En déclarations à l’agence Lusa, à la suite de la présentation du «Rapport Personnes Handicapées au Portugal: Indicateurs de Droits Humains 2025», qui a lieu aujourd’hui à Lisbonne, Paula Campos Pinto a souligné que le pays continue d’avoir un taux de pauvreté parmi les personnes handicapées «très supérieur à celui observé dans la population en général».
La présentation du rapport se déroule lors de la IX Rencontre de l’ODDH, qui cette année situe le Portugal dans le contexte européen, et c’est dans cette comparaison que la professeure et chercheuse attire l’attention sur les fluctuations du taux de pauvreté avant et après les transferts sociaux et la différence par rapport à la moyenne européenne.
Selon Paula Campos Pinto, il y a « un fait intéressant », dans la mesure où, au Portugal, le taux de pauvreté des personnes handicapées avant les transferts sociaux « est légèrement inférieur à la moyenne de l’Union Européenne ».
Le rapport souligne qu’en 2024, plus de deux tiers (66,4%) des personnes handicapées de plus de 16 ans faisaient face à un risque de pauvreté avant les transferts sociaux au Portugal, soit le double de ce qui se passe avec les personnes sans handicap.
Cependant, après les transferts sociaux, le taux de pauvreté devient supérieur à celui de l’Union Européenne, soit 22,2% contre 20,6% par rapport à la moyenne européenne.
Des données qui, selon la responsable, montrent qu’il existe encore « une grande disparité entre le Portugal et la moyenne européenne » en termes de dépenses de protection sociale pour le handicap, tant en pourcentage du Produit Intérieur Brut qu’au niveau de la parité de pouvoir d’achat.
« En termes de PIB, nous sommes à 1,49% et la moyenne européenne est de 1,88%. Lorsqu’on examine un indicateur qui tente d’homogénéiser le coût de la vie des différentes sociétés, appelé parité de pouvoir d’achat, la dépense par personne est de 448,69 euros au Portugal et de 725,28 euros en moyenne dans l’Union Européenne », a-t-elle souligné.
Pour Paula Campos Pinto, ces données croisées avec le taux de pauvreté après les transferts sociaux révèlent que « le Portugal doit investir davantage dans le soutien social aux personnes handicapées pour qu’elles se rapprochent du standard européen ».
La coordinatrice de l’Observatoire a rappelé que l’introduction de la Prestation Sociale pour l’Inclusion (PSI) a eu « quelque effet en termes de diminution du taux de pauvreté » et a défendu que « cet appui doit être plus significatif ».
Elle a critiqué le fait que les personnes ayant un degré d’incapacité compris entre 60% et 80% perdent le droit à la prestation « lorsqu’elles entrent sur le marché du travail si leurs revenus sont légèrement supérieurs ».
« Cela n’aura plus cet effet de compensation des dépenses accrues que toute personne handicapée doit supporter et c’est pourquoi nous voyons ces indices de pauvreté plus élevés dans la population handicapée », a-t-elle défendu.
Elle s’est également opposée à l’introduction de la condition de ressources dans l’attribution de l’assistance personnelle, estimant que cela va à l’encontre de la défense d’un investissement public accru et que « cela n’a aucun sens dans le contexte du handicap ».
« Nous parlons de personnes qui auront toujours un surcoût dû à leur handicap. Ce n’est pas une option d’avoir une assistance personnelle, ce n’est pas un luxe, c’est une nécessité pour que les gens puissent étudier, travailler, avoir une vie sociale », a-t-elle souligné.
Elle a ajouté qu’il ne s’agit pas d’une situation exceptionnelle, mais d’un besoin essentiel, sans lequel de nombreuses personnes handicapées ne pourraient même pas « sortir du lit ».
Le « Rapport Personnes Handicapées au Portugal: Indicateurs de Droits Humains 2025 » révèle que l’analyse comparative « a permis de comprendre le long chemin qu’il reste à parcourir au Portugal » pour que le pays se rapproche du standard européen.
« En matière d’éducation, d’emploi, de conditions de vie, les Portugais handicapés présentent encore des indicateurs défavorables », peut-on lire dans le document.
L’exemple donné est un taux de pauvreté supérieur à la moyenne européenne et en augmentation depuis 2022, un taux de chômage de longue durée (égal ou supérieur à 12 mois) plus élevé et à contre-courant de la réduction observée en Europe, un taux d’abandon scolaire et une proportion de jeunes ni en emploi ni en formation (NEET) supérieurs à la moyenne de l’UE à 27.
