Le journal rapporte que le policier accompagnant l’agent accusé d’homicide n’était qu’un témoin dans le dossier principal, mais dans un acte d’accusation d’un autre procès, daté du 1er octobre, le ministère public (MP) a décidé d’accuser cet agent et un autre de la même police de faux témoignage.
En cause, la version présentée aux autorités par les deux agents sur l’endroit où ils ont trouvé le couteau utilisé « comme justification pour faire usage d’une arme à feu ».
« Cette procédure visait à enquêter sur deux ordres de faits : d’une part, s’il s’agissait bien des agents impliqués dans les événements qui ont rédigé le rapport officiel, le soi-disant procès-verbal : d’autre part, si le poignard avait été placé par quelqu’un sur le lieu du crime — ou, au moins, déplacé — et mis en évidence après la mort » d’Odair Moniz, écrit le Público.
Selon l’acte d’accusation cité par le Público, tous les éléments de preuve renforcent le soupçon que le poignard « a été placé sur le lieu (dans l’hypothèse qu’il n’appartenait pas à Odair) ou mis en évidence (dans l’hypothèse qu’il lui appartenait) ».
Toutefois, le MP a conclu, sur la base des images capturées et des témoignages recueillis, que les deux agents auraient menti en prétendant avoir vu le couteau sous le corps d’Odair Moniz lorsqu’ils l’ont soulevé.
« La procureure a maintenant réitéré que la narration du procès-verbal est construite de manière à mener à l’interprétation que l’agent a agi en légitime défense car Odair Moniz brandissait un couteau », écrit le journal.
Selon le MP, « aucun des témoignages ne correspond à la vérité : le poignard ou couteau auquel ils se sont référés n’était pas sous le corps d’Odair ».
Le MP indique que, outre ces trois agents constitués prévenus, un autre agent, également présent sur le lieu, a nié avoir vu un quelconque poignard sous le cadavre et une médecin a déclaré qu’elle n’a vu l’arme blanche qu’après que le cadavre ait été retiré du lieu.
En janvier, l’agence Lusa avait rapporté que le MP n’avait trouvé aucune preuve qu’Odair Moniz, tué par un agent de la PSP, ait utilisé un couteau pour menacer les deux agents, dans la nuit du 21 octobre 2024, à Cova da Moura, Amadora.
Selon l’accusation rendue à laquelle Lusa a eu accès, Odair Moniz a tenté de fuir la PSP et de résister à l’arrestation, mais jamais le ministère public ne mentionne une quelconque menace à l’aide d’une arme blanche.
Cette information du ministère public contredit le communiqué officiel publié par la PSP le jour de la mort d’Odair Moniz, qui indiquait qu’Odair « aurait résisté à l’arrestation » et tenté de frapper les agents « à l’aide d’une arme blanche ».
L’acte indique simplement qu’un poignard de 25 centimètres de long, avec une lame de 15 centimètres et un manche en plastique, a été trouvé « à proximité » de l’endroit où Odair est tombé, près de la voiture stationnée là. Ce poignard « n’avait pas de traces biologiques en quantité suffisante pour obtenir un profil ADN », peut-on lire dans le document.
L’accusation du MP, à laquelle l’agence Lusa a eu accès aujourd’hui, indique que « au cours des démarches d’enquête effectuées, le soupçon est apparu que le procès-verbal rédigé par la Police de sécurité publique (PSP) souffre d’incohérences et d’inexactitudes ».
En janvier, le MP a ordonné une extraction de certificat du dossier pour une enquête autonome sur la prétendue falsification du procès-verbal de la PSP.
Odair Moniz, âgé de 43 ans, est mort à Cova da Moura, tué par deux balles tirées par un agent de la PSP le 21 octobre 2024.
Le procès de l’agent de la PSP soupçonné d’homicide était prévu pour mercredi, mais a été reporté aujourd’hui au 22 octobre pour des raisons de santé de l’avocat.