La modification de l’âge minimum légal pour se marier est entrée en vigueur le 2 avril, interdisant les mariages impliquant des mineurs de moins de 18 ans. Parallèlement, le mariage d’enfants, précoce ou forcé, est désormais considéré comme une situation de danger légitimant une intervention pour la promotion des droits et la protection des enfants et des jeunes en danger.
Dans un communiqué, le CNEV souligne que la promulgation de cette loi ne conclut pas la réflexion publique nécessaire sur le sujet, indiquant qu’il devrait y avoir « une perspective intersectorielle, multidisciplinaire et étendue » concernant la réalité des mariages impliquant des mineurs au Portugal.
Qualifiant cela de « contribution à la réflexion publique, » le CNEV « alerte sur l’existence de mariages qui se produisent dans des contextes informels » et insiste sur l’importance d’investir dans la compréhension de ce qui se passe réellement sur le terrain, en tant que fondement pour toute stratégie efficace s’opposant aux mariages précoces.
L’organisme propose trois recommandations incluant diverses mesures, notamment un investissement dans la collecte systématique de données sur les mariages de mineurs, « afin de concevoir des mesures d’intervention adéquates et efficaces pour la prévention et la protection des jeunes à risque. »
Ensuite, il suggère que, parallèlement à la modification législative, soit adoptée « une approche multidisciplinaire intégrée combinant le cadre légal avec des programmes d’éducation et de soutien social. »
Dans le cadre de cette mesure, le CNEV propose d’organiser des campagnes de sensibilisation et d’information sur les risques associés aux mariages précoces, destinées aux jeunes et aux communautés à plus haut risque de cette pratique, ainsi que la création de programmes scolaires spécifiques sur l’autonomie et le développement personnel et social.
La troisième recommandation appelle à renforcer les capacités des Commissions de Protection des Enfants et des Jeunes sur ce sujet, et des divers professionnels concernés, « pour garantir que les cas à risque soient correctement signalés, » et à faciliter l’accès à un soutien spécialisé éducatif, psychologique et juridique pour les victimes ou les jeunes en situation de vulnérabilité.
Le CNEV recommande que ces dernières mesures soient mises en œuvre en complément des mesures législatives, formatives et sociales.
Pour le CNEV, « c’est uniquement avec une bonne compréhension de ce qui se passe réellement sur le terrain » qu’il est possible de définir une stratégie efficace s’opposant aux mariages de mineurs, un phénomène qui, alerte-t-il, compromet l’avenir des jeunes.
« L’articulation entre mesures légales, actions éducatives et soutien social est vue comme axe central de la proposition, avec une attention particulière pour les programmes promouvant l’autonomie personnelle, le développement émotionnel et la littératie juridique des jeunes, » explique-t-il.
Selon les données les plus récentes fournies par l’Institut des Registres et du Notariat (IRN) à l’agence Lusa, le Portugal a enregistré 470 mariages impliquant des mineurs depuis 2023 jusqu’aux trois premiers mois de 2025, marquant une augmentation de 187% entre 2020 et 2024.
Ces 470 mariages concernent un total de 940 personnes mariées, dont 705 avaient entre 16 et 18 ans. Parmi ces jeunes, 54% (381) avaient 16 ans.