Personnes handicapées manifestent devant le Parlement : « Fatiguées »

Personnes handicapées manifestent devant le Parlement : "Fatiguées"

Une action de protestation, organisée par l’association Centro de Vida Independente (CVI), a rassemblé des dizaines de personnes handicapées, ainsi que des membres d’autres collectifs, quelques figures publiques et des sympathisants de la cause, qui sont restés sur le trottoir devant l’escalier de l’Assemblée de la République pendant la lecture de la Convention internationale relative aux droits des personnes handicapées.

 

« Nous sommes ici aujourd’hui parce que nous en avons assez que nos vies soient repoussées, que nous ne puissions pas exercer nos rôles sociaux, que nous nous sentions chaque jour des citoyens et citoyennes de seconde zone. Nous en avons assez de ne pas pouvoir interagir avec nos pairs, de ne pas pouvoir profiter de nos familles, de nos amours, dans une égalité pleine et entière avec les autres personnes, » a expliqué à Lusa la présidente du CVI.

Concernant la lecture intégrale de la convention, Diana Santos a déclaré qu’elle servait à faire comprendre à l’État portugais qu’il doit la respecter, car il l’a ratifiée, en créant des lois qui répondent aux besoins des personnes handicapées.

La responsable a indiqué que cette action vise à attirer l’attention sur les problèmes qui persistent concernant la vie indépendante, notamment au niveau de l’assistance personnelle, « un outil essentiel pour l’exercice de la citoyenneté » des personnes handicapées.

« Actuellement, elle n’existe que pour un peu plus de mille personnes au Portugal. Nous exigeons que l’ordonnance soit respectée et que davantage de places soient ouvertes dans les centres de soutien à la vie indépendante, car il y a des centaines de personnes en liste d’attente, » a-t-elle dénoncé, ajoutant qu’il faut que la mesure ait une portée nationale.

Elle a indiqué qu’il n’y a pas de centres de soutien à la vie indépendante à Leiria et à Covilhã et qu’à Lisbonne, où « il y a une plus grande population de personnes handicapées », il n’y en a que deux.

Une assistante personnelle présente lors de l’action de protestation a parlé à Lusa de l’absence de réglementation de la profession, de l’absence de carrière et du travail avec des contrats précaires, gagnant un peu plus que le salaire minimum national par mois.

Benilde, 60 ans, a expliqué que les assistants personnels sont embauchés par les institutions qui gèrent les centres de soutien à la vie indépendante, payés par la Sécurité Sociale.

« La vérité est que cela fait neuf ans que nous avons le même salaire, sans réponse professionnelle, sans lien, » a-t-elle critiqué, ajoutant qu’elle fournit une assistance personnelle à cinq personnes et travaille 40 heures par semaine.

Malgré les difficultés, elle a admis qu’elle continue parce qu’elle est mère d’une personne handicapée et se reconnaît « pleinement dans ce projet » : « j’aime faire la différence dans la vie des autres, je me sens remplie en exerçant cette profession, j’aimerais vraiment qu’elle soit reconnue, c’est pour cela que je travaille quotidiennement, » a-t-elle dit.

La présidente du CVI a déclaré à Lusa que les transports sont « une question essentielle » : « Une personne, par exemple, qui vit à l’intérieur, est prisonnière de son propre village, ville, et, par conséquent, c’est extrêmement limitant pour ceux qui veulent avoir la liberté d’exister ».

Elle a également averti du risque de régression de certaines mesures, exprimant « beaucoup de peur » face à la possibilité de perdre des droits.

« L’AD [Alliance Démocratique] a proposé dans le budget de l’État d’instaurer une condition de ressource pour l’accès à l’assistance personnelle. (…) Si l’assistance personnelle est ce qui nous permet de travailler, si nous payons pour avoir cette ressource, nous sommes confinés à la pauvreté, » a-t-elle critiqué.

Il était initialement prévu que l’action de protestation se poursuive par une veillée, pour « exiger une réunion urgente » avec la secrétaire d’État à l’Action sociale et à l’Inclusion, mais la veillée a été annulée après que la responsable a fixé la réunion pour aujourd’hui à 18h45.