait que la mineure soit inconsciente pour « la conduire jusqu’à un établissement hôtelier où il a finalement consommé l’abus sexuel ».
Le crime a été signalé à la Police de Sécurité Publique (PSP), qui a transmis l’affaire à la PJ.
[Article actualisé le 18h59]