Opération Influencer. Le secret de la justice invalide l’accès au dossier, dit le MP.

Opération Influencer. Le secret de la justice invalide l'accès au dossier, dit le MP.

Le journal Expresso a rapporté aujourd’hui que l’ancien Premier ministre, maintenant président du Conseil européen, demande depuis plus d’un an l’accès aux documents le concernant pour consultation et que la première demande a été soumise au ministère public (MP) avant même que le secret de l’instruction ne soit décrété dans le processus. Cependant, le MP a indiqué, en réponse à Lusa, que la date de soumission de la demande n’est pas pertinente pour la décision de rejeter la demande de consultation.

« Juridiquement, après que le secret de l’instruction a été décrété, l’accès au processus n’est plus possible. Cela n’est donc pas pertinent que des demandes d’accès aient éventuellement été présentées par des personnes impliquées ou non avant cette décision », a avancé le Bureau du Procureur Général de la République (PGR).

Un éclaircissement publié aujourd’hui sur la page officielle de la PGR, le Département Central d’Investigation et d’Action Pénale (DCIAP) rappelle que l’enquête visant António Costa est restée au MP auprès de la Cour Suprême de Justice (STJ) – où elle a été traitée en raison du fait qu’il s’agissait d’un Premier ministre en fonction qui était investigué – jusqu’au 10 avril 2024, avant d’arriver au DCIAP le 12 avril.

« Par ordonnance du 17.04.2024, émise lors de la première conclusion par le magistrat titulaire, le régime du secret de l’instruction a été appliqué aux documents, et une validation judiciaire correspondante demandée. Suite à cette décision, la requête pour consulter les documents, présentée par António Costa à la date de la distribution de l’enquête au DCIAP, a été rejetée, et le requérant a été informé de la décision du ministère public », est-il indiqué dans l’éclaircissement publié aujourd’hui.

Toujours dans le même éclaircissement du DCIAP, il est affirmé que la décision du MP d’appliquer le secret de l’instruction à l’enquête « a été validée judiciairement » et que « cette enquête est encore soumise à un secret de l’instruction, interne et externe, n’étant donc pas consultable ».

Selon le journal Expresso, l’ancien Premier ministre a déjà présenté quatre demandes de consultation, toujours refusées.

À sa demande, António Costa a été entendu au DCIAP par la procureure Rita Madeira en qualité de déclarant, le 24 mai 2024, sans être constitué comme défendeur.

Dans encore un éclaircissement publié aujourd’hui sur la page officielle de la PGR, le MP affirme que « dans le dénommé « Universo Influencer », il n’y a, et il n’y a jamais eu, aucune enquête arrêtée ».

« Toute la documentation susceptible d’analyse est en train de faire l’objet d’une étude, tâche prise en charge par les membres de l’équipe. Il est souligné que les enquêtes se trouvent à différentes phases d’investigation, certains segments étant déjà bien avancés », a ajouté le MP.

Le processus a été autonomisé en trois enquêtes par décision de l’ancienne procureure générale, Lucília Gago, qui a décidé d’agréger dans une enquête les données liées au centre de données de Sines, dans une seconde enquête les données relatives aux concessions d’exploitation de lithium à Montalegre et Boticas, et dans une troisième celles liées au projet de centrale de production d’hydrogène à Sines.

Le DCIAP rappelle qu' »il y a encore des segments de preuve non accessibles à l’investigation, en raison du respect des exigences procédurales et/ou de l’exercice des droits de défense par les personnes visées – droit de recours et de réclamation – notamment en ce qui concerne les courriers électroniques des avocats ».

Le procureur général de la République, Amadeu Guerra, a affirmé le 07 novembre que le processus Opération Influencer avait un recours pendant devant le Tribunal de la Relation de Lisbonne relatif à l’accès à l’information dans les courriers électroniques saisis auprès des avocats, sans savoir que le recours avait déjà été décidé à la Relation, donnant raison aux défendeurs et laissant le MP sans accès à ces courriers électroniques.

Le PGR rappelle encore que les documents ont été déclarés urgents même avant la séparation du processus en trois enquêtes, que cette déclaration a été renouvelée après la séparation des documents, « ce qui reste actuel » et « qui impose que des actes procéduraux soient effectués pendant les vacances judiciaires, sans suspension des délais, ce qui, dans ce cas, s’est produit ».

Le 07 novembre 2023, cinq personnes ont été détenues et ensuite libérées dans le cadre de l’Opération Influencer, y compris l’ancien chef de cabinet de l’ancien Premier Ministre António Costa, Vítor Escária.

Les suspicions portent sur des crimes dans la construction d’un centre de données à Sines, district de Setúbal, dans l’exploitation de lithium à Montalegre et Boticas, toutes deux dans le district de Vila Real, et dans la production d’énergie à partir d’hydrogène également à Sines.

Le cas a entraîné la chute du gouvernement d’António Costa (PS), le maintenant président du Conseil européen ayant été considéré comme suspect, sans être constitué comme défendeur.