« Bien que les dépistages auditifs néonatals soient largement mis en œuvre au Portugal, la prévalence des troubles auditifs double presque à l’âge préscolaire », a informé la coordinatrice de l’étude, Margarida Serrano.
L’étude ‘Preschool Hearing Screening: Nineteen Years of the Coração Delta Project in Campo Maior, Portugal’ analyse les résultats de 19 ans de dépistages audiologiques réalisés par les enseignants et les étudiants de l’École Supérieure de Technologie de la Santé de l’Institut Polytechnique de Coimbra (ESTeSC-IPC), à Campo Maior, dans le cadre d’un protocole avec l’association Coração Delta.
Outre l’enseignante Margarida Serrano, l’étude compte également sur la participation de l’enseignante de l’ESTeSC-IPC Cláudia Reis et des étudiants en licence d’Audiologie, Joana Pereira, Joana Teixeira, João Mendes et Mariana Pereira.
Durant cette période, des dépistages ont été effectués sur 1 068 enfants âgés de cinq à six ans, dont 310 (29 %) ont présenté un type de problème audiologique.
Les occurrences les plus fréquemment enregistrées étaient « des modifications du tympanogramme, manifestées unilatéralement [à une oreille] chez 104 enfants (9,7 %) et bilatéralement [aux deux oreilles] chez 81 enfants (7,6 %) ».
Selon la chercheuse, ces modifications peuvent se manifester par une perte auditive (qui apparaît tardivement) ou par une sensation de son étouffé et lointain, causée par la présence de sécrétions dans l’oreille moyenne.
« Ces dysfonctionnements sont difficiles à détecter par les parents et les enseignants, mais peuvent avoir un impact négatif sur l’apprentissage scolaire. Pour l’apprentissage de la lecture, une audition claire est essentielle », a-t-elle souligné.
Pour Margarida Serrano, la détection précoce de ces problèmes est essentielle pour un rendement scolaire réussi.
Depuis 2007, chaque année, l’ESTeSC-IPC collabore avec l’association Coração Delta, effectuant des dépistages audiologiques sur tous les enfants entrant en première année scolaire dans la municipalité de Campo Maior.
Le protocole prévoit la réalisation de trois évaluations : otoscopie (pour analyser la présence de cérumen), tympanogramme (pour évaluer la membrane tympanique et l’oreille moyenne) et dépistage auditif, avec tous les enfants présentant un type de déviation immédiatement observés par un oto-rhino-laryngologiste présent sur place.
« Environ 91 % des enfants observés par l’oto-rhino-laryngologiste sur le lieu du dépistage ont été orientés vers une évaluation hospitalière formelle, car des pathologies ou des besoins de santé nécessitant une intervention médicale ont été confirmés », a-t-elle indiqué.
Selon l’enseignante, ces données démontrent l’importance de réaliser des dépistages audiologiques dans des soins de proximité.
« Une étude récemment publiée dans la revue Lancet montre que la faible littératie est le principal facteur de risque du déclin cognitif chez les jeunes. Le rôle de l’audiologiste est fondamental pour dépister d’éventuels problèmes audiologiques qui compromettent l’apprentissage à l’entrée dans l’enseignement primaire et, par conséquent, la capacité cognitive dans le futur », a-t-elle défendu.
Publié dans la revue Audiology Research, l’étude « Preschool Hearing Screening: Nineteen Years of the Coração Delta Project in Campo Maior » a également compté sur la collaboration des médecins oto-rhino-laryngologistes de l’Hôpital Lusíadas- Lisbonne Luísa Monteiro et Conceição Monteiro.