L’Angola compte 1 500 infractions dans le paiement du salaire minimum en 10 mois.

L'Angola compte 1 500 infractions dans le paiement du salaire minimum en 10 mois.

La Campagne Salaire Juste, lancée officiellement aujourd’hui à Luanda et dont les actions d’inspection se dérouleront du 24 novembre au 18 décembre, vise à garantir l’application effective du salaire minimum national en Angola, passé de 70 000 kwanzas (66 euros) à 100 000 kwanzas (94 euros) depuis le 16 septembre.

Le secrétaire d’État au Travail et à la Sécurité Sociale, Pedro Filipe, a déclaré lors de l’ouverture de la cérémonie que la campagne a été mise en place pour s’assurer que les dispositions du décret présidentiel approuvant le salaire minimum dans le pays « ne restent pas lettre morte ».

« Nous devons veiller à ce que ce large consensus (entre le gouvernement et les syndicats qui a permis l’actualisation du salaire minimum) puisse être effectivement mis en œuvre, et en particulier, l’Inspection Générale du Travail (IGT) a des responsabilités accrues », a-t-il déclaré.

Un diagnostic « profond et réaliste » réalisé par l’IGT, résultant de plus de six mille actions d’inspection effectuées au cours des dix derniers mois, couvrant plus de 4 000 entreprises et plus de 155 000 travailleurs, a constaté plusieurs irrégularités, dont plus de 1 500 infractions liées au non-respect du salaire minimum national, a-t-il affirmé.

« Pour cette raison, nous avons décidé de lancer cette campagne, qui a une dimension pédagogique, bien qu’elle ait également un caractère disciplinaire, pour inciter les entreprises, les travailleurs et la société en général à s’engager dans ce processus de respect du salaire minimum », a-t-il expliqué.

Au moins 200 inspecteurs de l’IGT, organisme supervisé par le Ministère de l’Administration Publique, du Travail et de la Sécurité Sociale, participeront à cette campagne, ont indiqué les autorités, exhortant les employeurs à considérer que le paiement d’un salaire équitable « est plus qu’un devoir ».

« C’est une question de justice sociale, de dignité, de respect envers autrui », a-t-il souligné.

Pedro Filipe a également appelé toutes les entités employeuses qui ne se sont pas encore adaptées à ce processus à se conformer à la loi, garantissant qu’elles seront « implacables face au non-respect du décret ».

Les travailleurs ont également été exhortés à participer à cette campagne « par le biais de dénonciations et de dialogues avec les employeurs, mais surtout pour se convaincre que, s’ils ont le droit de recevoir une rémunération équitable, ils ont aussi le devoir de contribuer à la productivité de l’entreprise », a conclu le secrétaire d’État angolais.

L’inspecteur général adjoint de l’IGT, Leandro Cardoso, a indiqué à cette occasion que les infractions enregistrées au cours des dix derniers mois concernaient principalement les secteurs du commerce, de l’industrie, de la prestation de services et de l’industrie manufacturière.

« Notre campagne est ciblée, exclusivement sur la question du salaire, et peut-être que ce sera la voie pour répondre à d’autres situations qui se présentent dans la société (…) les activités normales de l’IGT ne s’arrêteront pas en raison de la campagne », a-t-il répondu à Lusa.

Interrogé sur l’inaction présumée de l’IGT en matière de surveillance et de résolution des conflits du travail, Leandro Cardoso a nié, reconnaissant cependant que les près de 500 inspecteurs de l’institution répartis dans les 21 provinces du pays sont insuffisants face au nombre d’entreprises en Angola.

« Nous avons un peu moins de 500 inspecteurs, nous faisons tout, mais si la disponibilité des ressources humaines ne suit pas le nombre d’entreprises, il devient très difficile de répondre, mais le nombre d’inspecteurs est réduit et il ne s’agit pas d’inertie », a-t-il justifié.

La loi fixe à 100 000 kwanzas le salaire minimum national en Angola et à 50 000 kwanzas pour les micro-entreprises et startups. Les entreprises qui ne sont pas en mesure de payer le salaire minimum doivent demander l’autorisation au ministère pour payer moins que ce qui est établi par la loi.