« Le soutien est passé de couvrir entre 60 % et 80 % du seuil de pauvreté en 2010 à environ 40 % en 2023 », selon l’étude « L’Érosion du Régime de Protection du Revenu Minimum Portugais », qui dénonce « un affaiblissement structurel du principal outil de lutte contre l’exclusion sociale » au Portugal.
Les chercheurs ont conclu que le Revenu Social d’Insertion (RSI) a perdu en efficacité en raison de plusieurs modifications législatives et périodes d’austérité : « Il n’a jamais retrouvé la capacité d’assurer un niveau de vie décent ».
L’étude indique que le RSI a cessé, il y a plusieurs années, de suivre l’augmentation du coût de la vie et des salaires.
La recherche a été menée par Luís Manso, Renato Miguel Carmo, Maria Clara Oliveira et Jorge Caleiras et sera présentée lors d’une conférence qui se tient aujourd’hui et jeudi à Lisbonne.
« Nous considérons important de produire des connaissances basées sur des preuves scientifiques concernant une prestation qui a été la cible de mystifications politiques et idéologiques successives », affirme le directeur de l’Observatoire des Inégalités de l’ISCTE, Renato do Carmo, cité dans le communiqué accompagnant la diffusion de l’étude.
Les conclusions soulignent la nécessité d’une réforme du RSI pour rétablir sa fonction de « filet de sécurité sociale » et l’ajuster à la réalité actuelle du marché du travail et des prix.
Parmi les recommandations figurent le rétablissement du lien avec le salaire minimum national et la création de critères de calcul « plus sensibles à la composition familiale » et aux variations du coût de la vie.
« Les familles avec enfants bénéficient d’une certaine compensation par le biais de prestations complémentaires, mais la prestation reçue par les parents reste en dessous du seuil de pauvreté », lit-on dans le document.
L’étude signale que le remplacement de la référence du salaire minimum par l’Indexe des Soutiens Sociaux (IAS), l’introduction de critères plus restrictifs et la redéfinition du concept de revenu ont eu des effets cumulatifs sur la réduction du soutien.
« Si l’on ajoute à cela le fait que le nombre de bénéficiaires de RSI est parmi les plus bas jamais enregistrés, nous sommes face à une prestation qui a considérablement érodé sa capacité à répondre aux besoins de base des personnes vivant dans la pauvreté », défend Renato do Carmo.
