Les taux d’intérêt vont-ils bouger ? C’est le jour de la décision de la BCE et voici ce qui est prévu.

Les taux d'intérêt vont-ils bouger ? C'est le jour de la décision de la BCE et voici ce qui est prévu.

La Banque centrale européenne (BCE) se réunit ce jeudi et devrait maintenir les taux d’intérêt pour la deuxième réunion consécutive en raison des prévisions de croissance continue et de stabilité de l’inflation.

 

Les marchés et les analystes prévoient que la BCE maintienne le taux d’intérêt des dépôts bancaires à 2 %, un niveau considéré comme neutre pour la zone euro, c’est-à-dire qu’il ne stimule ni ne freine la croissance économique.

Le contexte de la réunion de la BCE

Cette réunion de la BCE a lieu après la nouvelle chute d’un gouvernement en France lundi dernier et l’intensification des conflits en Ukraine avec l’attaque contre la Pologne, et au Moyen-Orient avec l’attaque d’Israël sur le territoire du Qatar.

Luke Bartholomew, économiste en chef adjoint d’Aberdeen Investments, affirme qu’étant donné qu’il est presque certain que la BCE maintiendra les taux inchangés, « les principales questions pour les investisseurs seront quels signaux la BCE donnera sur la trajectoire future des taux et comment sa politique pourrait interagir avec la situation politique en France ».

Martin Wolburg, économiste senior de Generali AM, considère que le processus de désinflation se poursuit et espère que l’inflation générale se stabilisera en dessous de 2 %.

Luke Bartholomew soutient que « le cycle de baisse des taux est terminé et, s’il y a un changement, le plus probable sera une hausse plutôt qu’une baisse, bien que cela ne se produise que dans un avenir lointain lorsque l’assouplissement budgétaire de l’Europe commencera à se faire sentir ».

La croissance de la zone euro est très faible, mais pourrait rebondir au quatrième trimestre grâce aux mesures de relance budgétaire de l’Allemagne, aux effets des réductions des taux d’intérêt effectuées par la BCE et à une certaine reprise du secteur industriel, bien que cela puisse aussi ne pas se produire.

L’accord commercial entre les États-Unis et l’Union européenne (UE) a réduit un facteur d’incertitude, mais la guerre de la Russie contre l’Ukraine s’est intensifiée après l’attaque contre la Pologne et aussi au Moyen-Orient après l’attaque d’Israël contre le territoire du Qatar.

La France inquiète

La crise politique en France se poursuit en raison du rejet des ajustements budgétaires, qui présentent un déficit d’environ 5 % du Produit Intérieur Brut (PIB) depuis 2010.

Chaque Français a un déficit annuel de 2 400 euros et une dette de 55 000 euros, selon les données de l’économiste du Centre de Recherche Économique Européen (ZEW) Friedrich Heinemann, qui est également professeur à l’Université de Heidelberg, dans l’ouest de l’Allemagne.

Le rejet des coupes budgétaires de 44 milliards d’euros a provoqué la chute du gouvernement de François Bayrou, qui sera remplacé par le ministre de la Défense, Sébastien Lecornu.

La France est plongée dans une grande instabilité politique depuis quelque temps, avec la nomination de cinq premiers ministres en moins de deux ans et des manifestations violentes dans les rues.

« La France devrait économiser davantage que ce que Bayrou avait établi. Si la population et les politiques en France nient ces réalités, ce sera dangereux, aussi pour la BCE, pour la stabilité de l’euro et la solvabilité de l’Europe », a averti Heinemann.

Mais, pour l’instant, la réaction des marchés a été contenue, probablement parce qu’ils prévoient que la BCE interviendra et achètera la dette souveraine de la France sur le marché secondaire, si la prime de risque française explose, malgré le fait que la France a un processus de déficit en cours.

Mardi, l’euro s’est approché de 1,18 dollar, bien qu’il ait ensuite baissé à 1,17 dollar, malgré l’augmentation des paris selon lesquels la Réserve fédérale (Fed) réduira ses taux d’intérêt de 50 points de base la semaine prochaine, en raison du fait que le marché du travail est plus faible que prévu.

La BCE publiera bientôt de nouvelles prévisions macroéconomiques d’inflation et de croissance. En juin, les économistes de la BCE avaient prévu une croissance de 0,9 % en 2025, 1,1 % en 2026 et 1,3 % en 2027, avec une inflation de 2 % en 2025, 1,6 % en 2026 et 2 % en 2027.