Interrogée par l’Agence Lusa suite à l’annonce d’une initiative du ministère public colombien visant à annuler l’accord signé entre le gouvernement colombien et l’INCM pour la production de passeports, l’institution portugaise a déclaré ne pas être au courant de cette affaire et qu’elle « n’a rien à ajouter, ni aucun commentaire à faire ».
L’INCM « n’a pas de connaissance formelle concernant la question mentionnée dans la nouvelle citée, n’ayant reçu aucune notification ou communication officielle à ce sujet de la part des autorités compétentes ou officielles », a répondu une source de l’institution à Lusa.
Dans l’initiative, rendue publique jeudi par la presse colombienne et citée par l’agence de presse espagnole EFE, le ministère public demande au tribunal administratif de Cundinamarca la « nullité absolue du contrat d’État », signé le 18 juillet pour plus de mille milliards de pesos (près de 221 millions d’euros).
Il demande également au tribunal d’ordonner à l’Imprensa Nacional-Casa da Moeda la restitution de l’argent qu’elle a reçu jusqu’à présent pour l’exécution de l’accord.
Le ministère public soutient, d’une part, que les contributions de l’entreprise portugaise ne représentaient que 21% de la valeur totale du contrat, ne respectant pas l’exigence légale de financement minimum de 50%.
D’autre part, il souligne l’absence d’un processus de sélection compétitif.
Après avoir pris connaissance de l’action, le président colombien, Gustavo Petro, a déclaré sur le réseau social X qu’il se démarque « complètement du procureur sur cette question ».
Le chef d’État colombien a soutenu que « le pays a le droit que son imprimeur soit capable de fabriquer les documents d’identification des citoyens », considérant que « les données intimes des citoyens ne doivent pas être entre les mains d’entreprises privées ».
Petro a ajouté qu’il avait déjà vu le nouveau modèle de passeports et qu’il « serait le quatrième en qualité dans le monde ».
En raison de possibles irrégularités dans la mise en œuvre du nouveau modèle de passeports, le ministère public avait déjà initié, dans les mois précédents, des enquêtes disciplinaires à l’encontre de la ministre des Affaires étrangères, Rosa Villavicencio, et des anciens ministres Laura Sarabia et Luis Gilberto Murillo, ainsi que de l’ancien chef de cabinet présidentiel, Alfredo Saade.
La controverse autour des passeports a débuté en 2023, lorsque le ministre des Affaires étrangères de l’époque, Álvaro Leyva, a suspendu le contrat avec Thomas Greg & Sons, responsable du processus depuis 17 ans, affirmant que lors du dernier appel d’offres, il n’y avait pas eu de libre concurrence.
Pour remplacer cette entreprise, le gouvernement de Petro a signé un protocole d’entente, puis un accord avec le Portugal et l’Imprensa Nacional, malgré les avertissements selon lesquels cette entreprise ne possédait pas la capacité technique nécessaire pour l’élaboration des documents.
L’accord entre Lisbonne et Bogota prévoit l’émission de passeports, documents de voyage et visas pour le pays sud-américain, qui commencera le 1er septembre 2025 et s’étendra sur 10 ans.
« L’accord est conclu en tenant compte de la capacité, des connaissances et de l’expérience démontrées par l’Imprensa Nacional-Casa da Moeda, S.A. du Portugal en la matière, ainsi que de sa reconnaissance internationale, des tests réalisés et de l’accréditation officielle par des organismes internationaux », a souligné la diplomatie colombienne en octobre dernier dans un communiqué.
Il prévoit également que le Portugal aide à installer des infrastructures qui permettront à l’Imprensa Nacional de la Colombie d’assumer pleinement l’émission des passeports.