Les Linhas Aéreas de Moçambique (LAM), qui n’ont pas rendu publiques leurs comptes, avaient enregistré des pertes de 448,6 millions de meticais (six millions d’euros) en 2022, lesquelles ont ainsi augmenté l’année suivante, selon les états financiers les plus récents disponibles, auxquels Lusa a eu accès aujourd’hui.
La compagnie aérienne mozambicaine fait face depuis plusieurs années à des problèmes opérationnels liés à une flotte réduite et à un manque d’investissements, avec l’enregistrement de certains incidents, non mortels, attribués par des experts à la mauvaise maintenance des appareils, la compagnie étant actuellement en plein processus de restructuration.
Malgré les pertes accumulées cette année-là, lorsque la compagnie d’État était sous la gestion des Sud-Africains de Fly Modern Ark (FMA), la vente de services de LAM a cependant augmenté de 4 % en 2023 par rapport à l’année précédente, atteignant 8 813 millions de meticais (118,7 millions d’euros), selon le rapport.
Le document indique que la LAM « a obtenu l’engagement » de l’actionnaire majoritaire « de fournir les ressources nécessaires » pour permettre à la compagnie « de respecter ses obligations et engagements » envers les tiers, « par le biais d’une lettre de confort datée du 7 octobre 2024, émise par l’Institut de Gestion des Participations de l’État (Igepe).
« En outre, elle considère que, pour l’année 2024, avec un budget rigoureux et réaliste, tant avec le soutien des actionnaires qu’avec la mise en œuvre de mesures internes et externes, elle aurait au moins suffisamment de liquidités pour honorer ses engagements », prévoyait l’administration, dans le rapport.
Le document ajoute que, alors, « compte tenu de la perte constatée » au cours de l’exercice « de 2023 et les années précédentes » et du fait que l’entreprise a clôturé l’année avec un capital propre négatif de 19 670 millions de meticais (265 millions d’euros), contre 16 765 millions de meticais (225,8 millions d’euros) en 2022, et que les actifs courants « étaient inférieurs aux passifs courants » pour un montant d’environ 18 641 millions de meticais (251 millions d’euros), la continuité de la compagnie était en question.
« Consciente de cette situation, le conseil d’administration a appelé, à travers plusieurs discussions avec les actionnaires sur la situation de l’entreprise, et proposé des mesures, certaines à court terme et d’autres stratégiques, afin de maintenir la durabilité de l’entreprise », est-il écrit dans le rapport, ajoutant que pour l’exercice clos au 31 décembre 2023, l’État « a réalisé des apports supplémentaires cumulés pour un montant de 1 017 393 669 meticais [13,7 millions d’euros] ».
Le Président du Mozambique, Daniel Chapo, a déclaré le 28 avril qu’il y a des « renards et des corrompus » au sein de la LAM, avec des « conflits d’intérêts » qui ont empêché la restructuration de la compagnie dans les cent premiers jours de gouvernance, y compris l’objectif d’acquérir trois aéronefs pendant cette période.
La crise a conduit la compagnie à ne pratiquement plus effectuer de vols internationaux cette année, se concentrant sur les liaisons internes, ce qui a également conduit à une nouvelle administration en mai et à l’entrée, en tant qu’actionnaires, de la Hidroelétrica de Cahora Bassa (HCB), des Ports et Chemins de Fer du Mozambique (CFM) et de l’Entreprise Mozambicaine d’Assurances (Emose).
Pour minimiser les problèmes récurrents avec les annulations de vols, la compagnie prévoit d’acquérir cinq Boeing 737-700 et a avancé, en attendant ce processus, avec un appel d’offres pour louer cinq autres.
L’Igepe a également annoncé, le 13 mai, l’éviction de l’administration de la LAM et la nomination d’une commission de gestion présidée par Dane Kondic, âgé de 60 ans, de double nationalité (serbe et australienne), ancien directeur exécutif de Air Serbia et ex-président du conseil d’administration de l’EuroAtlantic portugais.