« Nous devons célébrer un vaste réseau d’accords de libre-échange, et le premier doit être avec le Mercosur. Si nous dépassons décembre sans parvenir à l’accord, ce sera un échec total », a déclaré Paulo Rangel lors de son intervention au Forum EuroAmériques, qui se déroule aujourd’hui à Carcavelos, Cascais.
Signé en décembre 2024, l’accord commercial entre l’Union Européenne (UE) et le Mercosur (le bloc économique reliant les pays d’Amérique du Sud depuis 1991) vise à éliminer la majorité des droits de douane à l’importation pour créer l’une des plus grandes zones de libre-échange du monde.
L’accord a été l’objet de nombreuses critiques et résistances, notamment des secteurs agricoles européens, en particulier de la France, en raison de la concurrence et des préoccupations environnementales.
Malgré cela, l’accord est actuellement en phase de ratification, et la présidente de la Commission Européenne, Ursula von der Leyen, a annoncé au début de ce mois que la signature devrait avoir lieu le 20 décembre.
Pour le ministre portugais, cela doit être le premier de plusieurs accords économiques entre l’Europe et les Amériques qui, a-t-il soutenu, doivent suivre l’exemple de celui signé avec le Canada.
« Les liens entre l’Europe et les Amériques doivent être économiques. Le recul des États-Unis [adopté par l’administration Trump et ayant conduit à la création ou au renforcement des tarifs à l’importation avec une grande partie du monde] a introduit un facteur de scepticisme quant à la croissance dans le futur », a rappelé Paulo Rangel.
Mais « nous avons été éduqués avec l’idée que le commerce libre est un signe de croissance et il y a des signes d’espoir : l’accord avec le Canada montre un grand succès » et doit être « un modèle pour l’avenir », a-t-il défendu, soulignant qu’il est nécessaire de créer « un vaste réseau de libre-échange ».
Pour le ministre des Affaires étrangères, la croissance est essentielle pour tous les pays, notamment ceux d’Europe.
« Sans prospérité, il est beaucoup plus facile d’attaquer les démocraties », a-t-il dit, soulignant qu’en plus du commerce, l’accent doit être mis sur la technologie.
C’est pourquoi « pour nous, dans l’UE, et pour les Amériques en général, il n’y a pas d’alternative. Si l’espace atlantique veut s’imposer, s’il veut garantir que son modèle de bien-être social est viable et durable, il doit dès maintenant miser sur la technologie et passer à l’IA [Intelligence Artificielle]. »
Bien qu’il reconnaisse que l’Europe est en retard dans le développement de l’IA par rapport aux États-Unis et à la Chine, Paulo Rangel estime que cela peut devenir un avantage à condition qu’il y ait un investissement dans les technologies les plus modernes.
À titre d’exemple, le ministre a évoqué la situation du secteur automobile.
« Aujourd’hui, tout le monde est obsédé par la mobilité électrique. Mais miser entièrement sur la mobilité électrique est une erreur. La Chine, lorsqu’elle a vu qu’elle ne pouvait pas concurrencer l’Amérique et l’Europe » dans le domaine des automobiles à combustion, « a misé sur la mobilité électrique ».
Maintenant que ce pays est le leader dans ce domaine, nous ne devons pas « courir après les pertes », a-t-il estimé.
« Si nous le faisons, lorsque l’hydrogène [comme combustible] arrivera, d’ici 15 ou 20 ans, nous serons à la traîne. Nous devons être capables d’anticiper la prochaine révolution et prendre de l’avance », a-t-il défendu.
Le Forum EuroAmériques, événement promu par le Conseil de la Diaspora Portugaise, se tient entre aujourd’hui et mardi et réunit des responsables d’organisations internationales, des ambassadeurs et diplomates, des chefs d’entreprise, des philanthropes et des universitaires des deux continents.
La rencontre a pour thème « Longévité : Moteur d’Opportunités Globales » et vise à explorer ce que l’augmentation de l’espérance de vie représente pour la construction de systèmes de santé résilients, la création de villes durables et la promotion de partenariats mondiaux durables permettant à des démocraties et des économies de perdurer au fil des générations.
