Le président du Syndicat National du Corps de la Garde Pénitentiaire (SNCGP), Frederico Morais, a critiqué l’archivage du dossier concernant le directeur de l’établissement pénitentiaire de Vale de Judeus, alors que des sanctions disciplinaires ont été appliquées à sept gardiens, avec deux suspensions de fonctions et des amendes pour les cinq autres.
« Il est regrettable que l’association des directeurs et adjoints ait eu le pouvoir de cet archivage, mais cela ne nous a pas surpris, car nous avons eu l’archivage, pendant le processus, du dossier du chef de la prison », a-t-il rappelé.
« Le pouvoir institutionnel a prévalu sur le corps de la garde pénitentiaire. C’est un complot, c’est une persécution sérieuse et sévère contre le corps de la garde pénitentiaire », a-t-il accusé, indiquant que le SNCGP a demandé une enquête externe sur l’incident survenu le 07 septembre de l’année dernière, lorsque Rodolfo Lohrmann, Mark Roscaleer, Shergili Farjiani, Fábio Loureiro et Fernando Ribeiro Ferreira se sont échappés de Vale de Judeus, à Alcoentre (Azambuja).
Les détenus, tous déjà capturés par les autorités, purgeaient des peines allant de sept à 25 ans de prison pour trafic de drogue, association criminelle, vol, enlèvement et blanchiment, entre autres délits.

Les neuf procédures disciplinaires engagées par les services pénitentiaires contre sept gardes, un chef et un directeur de Vale de Judeus après l’évasion de cinq détenus ont été conclues avec deux classements, deux suspensions et cinq amendes.
Les procédures disciplinaires ont été ouvertes à la suite d’un rapport du Service d’Audit et d’Inspection (SAI) de la Direction Générale de Réinsertion et des Services Pénitentiaires (DGRSP), qui a alors souligné, dans le cas de l’ex-directeur de la prison, Horácio Ribeiro, la « violation des devoirs généraux de poursuite de l’intérêt public, de diligence et de loyauté », en soulignant que le dirigeant, en remplacement à la date de l’évasion, « n’a pas veillé au respect des orientations en matière de surveillance et de sécurité, notamment, dans l’homologation des horaires ».
Concernant le chef de la garde pénitentiaire, le rapport a conclu qu’il avait la responsabilité de la vigilance et de la sécurité le jour en question, notamment la détermination de l’horaire de surveillance (physique et vidéo) des cours intérieures.
Mais ces deux dossiers ont été classés.
« C’était intentionnel, pour nous condamner. Je regrette que la ministre ait été impliquée dans ce jeu de pouvoir de la Direction Générale [de Réinsertion et des Services Pénitentiaires] », critique Frederico Morais.
Hermínio Barradas, président de l’Association Syndicale des Chefs du Corps de la Garde Pénitentiaire, convient que « la première institution à être visée par une procédure disciplinaire, pour avoir créé les conditions [pour l’évasion], devrait être la direction générale ».
Notant que « toutes les conditions étaient réunies pour qu’il se produise quelque chose de grave », le dirigeant détaille : « Ils permettent que le système soit ainsi, déficient, obsolète, en faillite. »
Dans ce contexte, il existe « une probabilité très élevée » que surviennent « des phénomènes indésirables comme l’évasion », évalue-t-il, rappelant que l’effectif à Vale de Judeus ce jour-là était « inférieur à 40% » de l’optimal.
« C’est d’une injustice énorme de tenter d’attribuer des fautes et des responsabilités aux personnes qui accomplissent leurs tâches dans les conditions que le gouvernement offre », note-t-il.
« Il va de soi que nous ferons appel. Il va de soi que nous ne nous tairons pas, il va de soi que nous irons où nous devrons aller », a assuré Frederico Morais, bien que « conscient » que cet appel ira à la propre DGRSP.
« C’est comme si on ne faisait rien », anticipe-t-il, ajoutant qu’il portera le dossier à l’Union Européenne et aux eurodéputés portugais, à qui ils veulent montrer « la honte que l’on vit dans le système pénitentiaire portugais et le complot et la persécution que la propre direction générale fait au corps de la garde pénitentiaire ».

Un an après l’évasion de cinq détenus de Vale de Judeus, l’installation d’inhibiteurs de signal pour télécommunications et drones est en phase d’adjudication pour cet établissement pénitentiaire, et devrait être achevée d’ici la fin de l’année.
Selon Frederico Morais, seul l’avocat du SNCGP a été notifié, les gardiens ne l’ont pas encore été.
Le syndicaliste a souligné que les peines les plus lourdes – suspension de 20 jours – ont été appliquées au chef de service et au gardien qui était aux caméras de vidéosurveillance (CCTV).
Le dossier d’un gardien qui a fait la relève au CCTV a été classé, « puisque c’était déjà en dehors de l’heure de l’évasion », a-t-il précisé, ajoutant que des amendes ont été infligées au chef d’aile (400 euros) et à quatre autres gardiens présents dans le pavillon où ont eu lieu les évasions (entre 200 et 240 euros).
En attendant, le gouvernement actuel « n’a pas de solution » pour les prisons et la carrière pénitentiaire continue de perdre de son attractivité, relève Hermínio Barradas.
« Tout citoyen qui voit ce type de nouvelles et d’événements ne se lancerait dans une telle profession que s’il était fou », constate-t-il.