Dans une lettre à laquelle l’Agence Lusa a eu accès, le président de l’APTAD, Ivo Fernandes, indique que la décision prise par Uber Portugal, « avec le kilomètre passant à 0,52 euro et la minute se maintenant à un inacceptable 0,08 euro » est « irresponsable, injustifiable et révèle un mépris total pour les chauffeurs et opérateurs qui assurent quotidiennement le service ».
La semaine dernière, Uber et le Syndicat National de l’Industrie et de l’Énergie (SINDEL) ont signé un mémorandum d’entente qui définit un nouveau modèle de travail à travers les plateformes numériques, avec des protections adaptées à la réalité de ces travailleurs.
Le mémorandum prévoit également qu’Uber garantira qu’aucun livreur ou chauffeur choisi pour être représenté par le SINDEL « ne recevra un revenu inférieur au salaire minimum national pendant les périodes où ils prestent des services via leurs plateformes, indépendamment des prix pratiqués auprès des consommateurs ».
Ivo Fernandes s’interroge sur le sens de « baisser encore plus les prix », après l’annonce faite par Uber il y a moins d’une semaine, « garantissant qu’ils commenceraient à rémunérer conformément au salaire minimum ».
« C’est un non-sens qui ne fait qu’aggraver la précarité, détruire le revenu et pousser des milliers de travailleurs vers des niveaux de rémunération indignes », accuse le responsable.
Ainsi, le responsable exige du gouvernement, de manière claire et urgente, qu’il agisse « immédiatement à la modification de la loi », estimant qu’il est « plus que prouvé que la législation actuelle couvre totalement ces pratiques dommageables et laisse chauffeurs et opérateurs sans aucune protection ».
Selon Ivo Fernandes, il est « public et notoire » qu’avec les tarifs actuellement pratiqués, aucun chauffeur ne peut obtenir un « revenu digne » et aucune entreprise opératrice ne peut maintenir « une opération durable ».
« La législation actuelle, telle qu’elle est, permet aux plateformes d’imposer des prix destructeurs sans aucune responsabilité quant à l’impact économique et social », peut-on lire dans la lettre.
Ivo Fernandes rappelle aussi que dans la proposition de modification législative présentée au gouvernement, il a défendu deux mesures pour « arrêter l’érosion du secteur », notamment le taux d’occupation minimum (contingent dynamique qui ajuste automatiquement le nombre de véhicules en fonction de la demande réelle, empêchant la saturation du marché) et les tarifs minimums obligatoires (prix par minute et par kilomètre jamais en dessous du coût réel de l’opération).
Dans la lettre, l’APTAD maintient qu’elle continuera à dénoncer, « sans hésitation, toutes les pratiques qui mettent en cause la dignité économique du secteur TVDE ».
L’accord entre Uber et le syndicat « introduit un nouveau modèle de représentation » adapté à la réalité du travail à travers les plateformes numériques, qui permettra à « tous les chauffeurs et livreurs de choisir s’ils souhaitent être représentés et de quelle manière, selon leurs niveaux d’activité ».
Selon la plateforme, le mémorandum d’entente offre à tous les chauffeurs et livreurs qui adhèrent « une assurance qui inclut des protections en cas d’accident, d’incapacité, qu’elle soit temporaire ou permanente, de maladie, de parentalité et de décès ».
L’Association Nationale Mouvement TVDE (ANM-TVDE) s’est également exprimée sur l’accord, déplorant que le SINDEL, syndicat qui « devrait servir et protéger les travailleurs des plateformes numériques », ait choisi d’agir « comme intermédiaire commercial » d’Uber.
