Organisée par la Plateforme Unitaire de Solidarité avec la Palestine (PUSP), composée par Amnesty International Portugal, Greenpeace Portugal, Médecins Sans Frontières et la Fondation José Saramago, entre autres organisations de la société civile, la bruyante manifestation a appelé à la solidarité pour un problème qui dépasse les idéologies ou les religions.
Jonathan Bebebgui, du mouvement Juifs pour la Paix, refuse la comparaison entre l’État israélien et la religion qu’il pratique.
« Je fais partie d’un groupe, nous sommes juifs, antisionistes, et nous montrons notre solidarité avec la Palestine, mais je pense que les gens comprennent déjà que ceci n’est pas une question d’antisémitisme », comme les autorités de Tel-Aviv l’ont argumenté.
L’occupation de la Palestine est un acte « de colonialisme » et, « malgré le génocide qui a eu lieu, c’est bon de voir une réaction mondiale et nous croyons que cela va continuer jusqu’à ce que la Palestine soit libre », a-t-il ajouté.
La présence de tant de gens à la manifestation, y compris de nombreux citoyens qui ne s’étaient jamais associés à de telles actions, montre la solidarité du peuple portugais, a-t-il considéré.
« Cette initiative est importante parce que le monde doit garder un œil sur la Palestine et, maintenant qu’un cessez-le-feu a été atteint, nous voulons clarifier qu’un cessez-le-feu ne suffit pas, que nous sommes contre l’occupation, contre les colonies, contre l’oppression du peuple palestinien et que la paix ne viendra que lorsque l’occupation de la Palestine prendra fin », a affirmé Jonathan.
João Antunes, de l’organisation non-gouvernementale (ONG) Médecins Sans Frontières qui fait partie de l’organisation de la manifestation, a salué la forte adhésion des Portugais à l’initiative.
Le « cessez-le-feu est encore très précaire » et il y a « beaucoup d’instabilité encore sur le territoire », auxquels s’ajoutent les contraintes imposées par Israël.
« Nous avions quatre camions et ils n’ont laissé entrer que deux », a-t-il illustré, défendant que l' »aide humanitaire entre sans restrictions », car « la souffrance des gens n’est pas encore terminée ».
« Nous sommes sur le territoire depuis le début » et « les difficultés pour les ONG à travailler sont nombreuses », a admis João Antunes.
« Il y a eu une immense joie lorsque l’accord de cessez-le-feu a été conclu, mais les gens sont encore très craintifs et très méfiants », de sorte qu’il doit « y avoir une pression internationale intense » pour que « les choses s’améliorent ».
Quant aux accusations portées contre les ONG, comme Médecins Sans Frontières, d’être aux côtés du Hamas, João Antunes admet que ces critiques sont injustes.
« Nous sommes une organisation à financement privé et nous sommes aux côtés d’une population qui n’a rien », a-t-il ajouté.
Au cours de la manifestation ont suivi des dirigeants politiques de gauche et des militants connus, mais se trouvait aussi, de manière anonyme, Maria dos Santos, qui tenait la bannière de l’ONG Amnesty International (avec les noms des signataires d’une pétition pour la paix).
« Je ne savais pas cela, je n’ai même pas un foulard de la Palestine, mais j’ai vu ces gens à Rossio et j’ai voulu être à leurs côtés. Faire quelque chose », a-t-elle dit.
« Je ne suis pas politique, je n’aime pas la politique. Mais ce qui se passe en Palestine est une honte pour nous tous », a déclaré la jeune architecte.
Et c’est cette pression de la société civile internationale qui fera la différence, a dit croire Jonathan Bebebgui.
« Le lavage de cerveau en Israël est très important » et les dirigeantes politiques du pays contrôlent l’opinion publique, a considéré l’activiste juif.
« Je pense que le changement ne peut pas venir d’Israël, c’est le monde qui doit [agir], c’est la société civile avec un boycott, parce que [la solution] ne viendra pas de l’intérieur d’Israël », a averti.