Le ministre de l’Agriculture a affirmé aujourd’hui que la vision de la Commission européenne pour la Politique agricole commune (PAC) pourrait détruire le marché agricole, en permettant que les aides aux agriculteurs dépendent des ressources financières de chaque État-membre.
« Ce qui va se passer, c’est que les pays avec plus de ressources vont soutenir leurs agriculteurs avec des fonds nationaux et régionaux, tandis que les plus pauvres n’auront pas cette capacité. Cela détruit le marché et met fin à la politique agricole commune », a déclaré José Manuel Fernandes à Lusa, ajoutant : « Nous aurons des politiques agricoles nationales, avec des règles communes, mais des soutiens inégaux ».
Lors du débat « Investissement en Irrigation : quelles nouveautés ? », organisé par la Fédération Nationale des Irrigants de Portugal (FENAREG), dans le cadre de l’AGROGLOBAL, à Santarém, le ministre a estimé que cette approche ouvre la voie à un conflit entre États-membres, les agriculteurs exigeant des soutiens équivalents à ceux accordés dans d’autres pays, comparant ce scénario à ce qui est arrivé à l’industrie automobile.
« On a d’abord détruit l’industrie, pour maintenant dire qu’elle est importante. On va détruire la PAC pour un jour reconnaître qu’elle fonctionnait bien », a-t-il déclaré.
José Manuel Fernandes a souligné que, jusqu’à présent, les soutiens étaient distribués de manière équitable, en tenant compte des différences régionales, mais que le nouveau modèle va générer une « concurrence déloyale » entre les agriculteurs de différents pays.
« Un agriculteur d’un pays avec une plus grande capacité budgétaire pourra vendre moins cher, ce qui provoquera une baisse de revenu dans les pays qui ne pourront pas suivre ce niveau de soutien. C’est la destruction du marché », a-t-il affirmé, ajoutant que « le Portugal, avec un budget équilibré mais limité, sera désavantagé ».
Lors de l’initiative, le ministre a également défendu que le Portugal devait miser sur une stratégie nationale d’irrigation, « intégrée et de long terme », comme moyen de garantir compétitivité, durabilité et cohésion territoriale.
« Ne rien faire a un coût. Retarder a un coût. L’exemple d’Alqueva montre que l’investissement est déjà amorti et génère 331 millions d’euros par an pour l’État », a-t-il souligné.
José Manuel Fernandes a également critiqué ce qu’il a qualifié de « radicalisme environnemental », affirmant qu’il y a ceux qui « préfèrent le désert à la cohésion » et que « les recours suspensifs contre des travaux essentiels, comme les barrages, nuisent à l’environnement au lieu de le protéger ».
Le responsable a assuré qu’un plan est en cours d’exécution, avec plus de 40 projets agricoles en cours, un investissement de 423 millions d’euros, et il a appelé à la rapidité dans l’analyse des contributions de la consultation publique.
« Nous sortons des projets des tiroirs pour les exécuter. Nous ne sommes pas là pour détruire ce qui a été fait, mais pour assurer la continuité, améliorer et transformer », a-t-il conclu.