Les données concernant « Victimes au Féminin – Statistiques APAV 2022-2024 », publiées à l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, révèlent que entre 2022 et 2024, l’APAV a accompagné 36 489 victimes de sexe féminin.
En 2022, 11 410 femmes ont été soutenues, un chiffre qui est passé à 12 398 en 2023 et à 12 681 en 2024. Durant la même période, 70 179 crimes et formes de violence ont été enregistrés, une augmentation de plus de 10 % entre 2022 et 2024.
En moyenne, l’APAV a soutenu 20 femmes par jour âgées de 18 à 64 ans, une tranche d’âge représentant plus de 60 % des victimes. De plus, des demandes d’aide ont été identifiées pour 5 451 enfants et jeunes jusqu’à 17 ans, ainsi que pour 3 765 femmes de plus de 65 ans.
Dans des déclarations à l’agence Lusa, Daniel Cotrim, conseiller technique de la direction de l’APAV, a déclaré qu’il était possible de constater qu’« il n’existe pas dans les données une stabilité des mêmes ».
« Il n’y a pas encore de tendance à la baisse, ce que nous espérions voir se produire », a-t-il admis.
Daniel Cotrim a souligné, d’une part, la prévalence des crimes de violence domestique – représentant 85,4 % des 70 179 crimes dénoncés à l’APAV – mais a admis, d’autre part, qu’il était possible de lire « que les gens sont mieux informés ».
« Les femmes sont mieux informées, plus conscientes de leurs droits et de la promotion de leurs droits et, par conséquent, veulent sortir des relations abusives, de la violence en contexte d’intimité, et c’est naturellement ce qui pousse les demandes d’aide à l’APAV et l’augmentation de ces demandes d’aide », a-t-il défendu.
Le délai moyen entre le premier épisode de violence et la demande d’aide se situe entre deux et six ans, démontrant, selon Cotrim, une reconnaissance accrue de la gravité des situations. Le responsable alerte cependant que la violence devient « plus létale et rapide dans l’escalade », passant en peu de temps d’agressions émotionnelles et physiques à des tentatives de meurtre.
Pour Daniel Cotrim, cette violence est liée à la « propagation ces dernières années d’une sorte de discours de haine envers les femmes », de même que de « certains discours très marqués par la misogynie, le machisme, le patriarcat ».
« Cela se voit également, évidemment, dans les demandes d’aide qui sont faites, ainsi que dans l’âge des personnes agressives, de plus en plus jeunes, et dans l’âge, évidemment, des femmes victimes, elles aussi de plus en plus jeunes », a-t-il noté.
Les données de l’APAV sur la personne agresseur montrent que dans 70 % des cas, il s’agit d’un homme, âgé de 26 à 55 ans (29,7 %), qui est ou a été dans une relation d’intimité avec la victime (47,8 %).
Pour le responsable, le fait que le nombre de demandes d’aide ne baisse pas montre que la violence contre les femmes « est une question endémique », « un phénomène interne à la société portugaise qui est lié à des perceptions et visions préjudiciables et traditionalistes des femmes et des rôles des femmes et des hommes ».
Daniel Cotrim a signalé que cette violence est également présente sur les réseaux sociaux, propagée par la « fausse science, fausses nouvelles ».
Il a donc soutenu que « l’État doit intervenir sur les questions de prévention et la question de l’éducation », soulignant que les contenus des réseaux sociaux sont « consommés principalement par des garçons et des filles très jeunes » et qu’il est ainsi nécessaire de travailler sur l’éducation émotionnelle et intelligente, les relations positives et l’égalité des genres.
Il a également admis qu’il y a le danger d’un recul dans les droits des femmes, soulignant que cette conscience entraîne la responsabilité « d’agir pour la prévention », afin d’éviter de réagir seulement « lorsque ce danger se produira ».
