Dans un document auquel Lusa a eu accès aujourd’hui, le groupe de psychiatres exprime sa « perplexité et inquiétude » et considère que le tribunal qui a condamné Abdul Bashir à la peine maximale de 25 ans de prison a ignoré l’avis médico-légal établi par des experts en psychiatrie légale et le témoignage d’un psychiatre au tribunal, qui avaient diagnostiqué une schizophrénie.
Outre l’expertise demandée à des psychiatres légaux, le tribunal a également sollicité une évaluation par un psychologue légal et a conclu, selon l’arrêt auquel Lusa a eu accès, que les « expertises réalisées ne sont pas unanimes », le psychologue légal ayant estimé qu’« il n’a rien vu qui soutienne un diagnostic de schizophrénie ».
Face à cette analyse faite par le psychologue légal, le collectif a choisi de considérer Abdul Bashir comme responsable pénalement et, par conséquent, il devra purger sa peine en prison, par opposition à un régime d’internement, s’il avait été jugé irresponsable.
Le manifeste a été envoyé à l’Ordre des médecins ce mercredi soir, et le groupe de psychiatrie qui a signé le document considère que le tribunal « a ignoré un diagnostic médical, en se fondant sur l’avis d’un psychologue légal qui ne peut pas faire de diagnostics médicaux ni les contester et qui, par conséquent, a outrepassé sa compétence ». En outre, il est précisé que l’expertise médico-légale psychiatrique a priorité technique et légale par rapport à l’évaluation de l’irresponsabilité pénale.
Ces psychiatres soulignent que le droit à la santé est constitutionnel et que « nier ce droit, dans un contexte où la schizophrénie a été diagnostiquée et documentée, revient à abandonner le principe de la dignité de la personne humaine ».
Dans le document, il est également fait un appel à une réflexion publique urgente « sur les risques d’une justice désinformée et imperméable à la science », et il est souligné que les expertises psychiatriques ne servent pas à réduire les peines, mais à garantir le traitement et « que la responsabilité pénale s’applique uniquement lorsqu’il est possible d’exiger une responsabilité personnelle ».
Le ministère public avait soutenu qu’Abdul Bashir, âgé de 30 ans, était irresponsable et avait demandé son internement, et non son emprisonnement, pour un minimum de trois ans. Cependant, le tribunal a décidé que l’homme « avait agi délibérément » et a refusé l’irresponsabilité pénale.
« L’accusé n’avait aucune maladie qui, au moment des faits, aurait pu affecter sa volonté ou l’aurait empêché de comprendre ce qui était bien ou mal et, pour cette raison même, [le tribunal] a estimé qu’il était responsable pénalement », a déclaré la présidente du collectif de juges lors de la lecture de l’arrêt.
Le crime remonte au 28 mars 2023 et les victimes étaient deux femmes, âgées de 24 et 49 ans, qui travaillaient dans le service de soutien aux réfugiés du Centre Ismaili. Au total, le citoyen afghan a été reconnu coupable de sept des 11 crimes dont il était accusé : deux de meurtre aggravé, trois de tentative de meurtre, un de résistance et contrainte sur un fonctionnaire et un de possession d’une arme prohibée.