Lors du discours commémoratif des 50 ans de la structure syndicale, lors d’une cérémonie qui s’est tenue à la Cour suprême de justice à Lisbonne, le président de l’ASJP a dressé un tableau dual du secteur : d’une part, la fierté du chemin parcouru depuis le 25 avril 1974 ; d’autre part, l’inquiétude face au manque de moyens et à la nécessité de réformes structurelles.
« Il n’y a pas de réforme de la justice sans but, idée ou esprit de réforme », a déclaré Nuno Matos, soulignant que l’amélioration du système implique la « volonté d’investir » de la part du pouvoir politique.
Parmi les principales carences identifiées, l’ASJP a mis en avant le dysfonctionnement des systèmes informatiques, le « grave état de dégradation » de plusieurs bâtiments de tribunaux et, surtout, la démotivation des magistrats et la surcharge de travail.
L’association, qui représente actuellement plus de 95% des magistrats judiciaires, a alerté sur la présence de « juges démotivés et avec des problèmes de santé », conséquence de la « charge de travail excessive », du manque de moyens et d’une « absence évidente de valorisation de leurs carrières ».
Le discours a également critiqué la stagnation du nouveau paradigme de gestion des tribunaux, soulignant le manque d’autonomie administrative et financière du Conseil Supérieur de la Magistrature et des tribunaux de district comme un obstacle à l’efficacité.
Malgré le cahier des charges présenté, l’association syndicale a reconnu l’effort de la tutelle actuelle du Ministère de la Justice dans certains domaines, citant comme exemples positifs les modifications au statut des fonctionnaires judiciaires, le recrutement de nouveaux juges et l’investissement dans la juridiction administrative et fiscale.
Cependant, Nuno Matos a rappelé que « beaucoup reste à faire », les progrès dépendant de la « volonté et du courage politique ».
Rejetant l’image d’un juge « technique et distant », l’ASJP a défendu la nécessité d’une magistrature « attentive à la complexité de la réalité » et à l’humanité des cas concrets, réaffirmant l’engagement de l’association envers l’indépendance judiciaire et la défense de l’État de droit, tant au niveau national qu’international.
« L’ASJP est une institution indépendante de tout pouvoir et intérêt, politiquement et idéologiquement neutre », a réitéré le responsable syndical, concluant que, dans un contexte de « difficultés sérieuses », la défense de l’indépendance des tribunaux reste vitale pour éviter des reculs statutaires.
