« Cette lettre vise à montrer qu’un ensemble de personnes originaires des Açores ne souhaite pas voir leur région servir, même involontairement, d’instrument dans des actions pouvant aggraver des crises humanitaires ou violer des engagements internationaux de paix et des droits de l’homme », peut-on lire dans la missive adressée aux responsables politiques et militaires de la région et du pays, qui compte 131 signatures.
Les signataires alertent sur la « crise humanitaire de grande envergure » à laquelle le peuple palestinien est soumis, et défendent que, même après l’annonce d’un cessez-le-feu à Gaza, l’implication indirecte du Portugal dans des opérations de transport d’aéronefs ou d’armement vers Israël doit être « objet de transparence totale et de contrôle public ».
En question, une escale en avril sur la base des Lajes, sur l’île de Terceira, de trois avions F-35, vendus par les États-Unis à Israël.
Cette escale aurait été réalisée sans communication préalable au ministre des Affaires étrangères, Paulo Rangel, une « faille procédurale » dont le ministère a déclaré vouloir déterminer les responsabilités.
Les signataires demandent des éclaircissements sur « l’identification de la chaîne de commandement responsable de l’approbation et de la communication de ces opérations, y compris les entités portugaises impliquées » et sur « les protocoles de communication et de coopération en vigueur entre le Portugal, les Açores et les États-Unis dans le cadre de l’Accord sur la base des Lajes (ou document équivalent) ».
Si la supposée faille procédurale résulte d’une omission de la part des autorités américaines, ils soutiennent que la situation doit être « formellement reconnue et communiquée » à l’Assemblée de la République et à l’Assemblée législative des Açores, « car elle remet en cause les aspects de la souveraineté nationale et de l’autonomie régionale ».
« Nous demandons la vérification de cette situation, accompagnée d’un communiqué public dans les plus brefs délais. Nous proposons que ces communiqués soient publiés dans un délai de 15 jours », indiquent-ils.
Les signataires appellent à un « dialogue ouvert » et à « la transparence quant à la position du gouvernement des Açores concernant cette crise humanitaire et d’autres ».
« Plusieurs facteurs pointent vers l’instabilité politique et économique des États-Unis, c’est pourquoi il est important de discuter de nos relations avec ce pays, notamment militaires. Nous espérons que cette lettre serve d’ouverture à un débat constructif concernant la transparence et la régularité avec lesquelles ces sujets sont communiqués aux résidents de cette région », soulignent-ils.
La lettre, signée par 131 personnes, a été adressée au président du gouvernement régional des Açores, José Manuel Bolieiro, au président de l’Assemblée législative de la région autonome des Açores, Luís Garcia, au Premier ministre, Luís Montenegro, et au ministre des Affaires étrangères, Paulo Rangel.
Elle a également été adressée au commandant de la base aérienne numéro 4, colonel João Ricardo Campos da Silva, au chef d’état-major de l’armée de l’air, général João Cartaxo Alves, et au chef d’état-major général des forces armées, général José Nunes da Fonseca.
Parmi les signataires, on trouve des résidents de presque toutes les îles des Açores, ainsi que de plusieurs parties du continent.
La lettre est signée par le député unique du Bloc de Gauche aux Açores, António Lima, l’ancienne députée du BE Alexandra Manes, l’ancien député du PCP Aníbal Pires et d’autres militants du BE et du PCP.
Parmi d’autres noms, signent également le syndicaliste Liberato Fernandes et l’entrepreneuse Sónia Borges de Sousa.