Les médecins de l’urgence de l’Amadora-Sintra alertent sur une rupture imminente.

Les médecins de l'urgence de l'Amadora-Sintra alertent sur une rupture imminente.
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Portugal France

« Nous sommes profondément perturbés par la perte de capacité du service auquel nous appartenons, le risque de régression vers des temps passés — avec moins de ressources humaines, une moindre différenciation technique et une moins bonne qualité d’assistance », alertent les médecins dans la lettre, à laquelle l’agence Lusa a eu accès aujourd’hui.

Ils avertissent que ce scénario deviendra « inévitable si rien n’est corrigé » et déplorent que plusieurs collègues aient déjà manifesté l’intention de quitter l’Unité Locale de Santé Amadora-Sintra (ULSASI).

« Ne faites pas fi des signes évidents de rupture imminente dans le SUG [Service d’Urgence Générale], ni du désengagement croissant et du découragement des éléments qui continuent, avec effort et dévouement, à soutenir l’un des services les plus éprouvés et difficiles au niveau national », lit-on dans la missive adressée au conseil d’administration et aux responsables cliniques de l’ULS.

Les médecins, qui font partie de l’équipe dédiée du SUG, appellent à inverser la trajectoire suivie, « avant que les conséquences ne deviennent irréversibles ».

« Si l’ambition de la direction du SUG et de l’ULSASI est de déconsidérer et déconstruire ce qui a mis des années à se bâtir — et qui a tant fait pour l’institution et pour la population qui la sollicite — il ne restera que découragement et démission », avertissent-ils.

Dans la lettre, les spécialistes affirment qu’il s’agit là « de la seule forme d’appel » qui leur reste, après plusieurs tentatives de dialogue formel et informel.

Ils défendent que le SUG est vital pour la population qu’il sert, et que l’équipe médicale a cherché, « avec fierté et dévouement », à assurer des soins de santé d’excellence, ce qui, selon eux, n’a pas été reconnu.

« Malheureusement, ce n’est pas le sentiment qui résonne au sein de l’équipe médicale du SUG, qui dépasse peut-être même les limites de ce service, impliquant les collègues d’autres services, notamment de Médecine Interne, qui contribuent également à l’objectif de fournir les meilleurs soins de santé aux usagers ».

Les médecins énumèrent neuf points de mécontentement, parmi lesquels l’instabilité de l’équipe médicale, aggravée par une rotation excessive, une surcharge d’horaires et une accumulation de fonctions dans différentes unités.

« Il est inconcevable d’envisager l’existence d’un service sans équipe médicale propre, où les professionnels ne se connaissent pas, où il n’y a pas de continuité, et où l’on adopte une logique de fonctionnement ponctuel. Nous considérons ce modèle non seulement réducteur, mais pervers — nous abominons le concept de ‘médecins du week-end’, qui effectuent des gardes de manière isolée, sans capacité d’intégration ou de responsabilisation », soulignent-ils.

Pour les médecins, « l’absence d’une équipe stable, avec des horaires et une charge de travail compatibles, rend impossible la continuité des soins et une véritable culture d’équipe ».

« La rotation excessive, la dispersion horaire et l’accumulation de fonctions dans différentes unités dénaturent le concept de Service et compromettent sérieusement la sécurité des soins prodigués », avertissent-ils.

Ils estiment également qu’il est fondamental de garantir des conditions pour maintenir la capacité formative du SUG pour les étudiants et médecins internes, et considèrent « inacceptable d’amputer la capacité » du SUG à accueillir et former de jeunes médecins désireux de suivre la nouvelle spécialité de Médecine d’Urgence et d’Urgence.

Ils expriment également leur préoccupation quant à l’évolution récente de la procédure de triage sans la participation de l’équipe médicale du service.

Ils soulignent aussi que l’ouverture du nouvel Hôpital de Sintra s’est effectuée sans le renforcement dû de ressources médicales, se traduisant par « la mobilisation forcée de professionnels pour ce nouveau pôle, sans information préalable, sans négociation et sans garantir le maintien des soins minimaux dans l’hôpital d’origine ».

La tentative d’accumulation de fonctions entre des unités distinctes met en danger, non seulement la qualité, mais aussi la viabilité même des services, avertissent-ils.

Ils alertent également sur « l’inexistence publique » de documents fondamentaux définissant les fonctions, protocoles et normes au nouvel hôpital de Sintra, considérant que ce manque compromet sérieusement la prestation de soins de qualité.

Ils soulignent que leurs préoccupations ne se limitent pas aux questions de rémunération ou aux délocalisations forcées vers l’Hôpital de Sintra, qui ont été ignorées.

« Ce qui nous motive, c’est la recherche d’un développement continu, de conditions de travail sécurisées et, surtout, de l’assistance la meilleure pour la population que nous servons, souvent dans des conditions que nous estimons devoir être corrigées et améliorées », concluent-ils.