Les contours de l’enquête sur Ivo Rosa « remettent en cause l’état de droit ».

Les contours de l'enquête sur Ivo Rosa "remettent en cause l'état de droit".

« Le mot attentat est très fort, mais nous pouvons dire que nous remettons en question ici certains des principes structurels de l’État de droit », a déclaré le président de l’ASJP.

 

Nuno Matos a surtout critiqué le fait qu’une dénonciation anonyme « très peu concrète » ait mis trois ans à être investiguée et que, récemment, le Ministère public auprès de la Cour suprême ait rejeté la demande d’Ivo Rosa de consulter plusieurs enquêtes dans lesquelles il était visé, toutes classées sans suite.

« Comment une dénonciation anonyme si peu concrète, si peu consistante, d’après ce qui est publié, peut-elle prendre trois ans à être investiguée? Ces faits ont-ils été réellement investigués […] ou une enquête a-t-elle été menée dont l’objet allait bien au-delà de cela, dans une tentative de découvrir quelque chose au cours de tant d’années d’investigation? », a-t-il interrogé.

Pour le leader de l’ASJP, l’affaire a atteint « un nouveau palier » lorsqu’on a refusé à Ivo Rosa la connaissance de l’enquête, avec pour justification qu’il n’aurait pas d’intérêt légitime à savoir ce qui avait été investigué.

« Indépendamment des diverses théories plus ou moins conspiratrices pouvant émerger à propos de ce refus d’accès à l’information, cela transmet une idée d’opacité qui n’est pas positive », a souligné Nuno Matos.

Le journal Expresso a rapporté le 24 octobre, sur la base des informations d’Ivo Rosa lui-même, que le Ministère public auprès de la Cour suprême avait refusé au magistrat l’accès à trois enquêtes pénales dans lesquelles il était visé et qui ont été classées sans suite.

La demande a été rejetée par le même procureur général adjoint qui avait classé une enquête liée à des soupçons de corruption, de délit de détournement de fonds et de blanchiment d’argent, et dans laquelle il avait conclu que la dénonciation originale « n’avait aucune sorte de crédibilité ».

Dans cet acte final, le procureur a ordonné la destruction du dossier, ce qui, selon le magazine, n’a pas encore eu lieu.

Ivo Rosa a été responsable de la mise en accusation de plusieurs chefs d’accusation de l’Opération Marquês en 2021, en retirant une série de crimes dont l’ancien Premier ministre José Sócrates (2005-2011) était accusé par le Ministère public.

Le juge, à l’époque affecté au Tribunal Central d’Instruction Criminelle, travaille depuis 2022 au Tribunal de la Relation de Lisbonne.

D’après Expresso, ces dernières années, le magistrat a été investigué dans huit enquêtes pénales : cinq au Tribunal de la Relation de Lisbonne et trois à la Cour suprême.

Dans le cas du Tribunal de la Relation de Lisbonne, le Ministère public a autorisé le juge à consulter les processus, qui va présenter une réclamation au parquet général du refus reçu à la Cour suprême.

L’affaire a été initialement révélée par CNN/TVI.