Le coût du logement et le manque de soutien éloignent les étudiants du supérieur.

Le coût du logement et le manque de soutien éloignent les étudiants du supérieur.
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La première phase des candidatures au concours national d’accès à l’enseignement supérieur s’est terminée lundi, avec environ 50 000 étudiants inscrits, soit neuf mille de moins par rapport à l’année précédente, et un chiffre comparable seulement à celui de 2018.

Un des possibles motifs évoqués par les présidents des fédérations académiques de Lisbonne et de Porto est le coût de la fréquentation de l’enseignement supérieur, notamment une dépense en particulier : le logement étudiant.

Selon l’Observatoire du Logement Étudiant, qui identifie l’offre privée de logement pour les étudiants et les loyers pratiqués au niveau national, une chambre à Lisbonne coûte en moyenne 500 euros par mois.

La capitale est la ville la plus chère, mais dans d’autres villes abritant des établissements d’enseignement supérieur, les prix représentent également un obstacle. À Porto, par exemple, le loyer moyen est de 400 euros et à Faro, il avoisine les 380 euros, descendant légèrement à 330 euros à Aveiro et 280 euros à Coimbra.

« Une famille avec des conditions socio-économiques moins favorisées aura certainement beaucoup de difficulté à permettre à leurs enfants d’étudier dans l’enseignement supérieur », a souligné le président de la Fédération Académique de Lisbonne (FAL).

Dans des déclarations à l’agence Lusa, Pedro Neto Monteiro rappelle que, l’année dernière, louer une chambre à Lisbonne coûtait en moyenne 480 euros.

« C’est une augmentation significative, sans correspondance dans la capacité des familles à supporter ces frais », note-t-il.

À Porto, les loyers ont également augmenté cette année et Francisco Porto Fernandes souligne que, tandis que les étudiants les plus pauvres ont la priorité d’accès aux résidences étudiantes publiques ou peuvent bénéficier d’un complément de logement, les familles de classe moyenne se retrouvent « asphyxiées financièrement » pour permettre à leurs enfants de suivre des études supérieures.

D’un autre côté, le président de la Fédération Académique de Porto (FAP) estime que même les aides pour les étudiants démunis sont insuffisantes.

Pour l’année académique 2025/2026, l’aide au logement actuellement accordée aux étudiants boursiers sera élargie à tous les étudiants de l’enseignement supérieur déplacés dont le revenu annuel ‘per capita’ du ménage est inférieur à 14 630 euros.

Sous réserve de ce qui est prévu pour les boursiers, les autres étudiants déplacés avec de faibles revenus auront aussi droit à un « complément mensuel égal au montant effectivement payé pour le logement et justifié par un reçu ou un virement bancaire », selon la loi de l’Assemblée de la République.

Le principal problème, selon les présidents des deux fédérations académiques, est qu’environ la moitié des jeunes soumis au marché parallèle n’ont pas de contrat de location.

« C’est une bonne mesure et il est important qu’elle soit maintenue, mais elle ne résout pas le problème de manière structurelle », estime le responsable de la FAP, qui prône la construction de plus de résidences publiques et le renforcement des lignes de crédit pour que les établissements d’enseignement supérieur concluent des protocoles avec des entités publiques, privées et sociales.

Quant aux résidences étudiantes, le gouvernement prévoit que, d’ici septembre, les travaux soient achevés dans 19 résidences universitaires, représentant plus de deux mille lits, dont la majorité sont nouveaux, auxquels peuvent s’ajouter 2 270 lits supplémentaires via des protocoles pour le logement étudiant.

Dans un bilan fait à Lusa la semaine dernière, le ministère de l’Éducation, de la Science et de l’Innovation indiquait que l’objectif défini par le gouvernement précédent était d’arriver à 18 000 lits, objectif qui, entre projets terminés et approuvés mais à démarrer, compte déjà 19 000 lits contractualisés.

À Lisbonne, selon le président de la FAL, il y a environ 2 700 lits disponibles, mais l’ensemble des étudiants déplacés dans la région avoisine les 50 000, et ainsi, même les 19 000 lits contractualisés pour tout le pays ne suffiraient pas.

Une autre alternative pour soutenir les étudiants déplacés serait le programme Porta 65 Jovem, qui vise à soutenir les jeunes de 18 à 35 ans dans la location de logement, mais aussi dans ce cas, la majorité reste exclue.

Outre le fait que beaucoup n’ont pas de contrat de location, la majorité vit en chambres louées et continue à déclarer leurs impôts avec leurs parents, situations qui ne sont pas acceptées.

« Il faut faire davantage pour permettre aux étudiants universitaires d’avoir accès à un logement abordable », défend Pedro Neto Monteiro.

« Le problème du logement étudiant n’est pas un problème des jeunes, ni des parents. C’est un problème du pays, car l’enseignement supérieur devrait être un ascenseur social et il est très probablement en train de reproduire les inégalités préexistantes, car ceux qui ont moins ne peuvent pas survivre dans le système », affirme quant à lui le président de la FAP.

Le ministre de l’Éducation, Fernando Alexandre, a déjà annoncé l’intention de revoir le système de l’action sociale et a demandé la réalisation d’une étude sur ce qui est actuel.

Les éventuelles modifications auront des effets pour l’année académique 2026/2027, mais les étudiants alertent que les problèmes sont urgents. « Pour hier, même », souligne le président de la FAL.