Le rapport signé par le centre d’études EU Tax Observatory de la Paris School of Economics, en collaboration avec le ministère des Finances du Brésil, révèle, grâce à l’inclusion de nouvelles données, que l’inégalité dans le pays sud-américain est bien plus grande qu’estimée précédemment.
À titre d’exemple, les spécialistes estiment que les 1 % les plus riches concentrent 27,4 % du revenu total, soit 7,1 points de pourcentage de plus que l’estimation la plus récente faite par le gouvernement brésilien.
«Cela place le Brésil parmi les pays les plus inégalitaires du monde», a déclaré en conférence de presse l’économiste Gabriel Zucman, l’un des auteurs de l’étude.
La grande différence est due, selon le rapport, au fait que les bénéfices des entreprises analysées par les chercheurs sont « beaucoup plus concentrés » que les sources de revenus « directement observables », comme les salaires.
De plus, cette situation est aggravée par la régressivité du système fiscal, le Brésil étant l’un des rares pays au monde qui exempt d’impôts les dividendes distribués par les entreprises à leurs actionnaires, ce qui bénéficie de manière disproportionnée aux plus riches.
Dans ce sens, les 0,01 % qui ont un revenu annuel supérieur à un million de dollars paient 20,6 % en impôts, contre une moyenne de 42,5 % pour l’ensemble de la population, indique le rapport.
Une des « nouveautés fondamentales » de l’étude, selon Zucman, est que tous les impôts sont pris en compte, y compris ceux payés par les entreprises détenues par les ultra-riches, offrant ainsi une vue plus globale de l’ampleur de l’inégalité.
Pour corriger cela, le gouvernement de Lula da Silva promeut une réforme de l’impôt sur le revenu qui exonère de taxation ceux qui gagnent moins de 5.000 reais par mois (780 euros) et, en même temps, établit un paiement minimum jusqu’à 10 % pour les plus riches.
La Chambre des députés examine le projet et devrait le voter dans les semaines à venir, avec la probable opposition d’une partie de la droite.