Le gouvernement a reconnu ce dimanche l’État de Palestine, comme il l’avait déjà annoncé. Le Portugal rejoint ainsi le Royaume-Uni, le Canada et l’Australie, qui ont communiqué cette décision en début d’après-midi aujourd’hui, devenant ainsi le 13e pays de l’Union européenne à reconnaître l’État palestinien.
« Aujourd’hui, 21 septembre 2025, l’État portugais reconnaît officiellement l’État de Palestine », a déclaré le ministre des Affaires étrangères, Paulo Rangel, à New York, aux États-Unis.
Paulo Rangel a affirmé que la décision découle de la convergence entre le Président de la République, Marcelo Rebelo de Sousa, et d’une « large majorité des partis siégeant au Parlement ».
Selon le chef de la diplomatie portugaise, la consultation qui a mené à cette décision a également abordé la solution de deux États : « Comme solution future concernant le conflit israélo-palestinien, nous avons pu constater une position unanime des partis représentés à l’Assemblée de la République ».
« La reconnaissance de l’État de Palestine correspond donc à la réalisation d’une ligne fondamentale, constante et consensuelle de la politique étrangère portugaise », a-t-il souligné, rappelant que le Portugal préconise la solution de deux États « comme la seule voie vers une paix juste et durable, qui favorise la coexistence » entre Israël et la Palestine.
Rangel a ainsi affirmé qu’Israël a le droit aux « besoins de sécurité » et a condamné les attaques du Hamas ainsi que toutes les actions de groupes, terroristes ou non, qui « nient le droit d’Israël à exister ». Il a également exigé la libération immédiate de tous les otages, ainsi que des corps de ces derniers.
Concernant la déclaration de reconnaissance de la Palestine, Rangel a affirmé qu’elle s’effectue après que le gouvernement auquel il appartient a vérifié les conditions qu’il avait établies pour avancer dans ce domaine : « D’une part, que le Portugal ne progresserait qu’avec un groupe d’États occidentaux qui ont partagé des positions sur cette question au fil du temps. D’autre part, qu’il n’avancerait que s’il y avait un effet utile, tangible et conséquent de ladite déclaration. C’est pourquoi le Portugal a participé activement à la préparation et à la session du 28 au 30 juillet à la conférence de haut niveau tenue ici, aux Nations Unies ».
L' »effet utile » et les condamnations
Rangel a rappelé que le chef de l’État, Marcelo Rebelo de Sousa, représentera le Portugal lors de la session de lundi à New York.
« L’effet utile et le caractère conséquent de la déclaration de reconnaissance sont clairement visibles dans les trois piliers sur lesquels repose la déclaration de la conférence de haut niveau », a-t-il affirmé, rappelant que cette ‘triade’ concerne en premier lieu les garanties offertes par l’Autorité Palestinienne (condamnation du terrorisme, préparation d’élections, reconnaissance d’Israël, etc.).
« Le deuxième pilier repose sur le groupe d’États arabes qui n’ont pas encore reconnu Israël et qui sont disposés à le faire et à normaliser les relations diplomatiques », a-t-il ajouté, évoquant également la condamnation du Hamas faite par l’ONU.
Quant au troisième pilier, Rangel a parlé de la disposition des États occidentaux qui n’ont pas encore reconnu la Palestine à le faire. « L’évolution extrêmement préoccupante du conflit, notamment avec des références réitérées à la volonté d’annexer des territoires palestiniens, peut empêcher ou rendre très difficile la réalisation de la solution des Deux États. C’est là encore un effet utile et concret de cette déclaration de reconnaissance », a-t-il détaillé.
Le chef de la diplomatie portugaise a néanmoins souligné que cette reconnaissance « n’efface pas la catastrophe » qui se déroule à Gaza, et pour cela, Rangel a condamné, au nom du gouvernement portugais, les restrictions à l’entrée de « l’aide humanitaire, la situation de famine générée, le déplacement forcé de populations dans la bande de Gaza », entre autres.
« Il condamne également l’expansion des colonies en Cisjordanie, qui est également un facteur empêchant la solution des Deux États. Un cessez-le-feu est essentiel et urgent pour mettre fin à cette urgence. Il est urgent et critique de libérer les otages, dont certains sont nos ressortissants ou ont des liens avec notre pays », a-t-il pointé.
« Nous souhaitons qu’Israël comprenne notre position »
À la fin de la déclaration, le ministre a également lancé un appel : « En ce jour où le Portugal reconnaît l’État de Palestine et réaffirme sa volonté de renforcer les profondes et anciennes relations d’amitié du peuple portugais avec le peuple israélien, et les relations d’amitié renouvelées et prometteuses avec le peuple palestinien, nous exhortons, du fond de nos cœurs, à la cessation de toutes les hostilités, à donner une chance au rétablissement de l’aide humanitaire complète, à ouvrir une fenêtre de lumière pour la paix ».
Soulignant l’endroit choisi pour faire cette déclaration, au sein de la représentation portugaise de l’Organisation des Nations Unies, Rangel a souligné l’importance de l’organisme, qui est fondamental pour ce chemin vers la paix: « Que les otages soient libérés, qu’un cessez-le-feu soit initié, que les frontières s’ouvrent à l’aide humanitaire, que des chemins de coexistence pacifique, qui ont tant souffert et souffrent encore, soient tracés. Il est plus que temps de faire des pas nécessaires pour la paix ».
Interrogé sur la position d’Israël, Rangel a déclaré que le Portugal a informé Tel-Aviv de cette étape franchie aujourd’hui et a souligné qu’il souhaite maintenir des « ponts et un dialogue » avec Tel-Aviv. « Nous n’avons aucune hésitation à vouloir entretenir des relations pacifiques avec les deux États. Nous espérons qu’Israël pourra comprendre notre position. Elle n’est jamais faite, en aucun cas, contre Israël. Elle est faite en faveur de la paix et, naturellement, du droit du peuple palestinien à l’autodétermination », a-t-il répondu.
Rangel a également déclaré que le Portugal tenterait d’utiliser tous les instruments diplomatiques avec Israël pour « convaincre » le pays de la « bonté » de cette position, qui « vise également à défendre la sécurité d’Israël. Ce n’est que par l’équilibre et l’accord entre les deux parties, l’État palestinien et l’État d’Israël, qu’il peut aussi y avoir sécurité pour Israël. C’est aussi dans l’intérêt d’Israël que ce processus doit avancer ».
[Informations mises à jour à 20h41]