Ligne SOS Personnes Âgées : 67 % des victimes n’ont pas de soutien social intégré

Ligne SOS Personnes Âgées : 67 % des victimes n'ont pas de soutien social intégré

À la veille de la Journée Nationale des Personnes Âgées, la fondation Bissaya Barreto, basée à Coimbra et fondatrice de cette ligne nationale, dévoile des chiffres collectés sur plus de dix ans qui soulignent la priorité de la protection de la santé mentale et des réseaux de soutien dans la lutte contre la violence envers cette tranche d’âge.

Depuis la création de la ligne en 2014, plus de 2 000 appels à l’aide concernant des personnes âgées victimes de violence ont été reçus. La violence psychologique est la forme la plus identifiée (55 %), suivie par la négligence (41 %), la violence financière (28 %) et la violence physique (20 %).

Les cas d’abandon atteignent 11 %, la violence institutionnelle 8 % et l’auto-négligence 12 %, selon les données auxquelles l’agence Lusa a eu accès aujourd’hui.

L’étude précise que la majorité des agresseurs partagent quotidiennement le domicile avec la victime (47 %), souvent des enfants ou des conjoints, ce qui rend la violence un phénomène caché et difficile à dénoncer. La moitié des agresseurs sont enfants de la victime, et environ 21 % des cas de violence durent plus de cinq ans, révélant un caractère répétitif.

La majorité des cas signalés concerne des femmes, souvent veuves, en situation de dépendance physique ou cognitive, avec peu de soutien familial ou communautaire, selon les chiffres de la Ligne SOS Personne Âgée, dirigée par Marta Ferreira.

L’analyse des cas montre que la santé mentale est un des domaines les plus critiques, car environ un quart des victimes présentent des signes ou un diagnostic de démence, et 22 % souffrent de maladie mentale. Cela augmente la vulnérabilité et le risque d’isolement. L’analyse indique également que la présence de pathologies mentales chez les agresseurs est fréquente et constitue un facteur prédictif de la violence.

Les données indiquent qu’environ 30 % des agresseurs ont des problèmes de santé mentale, souvent associés à la consommation de drogues ou d’alcool (11 %).

De plus, ajoute la fondation, la surcharge du soignant (12 %), l’isolement social, les antécédents de violence et la dépendance résidentielle de la personne âgée sont des facteurs qui aggravent ce cycle d’abus.

La responsable du service national, Marta Ferreira, déclare dans un communiqué que « les réseaux de soutien représentent un des outils les plus puissants dans la prévention et la lutte contre la violence, mais leur portée est malheureusement limitée ». Elle souligne que « cet accompagnement permet la détection de cas et des interventions plus efficaces, transformant le réseau de soutien en véritable outil de protection et de prévention de la violence ».

« Il est crucial de renforcer les ressources disponibles et de garantir que la santé mentale devienne une priorité dans les politiques publiques et l’action institutionnelle », soutient-elle.

Malgré l’ampleur du problème, les données indiquent que la sous-déclaration des cas reste élevée, car dans 58 % des situations, l’anonymat est demandé et de nombreux aînés ne dénoncent pas par peur, honte ou dépendance émotionnelle et financière.

« Le silence reste le plus grand allié de la violence. Il est essentiel que la communauté soit vigilante et que les réseaux de soutien fonctionnent efficacement », avertit Marta Ferreira.

Depuis mai 2014, le Service SOS Personne Âgée propose une ligne nationale et gratuite (800 102 100) ainsi qu’un contact par e-mail, so************@*bb.pt, pour signaler des situations de violence ou de négligence.

Ce service « garantit l’anonymat à ceux qui cherchent de l’aide et assure un accueil direct et personnalisé, ainsi que la médiation familiale. Parallèlement, il promeut la collaboration entre gouvernements, institutions, organisations, communautés et citoyens, afin de renforcer les réseaux de soutien et de valoriser les personnes âgées ».