Les mesures font partie d’un ensemble de dispositions dans le domaine de la justice approuvées lors du Conseil des Ministres de jeudi. Dans le but d’accélérer les procédures, elles prévoient la création d’un « devoir de gestion procédurale active » pour les juges et le ministère public, leur accordant le pouvoir de refuser les actes dilatoires (actions procédurales destinées à retarder indûment l’avancement d’une procédure judiciaire) et introduisant une amende pour acte dilatoire, similaire au régime établi dans le processus civil.
Selon la proposition de loi approuvée par le gouvernement et qui sera débattue à l’Assemblée de la République, l’ensemble des modifications « adapte au processus pénal la ‘défense contre des retards abusifs’ lors de la phase d’appel », prévoit que le régime de récusation de juge cesse d’avoir un effet suspensif sur les processus, c’est-à-dire qu’il ne ralentira plus leur avancement, ajuste les délais dans les procès de « complexité exceptionnelle » et crée des règles pour la pratique d’actes hors délai, prévoyant aussi ici l’application de sanctions.
Au parlement, se poursuit également la discussion sur la proposition du gouvernement visant à réviser le régime de la perte élargie de biens, qui prévoit que cela puisse se produire même en cas de décès ou de prescription des procès et que les biens puissent être rapidement vendus ou réassignés à l’État.
La loi-cadre de la politique criminelle pour 2025-2027 a également été approuvée, énonçant les domaines de « criminalité violente et organisée, terrorisme, corruption, économie et finances, cybercriminalité, traite des personnes, aide à l’immigration illégale, incendies de forêts, accidents de la route graves et crimes environnementaux » ainsi que les crimes de violence domestique, crimes sexuels, blanchiment, crimes de haine, crimes en contexte scolaire ou de santé et cybercriminalité » comme crimes de prévention et d’investigation prioritaires.
La loi-cadre prévoit également la création « d’équipes spéciales d’enquête sur les crimes d’aide à l’immigration illégale et de traite des personnes et pour la lutte contre la fraude dans le SNS, parallèlement à la Commission de Lutte contre la Fraude dans le SNS », qui sera dirigée par le juge Carlos Alexandre.
L’exécutif a également approuvé une proposition spécifique pour les crimes et victimes de violence domestique, qui « renforce la capacité du système judiciaire à enquêter et à juger la violence domestique, les mauvais traitements et les crimes sexuels contre des mineurs, en protégeant mieux les victimes particulièrement vulnérables et en corrigeant les distorsions probatoires », selon la note explicative du ministère de la Justice.
La proposition « renforce le traitement pénal de la violence domestique » et vise à éviter « l’effondrement du procès par le refus ultérieur de témoignage », permettant d’utiliser en jugement des déclarations valides faites lors de la phase d’enquête, même dans les cas où les victimes refusent de témoigner au tribunal, et instaure comme règle le régime de déclarations pour mémoire future dans les cas de victimes de violence domestique ou de victimes particulièrement vulnérables.
Il est également créé un régime spécial pour entendre les enfants et il est stipulé que le droit de refus de témoignage d’un mineur ne peut être exercé que par lui-même et non par son représentant légal.
Un budget de plus de sept millions d’euros a également été approuvé pour la période 2026-2026 pour les services de téléassistance aux victimes de violence domestique.
Le gouvernement souhaite simplifier les procédures des frais judiciaires dans les secrétariats judiciaires et du ministère public et veut instituer un régime de conseil aux magistrats basé sur un modèle de bureaux centralisés.
Pour faire face au « manque de magistrats, surtout au ministère public », le gouvernement a autorisé la reprogrammation de deux cours de formation de magistrats, dont les stages seront réduits d’un an à six mois, afin d’anticiper l’entrée effective en fonctions.
